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Pape et Cheikh (compositeur de Goorgi Doli Nu) : 'Ce titre, nous l'avons fait gratuitement'

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Pape et Cheikh (compositeur de Goorgi Doli Nu) : 'Ce titre, nous l'avons fait gratuitement'
Le duo aura marqué la campagne de 2000 avec son fameux tube Yattal guew bi, servi au moment où nombre de Sénégalais aspiraient à un changement de régime politique. Et si pour Pape Fall et Cheikhou Coulibaly, l'idée était d'‘élargir le cercle de l'arène politique mais surtout d'éviter de faire chavirer la pirogue Sénégal’, en 2007 les artistes ont fait vibrer les mélomanes pour manifester un attachement viscéral au candidat de la coalition Sopi. Dans l'entretien qui suit, ils reviennent sur le sens de cet engagement aux côtés du président Wade, la maturité du peuple sénégalais, entre autres.

Wal Fadjri : Comment est né le projet de Goorgi Doli ñi ?

Pape FALL : Le projet est né de manière naturelle. Mais il a commencé à prendre réellement forme le jour où le président de l'Assemblée nationale, Pape Diop, nous a appelés pour nous demander de composer un titre pour soutenir Me Abdoulaye Wade lors des élections. Nous lui avions expliqué que notre soutien au président Wade était permanent, parce que nous avons depuis longtemps reconnu qu'il s'était toujours singularisé par rapport aux autres acteurs de la scène politique.

Cheikhou COULIBALY : Notre choix de soutenir le président Wade remonte à l'an 2000. Parce qu'Abdoulaye Wade est le seul candidat (parmi tous ceux qui avaient participé à la campagne de 2000) qui, au lendemain des élections de février-mars, nous avait adressé une lettre de félicitations parce qu'il avait apprécié le titre Yattal guew bi. Et cet acte de reconnaissance nous avait beaucoup touchés d'autant que certains candidats n'avaient même pas eu l'honnêteté de reconnaître qu'ils s'étaient servis de ce titre pour animer leur campagne électorale. En 2007, au vu des réalisations qu'il a effectuées, nous nous sommes dit qu'on ne change pas une équipe qui gagne.

Wal Fadjri : Vous parliez tantôt d'un soutien permanent...

Pape FALL : En fait, nous avions déjà intégré ce morceau dans notre répertoire, bien avant la demande expresse de Pape Diop. N'empêche, quand le maire de Dakar s'est manifesté, nous lui avons demandé de proposer une idée ou un thème pour mieux rendre conséquent notre apport. Mais je dois préciser qu'en dehors de Pape Diop, nous en avons discuté avec beaucoup d'autres personnes ressources. Nous avons essayé de rassembler le maximum de témoignages sur les réalisations du président Wade, avec notamment le projet de l'autoroute à péage, le plan sésame, la case des tout-petits, l'implication du président Wade dans la recherche de solutions face aux conflits mondiaux.... Tout cela, il fallait le magnifier dans un titre. Et cela, en cinq minutes !

Wal Fadjri : A quand remonte cette rencontre avec Pape Diop?

C'était six mois avant les élections. Mais la mélodie et le rythme du single, nous les avons créés depuis plus de deux ans. Il faut même préciser que le titre d'origine n'était pas Goorgi doli ñu. Au début, la chanson était intitulée Féer nañu ay naxx. C'était notre façon à nous de saluer la maturité du peuple sénégalais. Les gens sont maintenant éveillés. Malgré tous les bruits que l'on fait courir, les Sénégalais savent réellement ce qu'ils veulent. Mais ils ne le manifestent pas toujours. L'autre point que je voulais souligner est que la foule, qui s'agite autour de certains leaders, n'est composée que de gens curieux. Ils se mobilisent juste pour satisfaire leur curiosité (...). Je voudrais par ailleurs souligner qu'en dehors de Pape Diop, nous avons eu à travailler avec Tamsir Bâ de la présidence et le doyen Bira Kane Sène. Ils ont appuyé le produit. Maintenant, nous allons revenir sur le titre Féer nañu ay naxx qui véhicule nombre de slogans tels Yééxx nañu céé jott, Goorgi doli ñu, etc., pour dire aux gens que les résultats de ces élections sont la preuve palpable que Féer nañu ay naxx.

Wal Fadjri : Etiez-vous conscients que vous jouiez l'avenir du groupe en composant le single Goorgi doli ñu ?

Cheikhou COULIBALY : Absolument ! Nous en étions bien conscients. Mais il faut savoir que tout choix a ses aspects positifs et négatifs. Nous sommes tous des Sénégalais. Et chaque Sénégalais a le droit de choisir le leader auquel il s'identifie. Mais nous étions conscients qu'avec la composition de ce titre, il y aurait des fans qui ne seraient pas contents. Mais il fallait assumer ce choix. Et nous n'avons pas hésité. Parce que le président Wade a, au bout de sept ans, abattu un travail colossal. C'est une œuvre qu'il fallait magnifier.

Wal Fadjri : Des fans vous ont-ils manifesté leur déception...

Cheikhou COULIBALY : Bien sûr ! Mais nous nous sommes toujours dit qu'il n'est pas question de se laisser marginalisés. Nous avons notre mot à dire dans la marche du pays.

Pape FALL : La plupart des reproches que nous entendons, c'est par exemple : ‘La chanson est belle, mais le vieux ne la mérite’. Et il y a également des mélomanes qui refusent que l'on joue le titre dans certains milieux. Mais, nous croyons que tout cela va être maintenant dépassé. J'avais même dit à des gens que nous ne jouerons plus, publiquement, ce morceau, car notre souci est de mettre tout le monde à l'aise. Parce que tous mes fans ne roulent pas forcément pour Me Wade. Nous respecterons la volonté des fans. Mais, parfois, nous jouons Goorgi doli ñu dans des clubs et des mélomanes se manifestent pour qu'on le reprenne. Mais parmi eux, il y aura toujours certains qui seront contre. On ne peut pas faire l'unanimité. C'est à l'image des 40 % qui n'ont pas voté pour le président Wade.

Wal Fadjri : Avec le succès de ce single, nombre de mélomanes se disent que le président Wade a sans doute fait preuve de générosité à votre égard ...

Pape FALL : Ceux qui le disent, n'ont rien compris. Il faut que les gens comprennent que c'est notre carrière que nous avions mise en jeu en soutenant le président Abdoulaye Wade. Le succès du candidat de la coalition Sopi, c'est donc avant tout notre victoire à nous. C'est parce que nous croyions en lui et que nous avons surtout foi en lui que nous l'avons soutenu. Nous ne l'avons pas fait pour nous remplir les poches. Jusqu'au moment où je vous parle (Ndlr, l'entretien s'est déroulé le mercredi 28 février), nous n'avons pas reçu de l'argent. Et c'est parce que nous n'avons rien demandé. Ce n'était pas une opération commerciale pour le groupe Pape et Cheikh. Figurez-vous que des gens ont voulu s'en prendre à ma famille. Notamment à mère qui est à Kaolack et à ma sœur qui est installée à Mbour. Elles m'ont appelé, durant la campagne, pour me signifier qu'elles recevaient des menaces. Certaines connaissances nous appellent pour nous demander leur part du ‘gâteau’, alors que le président Wade, nous ne le croisons que lors des meetings. Et à chaque, il nous serre la main et nous renouvelle ses félicitations. Et c'est tout. C'est vous dire que nous n'avons pas négocié de prix. Nous l'avons fait, tout juste, pour le soutenir. Aujourd'hui, notre objectif est atteint.

Wal Fadjri : C'est donc gratuitement que vous avez travaillé sur ce projet ?

Pape FALL : Oui ! C'est seulement par conviction que nous l'avons fait. Nous avons contribué à armer notre candidat qui devait en découdre avec quatorze autres et il les a tous battus. Les messages que nous avons livrés à travers notre single, ont été bien entendus et compris. Il y a des gens qui nous appellent pour nous dire que ‘si nous votons pour Abdoulaye Wade, c'est grâce à votre morceau’. Je crois cet aveu est tout un symbole.

Wal Fadjri : Avez-vous suivi le candidat Abdoulaye Wade durant toute sa campagne ?

Pape FALL : Nous avons fait les étapes de Mbacké, Saint-Louis, Linguère, Dahra, Rufisque, Thiès et Dakar.

Wal Fadjri : La participation à ces tournées n'était pas quand même gratuite ?

Je vous dis que parfois, c'est nous-mêmes qui prenions notre argent pour nous y rendre. Mais parfois, ce sont eux qui nous donnent une voiture et nous mettent dans de très bonnes conditions. Une fois, ils nous ont donné 40 000 F pour le carburant. Et quand nous avions accompagné Macky Sall, il nous avait donné une enveloppe, en guise de remerciement. Ils ont été reconnaissants envers nous.

Wal Fadjri : On peut donc dire que les retombées de Gorgui doli ñu sont attendues du côté du Bsda...

Jusqu'au moment où je vous parle, nous ne l'avons pas encore déposé au niveau du Bsda. Le single n'a pas d'hologramme pour être vendu. Nous l'avons offert. Pour qu'il y ait de retombées, il faut déposer le produit à vendre au Bsda. Nous ne vendons pas. Ce sont les pirates qui vivent de ce single. Notre objectif n'était pas de vendre le produit, mais de l'offrir au président Wade. Maintenant, nous allons nous rapprocher du Bsda pour protéger notre produit.

Wal Fadjri : Quel sens donnez-vous à ce titre ? Est-ce l'expression d'un réel engagement politique ?

Cheikhou COULIBALY : Nous avons travaillé sur cet album avec la double casquette de l'artiste engagé et du sympathisant du Pds. Nous sommes des combattants culturels. Et la politique a son côté culture. Aujourd'hui, on constate que, sur le plan culturel, les choses commencent à bouger avec les politiques. Il y a des changements qui vont s'opérer du fait de tous ces projets de loi à l'étude dont l'objectif est de faire émerger l'industrie culturelle.

Pape FALL : C'est l'expression de notre engagement total. Nous portons le vieux dans nos cœurs. Nous ne sommes pas des enfants. Nous étions là au temps de Senghor, de Diouf et nous vivons avec Wade. Dans ce single, nous voulions mettre davantage l'accent sur la case des tout-petits. Moi, je n'avais pas cette chance. Aujourd'hui, dans le village où j'ai grandi à Fimela et pratiquement dans tous les autres villages du Sénégal, on voit des enfants de 3 à 4 ans fréquenter la case des tout-petits. Et dans quelques années, ces jeunes dépasseront de loin leurs autres frères. Un jeune de 3 ou 4 ans avec un ordinateur, c'est fabuleux ! C'est l'une des raisons de mon soutien à Me Abdoulaye Wade.

Wal Fadjri : En 2000, quand vous avez produit le titre Yattal guew bi, le message était semble-t-il destiné à toute la classe politique...

Pape FALL : Nous pouvons le dire. Mais l'esprit de cette chanson était de marquer la période électorale de 2000. Et les membres du Groupe, qui ont eu une jeunesse très difficile comme du reste la plupart des jeunes sénégalais dans les années 1990-1999, étaient très inquiets, car le Sénégal aspirait à un changement. Nous voulions sensibiliser la population et la classe politique. Le message était simple : élargir le cercle, faire attention à ne pas faire chavirer la pirogue. Cette chanson était donc aussi bien destinée à l’ensemble de la classe politique qu’à la population. Aucune chanson n’a eu autant d’impact positif que ce titre. Par la suite, quand nous avons sorti Il faut travailler..., en 2002, certains mélomanes n'avaient pas forcément apprécié. Mais un président de la République ne peut pas lancer un message à son peuple pour lui conseiller de dormir, toujours dormir, encore dormir. Nous attendions que le président nous incite au travail. Et il nous y a invité. C'est ce que nous souhaitions. En 2007, nous nous sommes rendu compte que les chantiers sont visibles. Ce qui veut dire qu'il travaille, le ‘vieux’.

Cheikhou COULIBALY : Il faut souligner que le slogan Il faut travailler... colle à notre éthique et à notre philosophie. Pape et Cheikh sont parvenus à se frayer un passage dans le milieu du show-biz grâce à un travail acharné.

Wal Fadjri : Pour cette campagne, est-ce qu'en dehors du Pds, d'autres formations politiques vous ont approchés pour travailler avec vous ?

Pape FALL : Je ne citerais pas de noms, mais ils nous ont approchés et nous leur avons clairement dit que notre choix s'était déjà opéré. Nous avions décidé de soutenir le président Wade.

Cheikhou COULIBALY : Des acteurs de la scène politique nous ont sollicités pour qu'on leur fasse une musique. Mais nous nous sommes dit qu'il y a des choix qui sont basés sur des valeurs intrinsèques à chaque individu et non pas sur de l'argent.

Wal Fadjri : Sur quoi travaille présentement le duo ?

Pape Fall : Nous avions fini de confectionner notre album bien avant l'enregistrement du single Googi doli ñu. Nous attendons le moment opportun pour le faire découvrir au public.

Cheikhou COULIBALY : Nous avons profité des vacances du Canadien Mac Follow pour assurer l'arrangement de beaucoup de titres de notre nouveau répertoire. Maintenant, un album c'est tout un processus pour bien concevoir le produit.



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