Les États-Unis ont annoncé ce mardi 2 mars des sanctions à l'encontre de sept hauts responsables russes, en réponse à l'empoisonnement de l'opposant Alexeï Navalny, pour lequel les services de renseignement américains considèrent Moscou comme responsable. Parmi les personnalitées sanctionnées figure le patron des services russes de sécurité.
Pour les services de renseignement américains, pas de doute : des responsables des services de sécurité russes ont utilisé l'agent toxique Novitchok pour empoisonner Alexeï Navalny, dont Washington demande aujourd'hui la libération immédiate. L'administration Biden, en coordination avec l'Union européenne, a donc décidé d'imposer des sanctions à sept personnalités de l'entourage de Vladimir Poutine. Leurs actifs financiers ainsi que d'autres de leurs biens aux États-Unis seront gelés.
Washington annonce également de nouvelles restrictions à l'exportation de produits qui pourraient être utilisés pour fabriquer des armes chimiques.
Ces sanctions, les premières contre la Russie annoncées par Joe Biden, n'auront sans doute aucun effet sur le sort de l'opposant russe. Elles confirment en revanche que le nouveau locataire de la Maison Blanche a adopté à l'égard de Moscou un ton beaucoup plus ferme que son prédécesseur Donald Trump.
Quelle a été la réaction des autorités russes ?
Le Kremlin avait anticipé sur ces annonces en affirmant que cette politique de sanctions « n’atteignaient pas ses objectifs » et en promettant comme toujours dans ces cas-là que ces nouvelles sanctions seraient suivies de mesures de réciprocité à l’encontre des Etats-Unis, mais aussi de l’Union européenne. Même son de cloche du côté du ministère des Affaires étrangères : Sergueï Lavrov, interrogé lui aussi avant l’annonce officielle de ces sanctions, a répondu ce matin que Moscou répondrait « obligatoirement » à ces nouvelles mesures occidentales, rapporte notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot.
La Russie qui ne change pas de position dans ce dossier : elle considère que les pays occidentaux prennent prétexte de l’affaire Navalny pour s’en prendre aux intérêts russes, et elle dénonce l’absence de preuve de l’empoisonnement de l’opposant, affirmant que malgré ses demandes répétées les pays européens n’avaient toujours pas fourni ces éléments de preuve.
Le patron des services de sécurité russes parmi les personnalités sanctionnées
Parmi les sept personnalités sanctionnées, il y a le patron des services de sécurité russes, Alexander Bortnikov, patron des puissants services de sécurité russes (FSB). « L'utilisation d'armes chimiques par le Kremlin pour faire taire un opposant politique et intimider les autres démontre son mépris flagrant pour les normes internationales », a indiqué la secrétaire au Trésor, Janet Yellen.
On connaît également la liste des personnalités européennes sanctionnées. L’information a été rendue officielle ce mardi, il s’agit de quatre personnalités qui ont été, selon Bruxelles, de par leurs fonctions, directement impliquées soit dans l’incarcération d’Alexeï Navalny ou dans la répression des manifestations anti-Poutine... Il s’agit d’Alexander Bastrykine, le responsable du Comité d’enquête russe, d’Igor Krasnov, le procureur général de Russie ; d’Alexander Kalachnikov, directeur du service pénitentiaire russe et enfin de Viktor Zolotov, le chef de la Garde nationale russe…. Une liste de 4 noms seulement – des personnalités toutes liées aux « soliviki » les services de sécurité russes… les proches d’Alexeï Navalny avaient d’ailleurs regretté que Bruxelles renonce à s’en prendre aux oligarques proches de Vladimir Poutine et se contentent de sanctions strictement liées à ces services de sécurité.
Alexeï Navalny est arrivé dimanche dans une colonie pénitentiaire à 200 kilomètres à l'est de Moscou pour y purger une peine de deux ans et demi de prison, que lui et ses soutiens dénoncent comme politique. La justice russe a transformé en janvier dernier en prison ferme une peine avec sursis à laquelle il avait été condamné en 2014.
L'opposant russe de 44 ans est visé par de multiples procédures judiciaires depuis son retour en Russie en janvier de cinq mois de convalescence en Allemagne à la suite de son empoisonnement.
Son arrestation le 17 janvier a provoqué en Russie d'importantes manifestations, auxquelles les autorités ont répondu par plus de 11 000 arrestations, suivies généralement d'amendes et de courtes peines de prison.
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