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Deux élèves par table-banc : Les ambiguïtés du protocole de Mamadou Talla

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Deux élèves par table-banc : Les ambiguïtés du protocole de Mamadou Talla
« Les classes seront aérées et il y aura deux élèves par table-banc aussi bien à Dakar que dans les autres régions du Sénégal. Notre stratégie est que les comités installés dans les départements du Sénégal, les inspecteurs d’académie, les gouverneurs et les préfets trouvent des solutions pour que les élèves aient des classes aérées et que la distanciation sociale soit respectée », a déclaré le ministre de l’Education nationale, Mamadou Tall à l’Edition spéciale de Seneweb consacrée à la rentrée scolaire.

En plus du port systématique du masque et du lavage régulier des mains, la distanciation physique figure en pole position dans le protocole anti-Covid-19 du ministère en perspective de la rentrée scolaire de ce jeudi 12 novembre 2020 où 4 millions d’élèves (soit 1/4 de la population sénégalaise) sont attendus dans les différents établissements scolaires du Sénégal. Mais, force est de signaler que cette décision du ministère « d’aérer les classe » sera difficile à mettre en pratique voire irréalisable dans bien des établissements du pays pour plusieurs raisons.

Celles-ci sont relatives notamment au déficit criant de table-banc qui fait que dans certaines classes, avoir trois élèves par table est devenu un luxe. Combiné au déficit de salles de classe, d’enseignants et aux effectifs pléthoriques qui oscillent entre 60 et 80 élèves par classe dans certaines écoles de la banlieue notamment, ce protocole sanitaire semble voué d’office à l’échec.

Le déficit de tables-bancs estimé à 325 973 en 2019

En effet, en septembre 2019, le déficit en table-banc était estimé à près de 325 973 sur l’étendue du territoire, indiquait Sud Quotidien. Un gap qui se creuse chaque année avec l’augmentation croissante de la population scolaire.

Pour le syndicaliste Dame Mbodji, ce protocole n’est qu’un « coup de bluff », en porte-à-faux avec la réalité sur le terrain. Selon lui, même ce déficit de 325 mille tables-bancs est à revoir à la hausse. « Puisque la population scolaire augmente et que nous avions un déficit en tables-bancs noté à l’échelle nationale, certains parlaient de 325 mille mais aujourd’hui on va dépasser le déficit de 500 mille tables-bancs. Le déficit existait mais cela va s’exacerber », martèle le secrétaire général du Cusems/authentique, joint par Seneweb.

A l’en croire, « il n’y a aucune école dans le public qui pourra respecter ce protocole notamment les dispositions sur la distanciation physique » et il met au défi le ministre. Il invoque le protocole de la reprise du 25 juin dernier pour étayer ses propos.

« Ce protocole-là n’était pas respecté sur une bonne partie du pays, ici à Dakar et dans les régions. Il y a même des établissements où les masques n’étaient pas disponibles. Alors que le masque constitue la disposition la plus facile à respecter dans ce protocole », souligne-t-il indiquant que la distanciation physique telle que proposée par la tutelle implique nécessaire un éclatement des classes.

Il s’explique : « la distanciation physique ne peut pas être respectée dans les salles de classe. Même quand les élèves s’assoient à deux par table, on ne peut pas respecter la distanciation physique. Deux élèves par table pour qui connait nos tables-bancs, la distance entre les deux élèves ne fait même pas de 60 centimètres, donc cela ne fait pas un mètre ».

Le déficit d’enseignants estimé à 3000


Le deuxième obstacle, renseigne-t-il, est lié au déficit en infrastructure. « Chaque année, il y a une augmentation de la population scolaire à la première étape c’est-à-dire au C.I. et le gouvernement n’a pas construit des écoles en conséquence. On devait construire dans chaque établissement une ou deux salle(s) de classe en prévision de ce qui va se passer. Il n’y a pas de construction supplémentaire entre la reprise du 25 juin et aujourd’hui », rétorque-t-il.

Le troisième écueil qui ne milite pas en faveur du protocole du ministre, c’est le déficit en personnel enseignant. Il est estimé à 3000, selon le secrétaire général adjoint du Cusems, Ndongo Sarr. « Si on s’en réfère à la récente revue du Pdef, le déficit d’enseignant est estimé à près de 3000. A la session pré-rentrée, le ministre nous a dit que les autorisations de recrutement pour cette année (du préscolaire au moyen-secondaire) c’est 1750. Donc il manque encore 1250 enseignants », renseigne-t-il.

Risques de surcharge horaire pour les enseignants

Sarr invite la tutelle à « réfléchir à des stratégies pour que les élèves fassent cours à tour de rôle ». « Si on n’éclate pas les classes, il y a des écoles où on ne respectera pas ce ratio de deux élèves par table-banc. Ce que nous proposons, c’est que là où un problème d’effectif se pose que les classes soient éclatées. (…) Ce qui sera possible de faire, c’est de squatter des locaux comme cela se fait au niveau de l’enseignement supérieur. Eclater les classes et aller au-delà des heures de descente habituel (17heures), aller jusqu’à 20 heures », suggère-t-il.

 Pour ce faire, il faudra impérativement recruter des enseignants. « De deux choses l’une, ou on recrute des enseignants ou il y aura une surcharge horaire sur les collègues qui sont déjà disponibles dans les établissements et cela risque de se faire au détriment de la qualité de l’enseignement », argue Ngongo Sarr. Ce que ce dernier regrette, c’est que, dit-il, le gouvernement n’a pas tiré de leçon des résultats éclatants de la reprise des classes d’examen le 25 juin dernier.

« Une des leçons que l’on doit tirer de la Covid-19, c’est que l’éclatement des classes en petite cohorte a fait son effet. Parce qu’avec 20 élèves par classe, on a la possibilité de procéder à un suivi personnalisé des élèves. Pour moi, c’est cela qui explique les résultats obtenus lors des derniers examens. Si on prend le Prytanée Militaire, Mariama Ba ou le Lycée d’excellence de Diourbel, partout où les mêmes conditions existent, il y a toujours eu d’excellents résultats. Aujourd’hui, les choses sont très claires. Maintenant, c’est la volonté politique d’aller vers ces conditions qui pose problème », déplore Sarr.

Moustapha Diagne reprécise la pensée du ministre

Pour sa part, le directeur de la formation et de la communication du ministère de l’Education nationale, reprécise la pensée de Mamadou Talla. Joint par Seneweb, il estime que le protocole n’est pas figé et qu’il faut « regarder la réalité en face ».

« Il sera impossible de respecter ce dispositif-là dans certaines régions et dans certaines écoles. Ce que le ministre veut dire, c’est que ce qui sera obligatoire c’est le port de masque et le lavage des mains. Eviter surtout que les élèves jouent dans la cour et se mettre en contact en jouant. Dans les classes, si on peut s’assoir à deux par table, c’est très bien, sinon, on est obligé de mettre les élèves à trois. Il faut regarder la réalité en face aussi. C’est pour cette raison que le ministre a parlé de protocole dynamique », explique-t-il.


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