Les inconditionnels de l’afro feeling peuvent s’y retrouver. Cette bataille de l’identité gagnée, « Moom Tamit », dernière cassette du « Super Diamono » sur le marché, laisse une place à un mbalakh sans fioritures en même temps qu’il ouvre la porte à la génération hip-hop.
« Ablaye Ndiaye » a été à cheval entre le tempo dynamique et l’acoustique. Un dialogue réussi entre Doudou Konaré, le soliste et Pape Dembel Diop, le bassiste et arrangeur. « Kar rapit » a été un mbalakh modéré qui laisse de larges plages à l’acoustique, avec Doudou Konaré. « Lamp », sorti il y a trois ans, a été une synthèse de ces deux options même si, entre-temps, il y a eu « Myamba », un album qui célèbre le tout acoustique.
« Moom Tamit », sur le marché depuis une dizaine de jours, est l’album des synthèses dans la trajectoire artistique et humaine du « Super Diamono ». La première jonction réussie relève de la capacité de l’artiste à parler à trois générations : la génération des pères (témoins de la création de l’orchestre), celle des cadets (admiratifs des prouesses des anciens) et, enfin, celle des enfants (apôtres du nouveau cri de ralliement « Baye Pène »).
Le lead-vocal du « Super Diamono » ne s’y trompe pas, en consacrant un des six titres à ses fans. « Beuss » est un hymne à la fidélité (« vous êtes des ’’Baye Fall’’, lance Pène) après les titres ’’Fan’s’’ (1993) et ’’Afsud’’ (1997). Le chanteur décline les termes d’un hommage émouvant aux inconditionnels d’un beat. Pène ne renonce pas aux accents teintés de l’afro feeling qui caractérise son groupe. Dans cette option musicale transgénérationnelle, ’’Moom Tamit’’ fait de la place aux amateurs de hip-hop et d’un mbalakh qui se démarque des refrains et rythmiques kleenex. Autre nouveauté, la musique s’aménage des respirations mélodieuses grâce à la kora de El Hadj Noumoucounda dans le respect des mesures.
Didier Awadi fait chorus avec son aîné Pène pour un appel en faveur de l’unité africaine dans « Meuna Né ». Ils sont les continuateurs du rêve de Kwame Nkrumah et les dénonciateurs du génocide rwandais ou du drame en cours au Darfour. Dans « Enfant soldat », Khadim Guèye est au slam contre le drame des mariages précoces et des jeunes combattants dans des guerres où ils sont les derniers à comprendre l’hypothèque sur leur avenir. Seule chose à déplorer, les paroles parfois creuses de l’artiste invité qui a cherché la rime à tout prix.
L’un des mérites de ce groupe est sa capacité à innover dans le tempo typique du « Diamono » et dans des thématiques déjà explorées comme l’unité africaine, le rapport aux fans, la dilapidation des richesses, la question de la survie, etc.
Pène sait accrocher en restant dans ses convictions fortes, mais en créant un transport d’émotions grâce à sa voix, les mélodies et les chœurs assurées par Dieynaba Koité, Ndèye Bodian et Mamie Kanouté. Il sait être l’auteur d’une complainte assez touchante comme dans « Teuss Teuss » dédiée aux marchands ambulants. Dans une autre mesure, il sait aussi devenir le sage ami qui tambourine ses conseils : « Ne jamais toucher à l’argent d’autrui et avoir des ambitions en fonction de ses propres moyens ». La direction artistique est assurée par Lappa Diagne remplacé aux drums par Bara Samba. La réalisation artistique porte la griffe de Pape Dembel Diop. Une touche qui permet au « Super Diamono » de s’appliquer cette bonne maxime : « ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre ».
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