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PRODUCTIONS MUSICALES - Défaut d’originalité ou usure : Les ventes en chute libre

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PRODUCTIONS MUSICALES - Défaut d’originalité ou usure : Les ventes en chute libre

Les chanteurs sénégalais devront innover ou disparaître. Le marché des cassettes croule dans une crise sans précédent. Mbalaxman comme rappeurs, aucun n’a pu sortir de l’impasse.

Il a fallu attendre le déploiement du dernier opus de Youssou Ndour (Bercy 2008) pour se rendre compte de la morosité économique dans laquelle s’embourbe la musique sénégalaise, surtout durant cette année 2008. Même le roi du mbalax a dû revoir ses ambitions commerciales à la baisse. L’unique commande qu’il a effectuée au Bureau sénégalais des droits d’auteur (Bsda) fait état de 6 000 cassettes contre 5 000 Cd, 500 Vcd et 300 Dvd. Une première opération qui a surpris plus d’un observateur qui garde en mémoire les 50 000 cassettes dont seul le lead-vocal du Super Etoile avait le privilège, dès son premier tirage. D’ailleurs, sur les lieux, le frère d’un des célèbres producteurs basé au marché Sandaga, Omar Gadiaga en l’occurrence, passe une commande de 100 exemplaires de Baaba Maal. Ce, en prenant le nombre d’hologrammes exigé.
Cette dégringolade de la demande musicale est enclenchée depuis 2002, selon David Diadhiou, chargé des opérations à la Bsda, qui rappelle que la production artistique “made in Sénégal” dépassait 1 million de cassettes l’an.  Pour cette année 2008, à la date du 28 juillet dernier, la barre des 92 000 reste à franchir. Les raisons de cette impasse varient du manque d’originalité à la surexploitation de ce genre musical. Il en résulte alors ce qu’on peut appeler de la mal-bouffe musicale peu digeste que le Dakarois moyen, dominé par le renchérissement du coût de la vie évite en faveur du minimum vital. Aussi, le public préfère-t-il, de nos jours, télécharger les sons disponibles sur Internet  sans aucun risque de poursuite judiciaire. Les professionnels de la musique, au lieu de s’atteler à bonifier leurs produits, bondent l’étroit marché “Galsen”, toutes les semaines, d’albums monotones entraînant les mélomanes à la saturation. Du coup, ils s’enlisent dans la dèche à cause de cette mévente.
Autre aspect pouvant expliquer cette chute des ventes, c’est que les Sénégalais ont, aujourd’hui, délaissé les cassettes pour les Cd, et dans ce domaine précis, ils sont peu nombreux ceux qui se ruent vers les produits originaux. Un Cd vierge à 150 francs, un ordinateur à portée de main, et on peut graver facilement l’original d’un ami, d’un voisin, d’un collègue de travail.
C’est la raison pour laquelle, dans cette crise, personne n’est épargné. Ni Alioune Mbaye Nder, ni Omar Pène encore moins Abdou Guité Seck, parmi les plus cotés chez Mme Diabé Siby, directrice du Bsda, personne ne peut se glorifier d’une distribution enviable de cassettes durant cette année, du moins si l’on se réfère à leurs besoins en hologrammes.
Cependant, la musique religieuse se vend bien maintenant, constate M. Diadhiou, surtout à l’approche des grands évènements religieux. Apparemment, Doudou Kéné Mbaye et Cie  font la pluie et le beau temps. Et la récente percée de la musique acoustique n’a pas été d’un grand apport pour booster les ventes musicales. Même Wasis Diop n’a pu faire pour l’instant, plus de 2 000 exemplaires. Pour qui connaît la stature et tout le talent de Wasis Diop, il y a lieu de se poser certaines questions.

LE RAP AUSSI DANS UNE MAUVAISE PASSE
Du côté du mouvement Hip-Hop, leurs produits sont loin des ventes à grande échelle enregistrées à la fin des années 90, surtout avec le premier album de Jant bi (près de 100 000 exemplaires en 1996) ou des «frères» Xuman et Bibson (plus de 60 000 en 2000). Pour cette année, David Diadhiou se veut formel : «Aucun rappeur n’a officiellement dépassé les 3 000 hologrammes.» L’autoproduction reste encore la seule alternative possible pour sortir de l’«underground». Au moment où les radios se contentent de «mousser» le produit, d’entretenir «le bruit» autour de l’artiste. Pourtant sur le terrain commercial, la gifle est retentissante. 
N’empêche, un pécule attend tout ce beau monde tous les trois mois. Des gens comme Max Crazy, Daddy Bibson, Gaston, Pinal Gang pourront justifier un tour à la bourse du Bsda pour jouir des fruits de leur travail consenti pour leurs albums. Cette tradition trimestrielle que le monde de la musique oublie parfois de sacrifier, d’après l’agent du Bsda. La plupart des artistes ne se sont pas inscrits dans le registre du Bureau sénégalais des droits d’auteurs. Un acte gratuit qu’ils négligent par naïveté. Pour mille cassettes déclarées, le producteur doit 300 000 francs Cfa pour l’acquisition des hologrammes. L’artiste bénéficiera des 65 % des droits payés. Le paiement du troisième trimestre aura lieu en octobre prochain. Un rendez-vous qui ne sera pas très lucratif cette fois-ci du fait du faible écoulement des produits musicaux durant cette année 2008.
Stagiaire



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