Initié par Lartes, le baromètre de la qualité des apprentissages Jàngandoo (Apprendre ensemble) a livré ses résultats pour l’année 2013. Ils montrent un contraste entre les succès rencontrés en culture générale et les défaillances enregistrées en calcul et en lecture. Les échecs constatés sont nuancés par des disparités claires entre l’enseignement en français ou en arabe et les environnements communautaires.
Jàngandoo (Apprendre ensemble), est un programme d’évaluation de la qualité des apprentissages des enfants au Sénégal. Elaboré par le Laboratoire de recherche sur les transformations économiques et sociales (Lartes) de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), le programme est rentré dans sa deuxième phase en 2013, évaluant 15 000 enfants de 6 à 18 ans dans les 14 régions du pays et en y incluant cette année l’enseignement en arabe. Sur l’ensemble des enfants évalués, 3 000 d’entre eux ont opté pour l’arabe.
Les résultats obtenus par rapport à l’enseignement en français révèlent que l’apprentissage par mémorisation dans les daara occasionne une fracture au niveau de la lecture et de sa compréhension, mais aussi pour le calcul. Avec un taux d’échec au-dessus de 90% pour ces deux domaines, les apprenants en arabe souffrent de lacunes plus élevées que la moyenne de l’ensemble des enfants testés (69,4% pour la lecture et 76,6% pour le calcul). Néanmoins, les tests en culture générale montrent des résultats similaires entre les apprenants en arabe et en français avec un taux d’échec autour de 15%. Les bons résultats en culture générale révèlent que pour l’ensemble de ces enfants, on peut noter une ouverture de ces derniers à leur environnement ainsi qu’une bonne réceptivité aux réalités de leur milieu.
Il faut également noter le contraste entre les perceptions positives des parents en faveur des apprentissages et leur engagement dans l’accompagnement scolaire à la maison. En effet, l’administration des tests s’est effectuée dans les ménages de façon indépendante. Ce qui a permis aux évaluateurs de mesurer l’impact communautaire sur l’acquisition des apprentissages. L’environnement pèse lourd dans la balance et les résultats obtenus montrent que l’écart entre l’urbain (73,3% de taux d’échec) et le rural (86,6%) tient à une différence structurelle. En prenant l’exemple de la région de Dakar, c’est le département de Rufisque qui dépasse la moyenne régionale avec un taux d’échec de plus de 80% alors que les trois autres départements obtiennent de bien meilleurs résultats.
Selon Abdou Salam Fall, coordonnateur du Lartes, les résultats obtenus sont à mettre à profit d’une révision globale des méthodes d’enseignement. Cette révision passe par une valorisation de l’univers culturel de l’enfant dans les méthodes d’apprentissage, une implication des communautés et une institutionnalisation de l’évaluation externe à l’instar de ce baromètre. Abdou Salam Fall plaide pour une véritable mise en place de l’enseignement en langues nationales qui irait au-delà des expérimentations menées depuis l’indépendance, afin de «se tourner vers l’aire culturelle de l’enfant» et de lui faciliter l’accès à l’acquisition des savoirs.
1 Commentaires
Lui
En Janvier, 2014 (08:47 AM)Je pose cette question car que je sache la langue OFFICIEL au Senegal est le français.
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