Lorsqu'ils sont en colère, les mots volent très bas. Hier, les rappeurs de la banlieue ont battu le rappel des troupes pour dénoncer pêle-mêle la volonté de la ville de Pikine de les déloger du Centre culturel Léopold Sédar Senghor, l'absence de podiums à Pikine pour fêter la fin d'année et surtout la ruée des politiciens de tout bord vers la banlieue. Une ruée que les rappeurs ont décidée de stopper.
Par la voix de Matador, le mouvement Hip-hop de la banlieue a laissé éclater sa colère hier. A l'origine de cette sortie musclée contre les autorités municipales de Pikine, la volonté prêtée au maire de la ville de Pikine de les déloger du Centre culturel Léopold Sédar Senghor situé à l'entrée de la ville. Selon les camarades de Matador, «les réfections que les autorités ont brandies pour récupérer le centre ne sont qu'un prétexte». Le ton menaçant, Matador et compagnie ont déclaré, hier, qu'ils ne quitteront pas le centre où est concentré l'essentiel de leurs activités.
Dans la même lancée, les rappeurs de la banlieue ont fustigé l'attitude des autorités de Pikine en cette veille de fête où toutes les villes se sont parées de «leurs plus beaux habits pour permettre à la jeunesse de se divertir». L'équipe sortante avait aménagé des podiums et «nous n'étions pas obligés d'aller jusqu'à Dakar pour participer à des podiums», ont signifié Matador et ses amis du mouvement Hip-hop de la banlieue.
Décidés à ne plus se laisser faire, les rappeurs de la banlieue, rejoints par les acteurs culturels dans une structure dénommé «Dekkal Xol Niol Niol bi», invitent les politiciens de tout bord à mettre un terme à leur ruée vers la banlieue. «Nous ne sommes pas dupes, ils nous utilisent comme du bétail avant de nous larguer. Tous sont venus faire des promesses, mais jusqu'ici, il n’y a aucun acte. Nous allons stopper cela», a tonné Matador.
A sa suite, le sieur Mapenda Faye, un acteur culturel qui a placé sur orbite le mouvement «Cité plus haut», a pointé du doigt Boubacar Bâ, le directeur de l'Office pour l'emploi des jeunes en banlieue. «Il a fait de la récupération, cela était notre idée et depuis qu'il a été nommé, il n'a trouvé aucun emploi pour les jeunes qui s'étaient inscrits en masse dans les préfectures et sous-préfectures. Et puis, comment peut-il s'occuper de nos problèmes en ayant ses locaux à Dakar», se sont interrogés les membres de «Dekkal Xol Niol Niol Bi».
Modou Bousso Lèye, l'actuel ministre de la Culture, n'a également pas été épargné par les artistes de la banlieue qui l'accusent de les snober. Quand les rappeurs sont en colère, ça flingue dans tous les sens. A qui le tour ?
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