L'Iran réaffirme son droit à posséder la technologie nucléaire malgré les pressions des puissances occidentales qu'il invite à faire preuve de prudence envers lui sous peine de pénibles surprises.
Cet avertissement intervient à quelques heures d'une réunion ministérielle à Moscou des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu et de l'Allemagne, qui compose avec deux de ceux-ci - France et Grande-Bretagne - la "troïka" européenne qui a vainement tenté d'amener l'Iran à renoncer à son programme nucléaire. Les Etats-Unis, qui accusent ouvertement l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique en dépit de ses dénégations, doivent y proposer à leurs partenaires des sanctions sélectives contre Téhéran en prévision de la prochaine réunion de l'Agence internationale de l'énergie atomique.
Le conseil des gouverneurs de l'Aiea doit examiner fin avril un nouveau rapport du secrétaire général de l'agence, Mohamed ElBaradeï, sur la réaction de l'Iran à la sommation du Conseil de sécurité de cesser tout enrichissement d'uranium. ElBaradeï s'est rendu la semaine dernière en Iran et plusieurs de ses collaborateurs y sont attendus vendredi.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a "recommandé" aux grandes puissances réunies à Moscou "de ne pas prendre de décision hâtive, d'être prudentes et de réfléchir à leur attitude dans le passé" car "chaque fois qu'elles ont fait pression sur l'Iran, elles ont abouti à l'inverse de l'effet recherché". "Quel que soit le résultat de cette réunion, l'Iran ne renoncera pas à ses droits", a-t-il prévenu, une semaine après l'annonce par Téhéran de son intrusion dans le club des puissances nucléaires après avoir réussi à produire du combustible pour centrales.
Washington a assuré vouloir encore privilégier une solution diplomatique de la crise mais a dit ne pas exclure une action militaire contre l'Iran, contrairement à ses partenaires du Conseil de sécurité. Les Etats-Unis, qui ont déjà mis en oeuvre leurs propres sanctions contre l'Iran, souhaiteraient que leurs partenaires au sein du Conseil se montrent prêts à durcir leur ligne en prenant des "mesures sélectives" à l'encontre du régime iranien comme des restrictions de visas et des gels d'avoirs.
Mais le porte-parole de la Maison blanche, Sean McCormack, a reconnu que la réunion de Moscou ne permettrait pas d'aboutir à des mesures décisives. La Chine, qui a dépêché un émissaire en Iran la semaine dernière, a appelé à la retenue de part et d'autre. La Russie a quant à elle réitéré son hostilité à toute action punitive.
Le président George Bush, qui discutera jeudi à Washington de ce dossier avec le président chinois Hu Jintao, a réaffirmé mardi la volonté des Etats-Unis de résoudre la crise par la diplomatie, tout en précisant que "toutes les options sont sur la table". La crainte des marchés pétroliers que les Etats-Unis se préparent à une éventuelle action militaire - qualifiée de "pure spéculation" par Bush - a poussé les cours de l'or noir à un plafond historique de plus de 72 dollars le baril.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a assuré mardi que l'Iran "ferait regretter son agression à tout agresseur". "L'armée iranienne est l'une des plus puissantes armées du monde", a-t-il fait valoir.
Bien qu'une bonne partie de son équipement soit quelque peu périmé aux yeux des experts militaires, l'armée iranienne reste en mesure de perturber l'acheminement du pétrole dans le Golfe, comme ses dernières manoeuvres dans cette zone stratégique l'ont montré.
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