Entre la couleur noire et celle blanche, c'est tout un monde, une histoire caractérisée par la diversité des segments qui la composent. L'artiste du Fouladou au contact permanent avec sa culture perçoit de façon, peut-être, singulière sa signification. Le styliste d’Europe, pour sa toute nouvelle collection d'hiver aux couleurs du noir et du blanc, se fait le pari de ressortir l'intensité du mixage pour l'esthétique à des fins lucratives. Mais ces deux couleurs ont la particularité de symboliser la différence des races et de heurter les ‘humanités’. Depuis les temps immémoriaux, le noir et le blanc ont toujours renvoyé à la triste discrimination entre les races, celle qui a difficilement légitimé la classification raciale éclaboussée par un éveil collectif.
Mais, est-ce que le vieux paysan du Ndoucoumane peut, un jour, comprendre et intégrer qu'un dirigeant africain puisse épouser une blanche si ce n'est un reniement de son africanité. Ce mépris silencieux obéit juste à un attachement à ses valeurs et vertus, son ancrage à ses traditions très souvent souillées par les terribles souvenirs de l'esclavage et de la colonisation.
Pourtant, la première observation positive sur la lancée de la réconciliation est partie de l'élite africaine et de la femme blanche. Elle s'est, en effet, matérialisée par des mariages mixtes. Alors, faudrait-il replacer le sens du mariage entre deux êtres pour comprendre la portée de ce vecteur important de rapprochement des deux races. Plusieurs de nos dirigeants, hommes politiques et intellectuels ont épousé des occidentales pendant la période pré-coloniale et même post-coloniale. Senghor, Valdiodio, Cheikh Anta, Habib Thiam, Me Wade, Amath Dansokho… sont de ceux-là. Il apparaissait ainsi pour certains comme une sorte de mode, une façon d'être dans l'air du temps. Ce phénomène contenait cependant un paradoxe dans la seule mesure où, de l'autre côté, les gouvernants occidentaux n'ont jamais franchi la barrière.
C'était une affaire d'Africains privilégiés, triés sur le volet et promus à de très belles carrières politiques. Il en était ainsi pour tous ceux qui, par la grâce de Dieu et des exceptions familiales, ont fait les bancs et sont allés dans les écoles et universités de prestige de l'Occident. Cela n'avait, par contre, jamais constitué une justification valable pour les radicaux, c'est-à-dire ceux qui sont très noirs par la peau, très noirs par les convictions socio-culturelles, bref très noirs par opposition aux blancs tout simplement. Cependant, à la lecture de l'aspect environnemental dans lequel ils ont vécu, il est possible d'envisager en son temps un solide prétexte. Mais il est vrai que le cœur a ses raisons que la raison ignore.
L'Afrique francophone danse aujourd'hui pour le cinquantenaire de son indépendance politique à côté de son indépendance ‘sentimentale’ jamais maîtrisée par le colon. La moitié d'un siècle de souveraineté confirme la pertinence de la fameuse recommandation religieuse : ‘Aimez-vous les uns, les autres’. De nos jours, les questions de races sont ridicules et les mariages sont ‘incolores’.
Mohamadou Papis DIAW (Walf Tv/radio)
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