La grève de trois jours décrétée par une section du Syndicat national des transporteurs des hydrocarbures ne semble pas encore affecter durement stations de services et automobilistes, même si certains conducteurs se précipitent à la pompe pour "faire le plein", histoire de parer à toute mauvaise surprise, a constaté un reporter de l'APS.
Sur la corniche ouest de Dakar, la circulation est au ralenti à hauteur de Soumbédioune, en raison notamment d'une procession de véhicules se disputant la chaussée qui mène à la station de service de cette zone. Véhicules particuliers, taxis et voitures de service offrent un concert de klaxons qui vient déchirer une atmosphère marquée par un ronronnement continu des moteurs.
Dans la file d'attente, Mor Fall semble pressé. Et n'hésite pas à lever parfois sa tête pour observer le rythme de service qu'il juge lent. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il estime que cette grève n'a pas encore causé beaucoup de dommages chez les usagers, même s'il est est décidé à faire vite le plein le plus vite possible.
"A vrai dire, je ne sens pas encore cette grève. Depuis hier, je roule normalement comme les jours ordinaires", a confié M. Fall sur un ton qui se perd dans le bruit provoqué par les moteurs. Il assure juste vouloir "faire le plein" pour se prémunir contre toute mauvaise surprise, sachant que les stations de services ne sont pas ravitaillées depuis deux jours.
A la station de Soumbédioune, les conducteurs de deux-roux forment une rangée à part. Le service est beaucoup plus rapide dans leur cas. Une pompiste en uniforme bleue coiffée d'une casquette de la même couleur s'affaire ainsi autour d'un groupe de motocyclistes qui se succédent à la pompe.
"Hier soir, j'avais fait le plein. Actuellement, j'ai même une réserve. Mais il est beaucoup plus sûr de faire le plein pour rouler sans désagrément pendant deux jours au moins. Je ne peux pas me permettre de connaitre une panne de gasoil. Je travaille avec ma moto", dit Lamine, qui s'interrompt en entendant la pompiste crier "au suivant !".
Approché, les pompistes ne veulent piper mot sur le mouvement d'humeur décrété par les transporteurs des hydrocarbures. "On nous a interdit formellement de parler à la presse. Je ne peux pas m'exprimer sur cette grève", lance un pompiste, en remettant le bouchon de réservoir d'un taxi qu'il vient de servir.
Ailleurs, comme dans cette station d'essence située à la Médina, les usagers sont peu nombreux à la pompe. Seuls trois véhicules et quelques motos attendent leur tour d'être servis. Mais si l'on en croit un pompiste, la rupture de stock est imminente.
"Pour le moment, le service n'est pas encore perturbé. Le travail se fait normalement. A notre niveau, il nous reste 2.000 litres d'essence et de gasoil à distribuer", précise-t-il.
"Ce qui est sûr, c'est que nous allons terminer ce stock au courant de la journée, puisque les transporteurs qui nous ravitaillent sont en grève. On ne sait pas encore ce que demain sera fait. Il pourrait y avoir rupture dans la distribution", a ajouté notre interlocuteur.
Une partie des chauffeurs et transporteurs du Syndicat national du pétrole et du gaz affilié à la CNTS-FC ont décrété jeudi un mot d'ordre de grève de 72 heures pour réclamer notamment le respect d'un protocole d'accord signé avec l'Etat du Sénégal en 2012.
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