Casqué et botté, Raju Nishad s'affaire sur l'échafaudage d'un bâtiment à Beer Yaakov, dans le centre d'Israël. A l'instar d'autres Indiens, il a été embauché pour pallier le manque de main-d'oeuvre dans le secteur de la construction faute de travailleurs palestiniens, privés de permis de travail.
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, des dizaines de milliers d'ouvriers du bâtiment palestiniens ont été interdits d'entrée sur le territoire par le gouvernement israélien.
Des ouvriers parlant majoritairement hindi ont remplacé ceux qui s'exprimaient en arabe sur le chantier de Beer Yaakov, situé dans un nouveau quartier de la ville, où des tours s'élèvent lentement parmi des cottages et des routes en construction.
On y entend aussi des conversations en hébreu ou en mandarin, parfois interrompues par des sirènes d'alerte, écho au contexte tendu.
Cela n'a pas dissuadé Raju Nishad, 35 ans, de venir en Israël. "Il n'y a pas de raison d'avoir peur ici", affirme-t-il à l'AFP, tout en racontant les fois où il a dû se réfugier dans des abris pendant les raids aériens. "Une fois que la sirène s'arrête, nous reprenons simplement notre travail".
- "Economiser pour l'avenir" -
Les salaires élevés, certains atteignant jusqu'à trois fois ceux dans leur pays d'origine, sont le principal moteur qui pousse des travailleurs comme lui à s'installer en Israël, à des milliers de kilomètres de l'Inde.
"J'économise pour l'avenir. Je prévois de faire des investissements judicieux et de réaliser quelque chose de significatif pour ma famille", confie le trentenaire.
Il fait partie des quelque 16.000 ouvriers venus d'Inde au cours de l'année écoulée, et Israël prévoit d'en accueillir des milliers d'autres.
L'Inde est la cinquième économie mondiale et l'une de celles connaissant la croissance la plus rapide, mais elle peine à créer suffisamment d'emplois à temps plein pour des millions de personnes.
Beaucoup d'Indiens travaillent donc depuis des décennies en Israël, comme aides-soignants, négociants en diamants ou professionnels des technologies de l'information.
Depuis le début de la guerre à Gaza, les recruteurs ont lancé une nouvelle campagne pour attirer des Indiens dans le secteur de la construction en Israël.
Approché un mois après l'attaque du 7-Octobre par les autorités israéliennes, Samir Khosla, président de Dynamic Staffing Services, une société basée à Delhi, a jusqu'à présent fait venir plus de 3.500 travailleurs.
"Nous ne connaissions pas bien le marché et il n'y avait pas de main-d'oeuvre indienne en place ici", explique à l'AFP le chef d'entreprise, qui espère maintenant faire venir jusqu'à 10.000 travailleurs indiens en Israël.
- Pénurie?-
Dans les environs de Tel-Aviv, un groupe d'Indiens vit dans un petit appartement. "En peu de temps, on peut gagner plus d'argent" en Israël qu'en Inde, assure Suresh Kumar Verma, 39 ans.
"Il est important de continuer à travailler dur pour assurer l'avenir de la famille", poursuit l'ouvrier, qui travaille dans la construction au nord de la grande ville côtière.
Des chercheurs israéliens estiment que le nombre d'Indiens employés aujourd'hui dans le secteur de la construction ne correspond toujours pas à celui des Palestiniens avant la guerre, ce qui entrave la croissance globale du secteur.
Environ 80.000 Palestiniens travaillaient alors dans ce secteur, ainsi que 26.000 étrangers, indique Eyal Argov, chercheur à la banque centrale d'Israël.
Aujourd'hui, il compte environ 30.000 employés étrangers, et l'activité pour le dernier trimestre 2024 est environ 25% inférieure aux niveaux d'avant-guerre, précise-t-il.
Cela pourrait "entraîner des retards dans l'offre de nouveaux logements", note le chercheur. "Israël a une population croissante qui augmente de 2% par an, et ce retard pourrait entraîner une pénurie à l'avenir".
4 Commentaires
Kaafiroubèh Rèèdabèh
il y a 3 jours (17:36 PM)Reply_author
il y a 3 jours (17:46 PM)Reply_author
il y a 3 jours (18:45 PM)Anonyme
il y a 3 jours (23:03 PM)Reply_author
il y a 3 jours (00:10 AM)Participer à la Discussion