L’ex-chargé de mission de l’Elysée Alexandre Benalla, accusé d’avoir molesté des manifestants, a minimisé jeudi le rôle qui a été le sien auprès d’Emmanuel Macron et justifié son port d’arme par des menaces le visant personnellement. La commission des Lois du Sénat, constituée en commission d’enquête sur des révélations qui ont déclenché au coeur de l’été la première crise d’ampleur du quinquennat, l’a entendu pendant deux heures et demie lors de sa 23e audition, boycottée par les sénateurs La République en marche. (pour les déclarations d’Alexandre Benalla :)
Cette affaire a été déclenchée par des vidéos montrant Alexandre Benalla casqué et malmenant des manifestants en marge des manifestations du 1er-Mai à Paris. A la suite de ces révélations, celui qui était devenu un homme de confiance du chef de l’Etat a été licencié par la présidence et mis en examen en juillet, notamment pour violences.
Aucune question ne pouvait lui être posée sur son comportement lors de ces événements pour ne pas interférer avec l’enquête judiciaire en cours. Cet homme de 27 ans, qui avait d’abord envisagé de refuser de venir devant la commission, a présenté ses excuses à son président, Philippe Bas (Les Républicains), qu’il avait traité de “petit marquis” dans une interview. “J’ai toujours défendu les institutions (...) J’ai un profond respect pour le Sénat”, a-t-il déclaré en préambule, tout en estimant être l’objet d’un “acharnement médiatique” et politique et “instrumentalisé à des fins politiques”.
D’une voix calme, dans un français toujours clair, Alexandre Benalla, recruté à l’Elysée après avoir participé à l’organisation de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, a regretté “un certain nombre de fake news” à son sujet. “Je n’ai jamais été le garde du corps d’Emmanuel Macron”, a-t-il dit, précisant qu’il était chargé de mission, “le niveau le plus bas de ce qu’on peut trouver au cabinet du président” et gagnait 6.000 euros net par mois.
Il a dit avoir eu pour missions l’organisation des déplacements nationaux et privés du chef de l’Etat, des événements à l’Elysée, la gestion des présents diplomatiques et la coordination des services de sécurité. Cela “ne consistait pas à être le chef des services de sécurité mais à conduire un certain nombre de réunions, de réflexions ; ce n’était pas une fonction opérationnelle mais une fonction administrative”, a-t-il précisé.
“FACILITATEUR”
Alexandre Benalla, qui avait intégré à 18 ans la réserve opérationnelle de la gendarmerie nationale, a justifié son grade de lieutenant-colonel par ses fonctions à l’Elysée. Il a confirmé avoir demandé et obtenu l’autorisation de porter une arme à feu et s’entraîner régulièrement au tir mais expliqué que c’était pour sa protection personnelle. Il a évoqué des menaces sans autres détails, affirmant seulement être “exposé” en raison de ses fonctions à l’Elysée.
Il a dit n’avoir porté son arme que “trois fois” lors de déplacements du chef de l’Etat. “S’il s’était passé quelque chose, mon rôle n’était pas de la sortir”, a-t-il souligné. Il a assuré qu’il n’avait jamais eu d’interférence avec le Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR). “La campagne présidentielle a fait qu’on a travaillé avec des officiers de sécurité, j’en connais un certain nombre avec qui j’ai d’excellents rapports”, a-t-il fait valoir.
“Quand je suis arrivé à la présidence de la République, je suis devenu un facilitateur pour qu’ils fassent leur travail de la meilleure des façons parce qu’ils avaient accès à une information directe.” Il a assuré que le commandant du GSPR, le colonel Lionel Lavergne, ne l’aurait jamais laissé donner des consignes à ses hommes, même s’il pouvait lui arriver de demander “gentiment” à l’un d’eux de se “décaler pour les images”.
Il a aussi minimisé les avantages dont il bénéficiait, comme son badge d’accès à l’Assemblée (“un processus automatique”), son logement de fonction ou la voiture qu’il utilisait. Quant à la délivrance d’un passeport diplomatique, elle est “automatique pour l’ensemble des personnels qui peuvent être amenés à se déplacer avec le président de la République (...) Ça ne confère aucun avantage, vous n’avez aucune immunité.” Il a assuré n’avoir jamais effectué de mission d’observation pour le chef de l’Etat lors de manifestations.
Sa présence le 1er mai, “c’était pour mieux appréhender et mieux comprendre”, a expliqué Alexandre Benalla, qui a également nié avoir fouillé ou contrôlé des journalistes. “Je ne suis pas un voyou”, a protesté l’ex-chargé de mission, qui a dit avoir ressenti comme une humiliation son changement de fonction après le 1er mai - “Je synchronisais les cortèges, ça s’appelle une rétrogradation” - et ne plus avoir d’activité professionnelle depuis son licenciement.
Emmanuel Jarry, avec Sophie Louet, édité par Yves Clarisse
2 Commentaires
Anonyme
En Septembre, 2018 (12:17 PM)Anonyme
En Septembre, 2018 (16:29 PM)Participer à la Discussion