En France, 7500 places d'hébergement pour les demandeurs d'asile et 5000 places pour les réfugiés vont être créées d'ici 2019, selon le Premier ministre Edouard Philippe, qui indique qu'un délégué interministériel sera nommé pour l'intégration des réfugiés.
La France va créer d'ici 2019 7 500 places d'hébergement pour les demandeurs d'asile et 5 000 pour les réfugiés. L'annonce a été faite par le Premier ministre ce mercredi 12 juillet.
« Nous ne sommes pas à la hauteur de ce que doit être la France dans la façon dont nous mettons en place des moyens pour accueillir les demandeurs d'asile et ceux qui ayant obtenu l'asile deviennent des réfugiés », a déclaré Edouard Philippe.
Dans le détail, 4 000 places seront créées en 2018 pour les demandeurs d'asile et 3 500 en 2019, et 5 000 places seront installées sur la même période pour aider les réfugiés à accéder au logement. Le chef du gouvernement a aussi confirmé son intention de raccourcir les délais de traitement des demandes d'asile, qu'il souhaite voir passer de 14 à 6 mois.
« Mesure d'éloignement » systématique
Le gouvernement français entend bien distinguer les migrants économiques de ceux qui viennent chercher refuge sur le territoire français, et souhaite se montrer ferme vis-à-vis de ceux qui seront déboutés de leur demande d'asile. Ces migrants feront « systématiquement l'objet d'une mesure d'éloignement » dès le rejet de leur demande, a déclaré Edouard Philippe.
« En 2016, sur 91 000 étrangers interpellés en situation irrégulière sur le territoire, seuls 31 000 se sont vu délivrer une obligation de quitter le territoire français et moins de 25 000 ont effectivement quitté le territoire, ces chiffres ne sont pas satisfaisants », a-t-il détaillé.
Un délégué interministériel, placé sous la houlette du ministre de l'Intérieur, sera également nommé. Selon le chef du gouvernement, toutes ces mesures feront l'objet d'un projet de loi en septembre prochain.
Situation critique
Ce plan d'accueil des migrants doit répondre à l'urgence et à une situation de plus en plus critique.
En effet, le problème qui se pose c'est que les structures d'accueil ne sont pas adaptées à l'afflux des demandeurs d'asile en France. Par exemple, il n'y a qu'un seul centre d'accueil de transit dans tout le pays : celui de la porte de la Chapelle au nord de Paris. Ce site de 400 places accueille et oriente les migrants vers des centres d'hébergement adaptés. Mais depuis le début de l'année, ce centre est complètement saturé.
Conséquence, des campements de fortunes sont dressés çà et là dans les rues de la capitale. Des opérations de démantèlement sont régulièrement organisées par la préfecture de police pour disperser les migrants, ce qui soulève l'indignation des associations d'aide aux migrants, mais aussi des riverains qui demandent au gouvernement de prendre ses responsabilités.
Moins d'attente pour les demandes d'asile
Un autre problème qui explique la saturation des centres d’accueil, c'est le temps de traitement des demandes d'asiles des migrants.
Il faut compter en moyenne treize mois pour l'instruction d'un dossier. Déjà quand les migrants arrivent en France, c'est le parcours du combattant pour se faire enregistrer. C'est le cas des centaines de jeunes gens qui dorment aux alentours du centre de premier accueil de Paris et doivent se débrouiller dans des conditions de vie difficiles pendant plusieurs mois, en espérant obtenir un rendez-vous au guichet unique de demande d'asile.
Pour la Cimade, une association de défense des migrants, une fois qu'un dossier est introduit à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, l'Ofpra, il faut attendre cinq mois pour avoir une réponse. Six autres mois d'attente sont nécessaires, en cas de refus suivi d'un appel devant la CNDA, la Cour nationale du droit d'asile.
Le plan prévoit donc de raccourcir à six mois en moyenne le délai de traitement des demandes d’asile. En France, seuls l’Ofpra et le Cnda sont compétents pour accorder le droit d’asile.
Améliorer les conditions d’accueil
En réduisant le délai d’instruction des demandes d’asile, le gouvernement veut protéger plus rapidement ceux qui ont besoin de ce statut, accordé à un étranger qui est ou qui risque d’être persécuté dans son pays d’origine. Ceux qui sont déboutés devront quitter immédiatement le territoire français. Des moyens supplémentaires seront accordés aux organismes d'accueil et les effectifs des administrations qui étudient les demandes d'asiles seront renforcés.
Le gouvernement compte aussi sur le renvoi des « dublinés », c'est-à-dire les migrants dont le premier pays d'arrivée en Europe n'est pas la France. Selon l'accord de Dublin, un réfugié doit déposer sa demande d'asile dans le pays où il a été contrôlé pour la première fois, et pour la plupart des exilés, c'est souvent l'Italie ou la Grèce.
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