Délestages ou manque de signal : Youssou Ndour menace et prend son micro

XIBAR.NET (Dakar, 04 Septembre 2009) Il avait salué et soutenu le président Wade d’avoir fait renvoyer le Festival mondial des arts nègres ; en mettant la main à la poche, pour acheter des encarts publicitaires. Mais, moins de deux mois après il a changé le fusil d’épaule, pour fustiger dans une chanson les délestages et se moquer du monument de la renaissance africaine de Wade. Le rétablissement des signaux de Wal Fadjri et le retard du sien y sont-ils pour quelque chose ?

Quand on est artiste de dimension internationale et homme d’affaires, on surfe sur les deux registres ; quitte à utiliser sa voix pour défendre ses intérêts. Est-ce l’option faite par le « roi du mbalax », Youssou Ndour ? Tout porte à le croire. Cité comme étant le commanditaire de l’arrêt des émissions de la radio et de la télévision de son concurrent Sidy Lamine Niasse, par le biais de la structure qui veille sur leurs intérêts d’artistes, le Bureau sénégalais des droits d’auteur (Bsda), Youssou Ndour a fait la Une des journaux de ce jeudi : il chantera pour décrier les délestages ; tant, « leppa leundeum ». Parce que, « coupé souba, coupé ngone ». Il clouera sous pilori le monument de la renaissance africaine ; qui n’aurait rien de nègre, à l’en croire. À chaque fois qu’il le voit, le monument lui boucherait un trou, révèle-t-il. Mais, les ténèbres dans lesquelles les Sénégalais sont plongés de nuit et de jour sont-elles les raisons qui ont poussé le chanteur à prendre son micro ?

Pour d’aucuns, c’est parce que les autorités tardent à lui accorder la fréquence du projet de la télévision qu’il a bouclée depuis plus d’un an que Youssou Ndour est monté au créneau ; ceci après que son concurrent Sidy Lamine Niasse a su négocier le rétablissement des signaux de sa radio et de sa télévision, suspendues la semaine dernière par le Bsda. En est-t-il ainsi ? Les commentaires vont bon train. Et si You nous édifiait. En tout cas, pour les observateurs, le musicien n’a jamais menacé de diffuser un single, qui dénonce. Il concevait, exécutait et laissait apprécier. Pourquoi You Veut-il déroger à la règle qui lui a souri et fait sa notoriété ? On l’aime quand il ne chante pas sa « tigritude », mais bondit sur ses proies.

Pour bien des avis, l’artiste cache son jeu. En tout cas, dans un passé récent, il avait suivi le président Wade aux Etats-Unis d’Amérique pour composer le tube « Guorgui ». Une panoplie de louanges au chef de l’Etat sénégalais. Mais la chanson aura l’effet de soulever les courroux de ses fans qui avaient réagi en boycottant ses soirées. Depuis, on ne sait par quel miracle, l’opus a disparu des rédactions ; même de la Rts. Ce que Wade et famille n’ont pas du tout apprécié. Ses fans le critiquent de privilégier son statut d’homme d’affaires, au détriment de son art. L’enjeu en vaut-il la chandelle ? L’art et les affaires, rappelait Ticken Jah Facoly, c’est comme l’eau de mer et l’eau de pluie. L’osmose entre elles est impossible ; la mer finissant toujours par rejeter l’eau de pluie, loin du rivage. « Lepa leudeum. Coupé souba, coupé ngone » est-il du camp du peuple ou une arme du « roi du mbalax ». Les Sénégalais attendent d’entendre le contenu d’un produit estampillé « clair-obscur ».