La production du pétrole mauritanien a débuté vendredi sur le champ off-shore de Chinguetti, situé au large de Nouakchott, faisant de ce pays un nouveau membre du club des pays producteurs en attendant l’exportation du brut mauritanien prévue pour mi-mars.
"La production du pétrole mauritanien a effectivement débuté vendredi sur le champ offshore de Chinguetti", situé à 80 km au sud-ouest de la capitale mauritanienne, a annoncé dans un communiqué la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH).
La production sur ce champ pétrolier - le premier découvert en Mauritanie -, devrait progressivement atteindre la capacité de 75.000 barils quotidiens, en attendant le début des exportations officiellement prévu pour les environs du 20 mars, annonce la SMH.
L’exploitation de trois autres champs offshore devrait suivre dans les années à venir, dont le plus important d’entre eux, "Tiof", sera opérationnel en 2007, selon des sources officielles. De nombreuses explorations sont en cours, autant en offshore qu’en inshore, ont-elles ajouté.
"Cette mise en production vient couronner une politique active d’exploitation menée depuis des années par la Mauritanie qui a su offrir un environnement attractif et des conditions très favorables aux compagnies pétrolières", poursuit le communiqué.
Selon des statistiques officielles, le gouvernement s’attend en 2006 à une production globale de 18,4 millions de barils dont 35% (estimés à près de 200 millions de dollars) reviennent à l’Etat, et le reste au consortium d’exploitation dirigé par la compagnie australienne Woodside.
Cette nouvelle fait de la Mauritanie un nouveau membre africain du club des pays producteurs de pétrole, aux côtés du Nigeria, du Tchad, du Gabon, de la Guinée-équatoriale, de la Libye et de l’Angola.
Le démarrage de la production s’est fait sans grand tapage, ni publicité contrairement aux traditions dans le pays, sans doute en raison du différend qui oppose le gouvernement à Woodside concernant quatre "avenants d’extension" des contrats de partage liant les deux parties.
Alors que Woodside affirme la validité de ces avenants "signés et adoptés par le gouvernement et le parlement précédents" (sous l’ancien président Maaouiya Ould Taya, renversé en août 2005), le gouvernement y voit "un crime économique qui spolie le pays de tous ses droits".
Selon Nouakchott, les avenants incriminés prévoient notamment "la diminution de la part de l’Etat dans les revenus de l’exploitation pétrolière".
Dans l’attente d’un arbitrage judiciaire qui aura lieu dans moins de trois mois, rien ne permet pour le moment de prédire une solution à l’amiable, le récent passage à Nouakchott du directeur général de Woodside n’ayant donné lieu à aucun contact entre les deux parties, a-t-on appris de sources proches du dossier.
L’ancien ministre du Pétrole, Zeidane Ould Hmeida, signataire avec Woodside des dits avenants, a quant à lui été arrêté et inculpé mi-janvier de "crimes économiques". Une vingtaine de responsables mauritaniens et de Woodside sont en cours d’audition dans le cadre de cette affaire.
Par ailleurs, le gouvernement s’est doté d’un arsenal juridico-financier supposé assurer une bonne gestion des ressources pétrolières, qui devraient doper la croissance du pays.
Mercredi, le Premier ministre mauritanien Sidi Mohamed Ould Boubacar a ainsi annoncé que son gouvernement allait mettre en place un comité de surveillance garantissant la transparence dans l’utilisation des recettes des industries d’extraction, dont celle du pétrole.
Le gouvernement a également annoncé la semaine dernière la création d’un fonds national de recettes d’hydrocarbures (SNRH), qui sera chargé de gérer l’ensemble des recettes pétrolières du pays.
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