La fille de la milliardaire monégasque Hélène Pastor, assassinée en 2014, et compagnon du commanditaire présumé du meurtre a dit vendredi devant la cour d’assises d’Aix-en-Provence n’avoir jamais soupçonné les écarts de l’homme qui partageait sa vie. “J’ai perdu ma mère, j’ai perdu un mari que j’adorais”, a résumé à la barre Sylvia Ratkowski, qui a dressé pendant plus de deux heures le portrait d’une “mère protectrice” bien loin de l’image de “méchanceté et de tyrannie” décrite durant l’enquête par le gendre d’Hélène Pastor.
Et de décrire une femme d’affaires de caractère, une mère à la tête d’un empire qu’elle a administré avec ses enfants. “Dans le Sud, les femmes doivent faire leur preuve et ma mère a dû se forger une carapace”, dit sa fille. Dans le box des accusés, Wojciech Janowski, 69 ans, ex-consul honoraire de Pologne à Monaco et compagnon de Sylvia Ratkowski, ne quitte pas du regard la fille de l’héritière.
Durant 28 ans, il a partagé son quotidien sans nuage apparent. “C’était un papa très attentif, et un homme très intelligent”, souligne sa compagne qui reconnaît ne pas bien connaître les multiples sociétés qu’il a créées, le plus souvent avec l’argent qu’elle lui a versé. “C’est Wojciech qui s’occupait de tout”, dit-elle.
Selon les enquêteurs, 7,5 millions d’euros sur les neuf versés par Hélène Pastor à sa fille au cours des derniers mois avant sa mort se sont retrouvés sur le compte de son gendre. Des chèques de 150.000 à 200.000 euros ont été remis chaque mois à son compagnon par Sylvia Ratkowski pour pourvoir aux frais d’étude de sa fille Olivia, à des voyages et à l’entretien d’un bateau.
La fille d’Hélène Pastor dit n’avoir jamais rien soupçonné des écarts de son compagnon, jusqu’à cette confrontation en garde à vue où il a reconnu avoir commandité le double meurtre. “C’était comme un tournis dans ma tête. Il a dit qu’il était le commanditaire. J’ai eu une rage terrible”, a-t-elle dit. Face aux assassins présumés de sa mère, elle évoque un “monde qui s’écroule” et une indispensable quête de vérité.
“Je ne lui pardonnerai jamais car il m’a menti. Si, en plus, il est le commanditaire ...”, a-t-elle conclut dans un sanglot. Wojciech Janowski, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, s’est rétracté durant l’instruction, réaffirmant son innocence à l’ouverture des débats. L’ex-consul honoraire a nié toute implication dans le meurtre d’Hélène Pastor et de son chauffeur pris pour cible à la sortie de l’hôpital de Nice (Alpes-Maritimes), le 6 mai 2014, par un tueur armé d’un fusil à canon scié. Les débats sont prévus jusqu’au 19 octobre.
Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse
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