Agitu Ideo Gudeta, une réfugiée éthiopienne de 43 ans arrivée en Italie en 2010, a été retrouvée morte chez elle mardi, dans sa maison à Frassilongo, dans le nord de l’Italie. Activiste, environnementaliste, elle était devenue le symbole de l’intégration en Italie. Son corps présentait des traces de violences. Une enquête pour meurtre a été ouverte.
Il y a dix ans, Agitu Gudeta avait fui Addis-Abeba, la capitale de l’Éthiopie, parce qu’elle était menacée en raison de son activisme. Là-bas, elle s’était engagée contre l’accaparement des terres par certaines multinationales, ce qui lui avait valu des menaces de mort, explique le journal La Repubblica. Elle risquait également des poursuites judiciaires par les autorités locales. En 2010, elle a donc décidé de quitter son pays pour l’Italie, où elle débarqué à Trente, dans les Alpes.
“Quand je suis arrivée à Trente, j’avais 200 euros en poche, c’est tout”, déclarait-elle à un journal local en 2017. “J’ai trouvé un emploi dans un bar pour subvenir à mes besoins, mais en attendant, j’ai commencé à penser à l’élevage de chèvres”.
Élevage de chèvres et production de fromage
Dans son pays natal, Gudeta avait travaillé avec des bergers nomades sur plusieurs projets agricoles, où elle a appris à élever des chèvres. “Je pensais qu’il ne serait pas difficile de faire du bon lait avec tous ces pâturages”, lançait-elle à son arrivée en Europe, pleine d’espoir à l’idée de commencer une nouvelle vie. En peu de temps, Gudeta est devenue une habitante bien connue et appréciée de la ville.
C’est alors qu’elle s’est lancée dans l’élevage de chèvres et la production de fromage bio dans la région du Trentin-Haut-Adige, dans le nord-est de l’Italie. Un journal local l’a présentée comme “la bergère la plus célèbre du Trentin” et comme “la reine des chèvres heureuses”. Un surnom qu’elle avait acquis en protégeant une espèce rare, la chèvre Mochena, qui survit dans cette vallée isolée malgré les attaques d’ours. Peu de temps après, elle a ouvert une boutique spécialisée dans les produits laitiers qui a rapidement dominé le marché régional.
Menaces racistes
Le corps sans vie de la bergère éthiopienne a été retrouvée mardi après-midi à son domicile. Elle a été violemment frappée à la tête. Selon les policiers, prévenues par les voisins, il s’agit d’un meurtre. Il semble que sa passion pour les chèvres et sa réussite n’étaient pas été appréciés de tous. Selon certains médias italiens, Gudeta avait fait l’objet des menaces racistes les derniers mois de la part de voisins. “Dégage, sale nègre, ce n’est pas ta place ici”, l’avait-on agressé verbalement.
Avant cet incident, elle avait également été intimidée puis agressée physiquement. Un homme l’avait attaquée par derrière alors qu’elle nettoyait une machine à traire. “Je vais te tuer, tu es une sale nègre”, lui avait lancé l’individu, qui a été condamné à neuf mois de prison pour ces faits en janvier.
Toutefois, rien ne permet de dire pour l’instant que cette personne a un lien avec le meurtre de la réfugiée. Le motif raciste du meurtre n’est pas établi non plus. Les enquêteurs italiens auditionneront des témoins les prochains jours pour tenter de reconstituer les dernières heures avant sa mort. Selon certains médias, un marteau a été trouvé près du corps. La police enquête pour savoir s’il s’agit de l’arme du crime.
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