Orchestra Baobab, ambassadeur de l’âme africaine, a su traverser le temps, se maintenir au sommet avec uneformation quasiment inchangée et un style unique qui associe toujours subtilement ses influences multiples et un son en constant renouvellement. Autour des chanteurs Rudi Gomis et Balla Sidibé, et du guitariste visionnaire Barthélemy Attisso, ce rassemblement de fortes personnalités se soude en 1970, lorsque ses membres s’affirment au fil des soirs dans le house band du plus branché des clubs du Dakar d’alors, le célèbre Baobab. Leurs sources d’inspiration - des rythmes afro-cubains, au Créole Portugais, en passant par la rumba congolaise, le high-life, le calypso, la soul américaine et une kyrielle de folklores traditionnels sénégalais - combinées à un son pop africain joyeux, donnent naissance à un nouveau style qui pose les bases de la nouvelle musique sénégalaise. “Made In Dakar”, enregistré dans les studios Xippi à Dakar, renvoie le Baobab à ses racines tout en captant les réalités d’une ville en pleine expansion.
On retrouve ainsi davantage sur ce nouvel opus, le son du sabar, le tambour au son crépitant devenu la signature du rythme mbalax aujourd’hui dominant dans la musique populaire sénégalaise. De nouvelles compositions joliment ciselées et propose la relecture de plusieurs morceaux majeurs figurant sur les vingt albums que compte leur discographie. La palette stylistique d’Orchestra Baobab semble plus vaste que jamais. “Colette”, titre dédié à l’épouse du guitariste Attisso, mélange un rythme de ska avec un son seventies qui démontre l’influence des instrumentaux de l’organiste Jimmy Smith. Mais le plus éclatant de tous les titres de “Made In Dakar” est certainement l’extraordinaire “Nijaay”, un hymne maussade aux joies et réalités du mariage, écrit par Laye Mboup, le légendaire chanteur du Baobab disparu dans un accident de voiture en 1974. C’est une des plus belles chansons dakaroise, avec Assane Mboup et Youssou N’Dour prêchant avec la ferveur incantatoire des chanteurs de la vieille école, sur un sublime chorus mélancolique et époustouflant de Barthélemy Attisso à la guitare wah-wah.
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