Accusé d’avoir favorisé la nomination d’une amie proche au département d’Etat et de lui avoir versé des primes hors normes, Paul Wolfowitz doit affronter les critiques. Alors même qu’il s’apprête à lancer un plan anti-corruption pour les pays recevant l’aide de la Banque mondiale.
Le président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, est en pleine tempête, éclaboussé par une affaire de népotisme. D’après le Washington Post, il aurait favorisé la nomination de Shaha Riza, responsable de la communication de la Banque mondiale, au département d’Etat, six mois après son arrivée à la présidence de la Banque mondiale. La jeune femme, avec qui il entretient une relation affective, aurait continué à percevoir son salaire de la Banque mondiale. Selon la presse américaine, elle aurait même reçu des augmentations de 61 000 dollars, soit un salaire annuel de 193 590 dollars, plus que la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice.
Ce scandale arrive au plus mauvais moment pour Paul Wolfowitz qui vient de lancer sa croisade anti-corruption, après avoir obtenu avec difficulté l’accord des administrateurs de la Banque mondiale. Celle-ci vise à lier les aides et dons de la Banque mondiale à une bonne gestion des affaires publiques de la part des gouvernements qui les reçoivent. Plusieurs pays, dont l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, avaient exprimé leurs réticences face à la première mouture du projet, jugée trop interventionniste, mais en ont accepté une version adoucie il y a quinze jours.
Alors que les actionnaires de la Banque mondiale et du Fmi doivent se réunir la semaine prochaine, l’ancien secrétaire-adjoint à la Défense de l’administration Bush s’est défendu lundi de toute malversation. «Ces dernières semaines, des informations concernant la nomination d’un membre de la Banque mondiale ont soulevé des préoccupations parmi certains d’entre vous, sur le respect des règles en vigueur à la banque concernant les droits, les obligations et le traitement équitable de tous les employés», a reconnu Paul Wolfowitz dans un document adressé aux employés de la Banque mondiale. «Je veux assurer à tous les employés que j’ai toujours agi pour respecter ces règles du mieux que je le peux et que je continuerai de le faire», a-t-il poursuivi, selon ce texte qui a été rendu public par la banque.
Dans sa déclaration aux employés, Paul Wolfowitz n’a pas nié avoir une relation affective avec Shaha Riza, précisant que «le cas de l’employé concerné m’a poussé à demander conseil au conseil d’administration de la Banque dès mon arrivée» à la tête de l’institution multilatérale. Il a indiqué que celui-ci lui avait alors conseillé d’aboutir à un accord «respectant les intérêts de l’institution et ceux de cette employée face à une situation exceptionnelle et sans précédent». Cet accord prévoyait notamment que l’employée en question soit affectée à un poste extérieur à la banque de manière non-volontaire et pour une durée correspondant à la durée du mandat exercé par Paul Wolfowitz.
Cependant, un organisme traquant la corruption dans l’administration américaine, le Government accountability project (Gap), a affirmé que ni le Conseil d’administration, ni le comité chargé au sein de la banque de veiller aux règles d’éthique n’avaient donné leur accord aux augmentations.
Selon le porte-parole du département d’Etat, Sean McCormack, Shaha Riza a quitté le ministère en septembre 2006, pour rejoindre la Fondation pour l’avenir, organisation non-gouvernementale privée.
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