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Avec le G5 Sahel, Macron veut gagner la bataille de l'opinion africaine

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Avec le G5 Sahel, Macron veut gagner la bataille de l'opinion africaine
Emmanuel Macron souhaite que les objectifs sécuritaires au Sahel soient pleinement partagés et assumés par les pays partenaires.

INTERNATIONAL - C'est un G5 Sahel hanté par la mort qui se tient ce lundi 13 janvier à Pau. Décidé -voire convoqué selon certaines sources africaines- après l'attaque qui a coûté la vie à 13 soldats français à la fin du mois de novembre au Mali, celui-ci avait été reporté après le terrible assaut d'Inates au Niger mardi 10 décembre. Un raid jihadiste qui a fait 71 victimes dans les rangs de l'armée nigérienne, auxquelles Emmanuel Macron a rendu hommage en marge de son déplacement en Côte d'Ivoire juste avant Noël.

Cette tragédie a considérablement rebattu les cartes, y compris dans le ton employé par les différentes parties. Après la disparition en opération des 13 soldats français, Emmanuel Macron avait demandé la réunion de ce format et invité les pays africains impliqués à "clarifier" leur position vis-à-vis de l'intervention française au Sahel. Une façon diplomatique de taper du poing sur la table, de mettre les dirigeants du Mali, du Niger, du Burkina Faso, de Mauritanie eu Tchad devant leurs responsabilités.

Le tout amplifié par la menace de retirer les troupes françaises. "Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français au Sahel alors que l'ambiguïté perdure à l'égard des mouvements antifrançais", avait-il averti.

"Frères d'armes"

Alors que cette position ferme a agacé en Afrique, Paris justifie ce vocabulaire en rappelant la nécessité de répondre "au décrochage de l'opinion publique" qui s'observe dans certains pays du Sahel. Un ressentiment auquel la France a d'abord répondu par l'apaisement. En s'inclinant devant les tombes des "frères d'armes" morts dans l'attaque d'Inates, le chef de l'État a voulu prouver qu'il n'était pas dans une position néocoloniale, comme certains l'affirment sur place. En parallèle, Paris a fait la démonstration sur place de son volontarisme militaire, en déployant pour la première fois des drones armés.

Pour faire cesser la musique néocoloniale qui se diffuse dans la région, Emmanuel Macron peut compter sur la majorité du président du Niger Mahamadou Issoufou. Dans un (long) communiqué daté du 17 décembre, les partis de la coalition au pouvoir dézinguent une la campagne anti-française "hystérique et hallucinante" à l'oeuvre au Sahel, laquelle se "se base sur une théorie du complot ridicule voulant que c'est la France qui arme les terroristes pour qu'ils tuent ses soldats et détruisent ses hélicoptères". Et d'insister: "la théorie de l'impérialisme réchauffée pour la circonstance n'a de pertinence que pour les esprits non avertis".

Récit commun

Du côté l'Élysée, on explique que cette bataille de l'opinion est bien "le premier objectif" du sommet de Pau, d'où il est question de ressortir "avec une expression commune qui rappelle pourquoi la France est là, en appui aux pays du Sahel", condition sine qua non de "l'inversion du rapport de force sur zone".

Pour Paris, la nécessité de s'entendre sur le récit de l'opération Barkhane répond également à un besoin purement français. Pour la première fois depuis l'engagement français en 2013, des membres de l'opposition interrogent l'utilité de cette intervention coûteuse sur le plan humain et dont les résultats sont difficilement mesurables.

"Notre présence est cadrée à l'origine par une demande malienne en 2013. Elle a ensuite été organisée par des accords bilatéraux signés avec l'ensemble des États de la région. Ces accords sont publics et transparents. Mais on n'a peut-être pas assez rappelé, côté français comme côté malien, ces évidences-là", regrette une source élyséenne, qui estime que la redéfinition des objectifs permettra "d'accélérer le tempo" sur place et d'obtenir des résultats.

Ce n'est qu'une fois ce récit commun partagé et assumé que le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Tchad et la France pourront s'entendre sur le reste. Car la volonté de soigner la forme est aussi exprimée côté africain. "Nous sommes dans une situation où la sécurité du monde entier est menacée. Dès lors, il est bon, il serait souhaitable en tout cas, que cela soit envisagé comme tel et avec beaucoup de considération et de respect de part et d'autre", a déclaré le président du mali Boubacar Keïta, réclamant "un partenariat respectable et respectueux de bon aloi qui seul serait de mise entre nous". Ce qui est bien l'enjeu du sommet de ce lundi.



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