L'opposition a fait monter la pression mardi sur les autorités de Guinée en appelant la population à mener à partir de mercredi, date du début d'une grève générale illimitée, "des actions de désobéissance civile (...) jusqu'au rétablissement total de l'ordre républicain".
Cette grève générale, la troisième depuis le début de l'année, apparaît à haut risque dans ce pays d'Afrique de l'ouest en proie à une profonde crise économique et politique ainsi qu'à des tensions ethniques. Entre 11 et 18 personnes avaient été tuées lors de la dernière grève générale, en juin 2006.
Syndicats et opposition veulent mobiliser la population pour dénoncer l'"ingérence" du chef de l'Etat, le général Lansana Conté, dans le domaine judiciaire.
"Les partis politiques de l'opposition lancent un appel à tous les citoyens pour entreprendre des actions de désobéissance civile et à se joindre immédiatement à toute action allant dans ce sens jusqu'au rétablissement total de l'ordre républicain", selon un communiqué transmis à l'AFP.
Cet appel doit prendre effet "à partir du début de la grève générale", a précisé le président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), un des principaux partis d'opposition, Mamadou Bah.
L'opposition critique particulièrement le Parti de l'unité et du progrès (PUP, au pouvoir) "qui fait semblant d'ignorer le dysfonctionnement systématique des institutions de la République dans les affaires relevant du législatif et du judiciaire".
"L'absence de réaction des présidents de l'Assemblée nationale et de la Cour suprême dénote de la déliquescence des institutions de la République", affirme les partis d'opposition.
Pour le parti au pouvoir, cette grève a un "caractère exclusivement politique n'ayant aucun lien avec des revendications salariales".
Le secrétaire général du PUP Sékou Konaté a en conséquence demandé à ses responsables et militants de sensibiliser la population et d'expliquer la nature de ce mouvement de grève.
Les deux principaux syndicats, la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l'Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG) protestent contre l'"ingérence du chef de l'Etat guinéen, le général Lansana Conté, dans le judiciaire, par la libération illégale de citoyens en conflit avec la loi".
L'ancien président du patronat guinéen Mamadou Sylla et un ex-ministre de la Jeunesse Fodé Soumah, inculpés de "détournement de deniers publics" et incarcérés en décembre à Conakry avaient été libérés le 16 décembre sur ordre du président Lansana Conté.
M. Conté s'était "personnellement rendu à la prison", demandant qu'on libère les deux hommes, qui sont restés écroués 10 jours, selon une source à la présidence.
Mais les syndicats font du retour de M. Sylla en prison une de leurs principales revendications.
Le porte-parole du gouvernement et ministre d'état aux Affaires intérieurs, Moussa Solano, a fustigé cette revendication, qui selon lui "sort du cadre syndical".
Le gouvernement est "surpris et étonné par rapport au contenu de l'avis de grève qui à l'analyse ne comporte aucune revendication salariale", a-t-il souligné.
De son côté, le Conseil national des organisations de la société civile souligne que "depuis quelques années, la Guinée connaît une dramatique déliquescence marquée par des actes incohérents et anti-démocratiques posés par l'exécutif en manque de repères et méprisant notre peuple".
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