Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve rejette toute idée de démission en réponse aux vives critiques de la droite et de l'extrême droite après l'attaque de Nice le 14 juillet, jugeant "qu'on ne déserte pas le combat contre le terrorisme". Dans une interview publiée mercredi par Le Monde, il dénonce ceux qui, comme la présidente du Front national Marine Le Pen, mais aussi une partie de la droite, proposent selon lui des "lois d’exception" pour "s’affranchir de l’Etat de droit".
"En attisant les antagonismes par les discours, le FN prête la main à l'objectif des terroristes : créer des fractures insurmontables. Il est une force de dislocation de la République et de la nation", dit-il. Après avoir hué le Premier ministre Manuel Valls lors de l'hommage aux 84 victimes de l'homme qui a foncé le soir du 14 juillet sur la foule massée promenade des Anglais, des Niçois ont annoncé leur intention de porter plainte contre l'Etat et, si besoin, la mairie de Nice.
Selon l'un d'eux, qui a perdu sa fille de deux ans, l'Etat n'a pas pris les mesures de sécurité adaptées à l'événement. Il affirme avoir parcouru 200 mètres ce soir-là "sans voir un seul policier" alors que l'état d'urgence était toujours en vigueur. Selon le Canard enchaîné, paru mercredi, la préfecture envisageait de créer une sorte de "fan zone" à la demande du maire adjoint Les Républicains Christian Estrosi, avant d'y renoncer faute d'effectifs suffisants.
Selon France Bleu, les poids lourds n'ont pas le droit de circuler sur le promenade des Anglais, a fortiori le 14 juillet. Or, selon le procureur de Paris, François Molins, l'auteur de l'attaque est venu plusieurs fois repérer le bord de mer au volant de son camion les 12 et 13 juillet sans attirer l'attention.
"POLICIERS EXEMPLAIRES"
Pour Bernard Cazeneuve, "le préfet, le directeur départemental de la sécurité publique, les policiers ont été exemplaires". "Les responsables politiques doivent s’ériger au-delà de leurs propres intérêts et se garder de toute tentation populiste : c’est la protection de la Nation dont il est question", dit-il. Prié de dire s'il faut renoncer à certains événements ou rehausser les dispositifs de sécurité, le ministre de l'Intérieur invite à une "étroite coopération" entre l’Etat, les organisateurs et les collectivités locales "pour prendre toutes les précautions".
Le président LR Nicolas Sarkozy et le maire de Bordeaux Alain Juppé, notamment, ont reproché au gouvernement de ne pas avoir pris tous les moyens pour empêcher une attaque terroriste. "Soutenir que nous ne mettrions pas tout en œuvre en raison d’une supposée désinvolture est aussi irresponsable qu’inacceptable", rétorque Bernard Cazeneuve. Il se dit néanmoins prêt à "aller plus loin", comme l'y invite la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015 mais redit son refus de procéder à une refonte des services de renseignement.
"Je suis, dans ma responsabilité, vigilant, et ne souhaite pas mettre les services de renseignement dans une situation de big bang permanent, au risque de les déstabiliser", dit-il. Le ministre de l'Intérieur redit que l'état d'urgence qui a été prolongé dans la nuit de mardi à mercredi pour six mois "ne peut pas être un état permanent". "L’attentat de Nice montre qu’il peut y avoir des répliques et appelle un niveau de vigilance renforcé. C’est le caractère imminent du péril qui justifie la prolongation". (Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)
0 Commentaires
Participer à la Discussion