La décision de l’Etat de mettre 30 milliards en 3 ans pour des uniformes scolaires suscite la polémique. Au-delà de son caractère ‘’inopportune’’, les acteurs redoutent surtout une volonté d’enrichir des politiciens.
La décision a fini de créer la polémique au vu des premières réactions notées, après l’annonce du gouvernement de mettre 10 milliards pour généraliser le port d’uniformes scolaires à partir de la rentrée prochaine. Dénommé ‘’Programme national de dotation des établissements en tenues scolaires’’, il est prévu sur 3 ans pour un montant total de 30 milliards, en raison de 10 milliards par an. Chaque académie choisit deux couleurs parmi les 5 retenues par le ministère : bleu, beige, vert, jaune et marron.
A l’ouverture des classes en octobre (ou novembre) 2021, les garçons auront chacun deux chemises et les filles deux blouses chacune au primaire. Au préscolaire, garçons et filles auront des blouses. L’année suivante, les écoliers du préscolaire et de l’élémentaire auront tous des uniformes (2 tenues) et la mesure sera étendue au collège en 2023. Les lycées et le privé sont appelés à suivre la cadence avec leurs moyens.
Cependant, la décision est loin de gagner l’adhésion des acteurs de l’école et de l’opinion publique. La Cosydep a été la première organisation à porter le débat. Dans un communiqué, la Cosydep émet des réserves quant à « la priorité de l’opération face aux défis prégnants qui ont pour noms : résorber les abris provisoires, la question enseignante avec les querelles pour solder le passif, la mise aux normes de l’environnement des apprentissages».
La Cosydep rappelle que 40% des écoles sont sans toilettes, 2/3 des établissements sans eau potable et une école sur deux n’est pas sécurisée. Sans oublier le déficit en enseignants et les classes pléthoriques. Au vu de tout cela, la Cosydep estime que si «le système éducatif a 10 milliards (de francs Cfa), on devrait réfléchir sur la priorité».
Du côté des syndicats d’enseignants, on est encore plus catégorique. D’abord sur la forme, les syndicalistes regrettent le manque d’inclusion. « En tant que partenaires, en tant que G7, nous l’avons su dans la rue et dans la presse », dénonce Abdou Faty, conforté par Ndongo Sarr qui constate ‘’une démarche cavalière depuis quelque temps’’. Même point de vue de la part de Cheikh Mbow qui constate l’absence de concertation, alors que lors du recrutement des 5 000 enseignants, rappelle-t-il, ils ont été conviés à des discussions.
Dans le Fonds, le secrétaire général du Sels/Authentique, trouve la dépense inopportune en ce moment. « C’est comme si on n’a rien appris de Covid-19. Or, la pandémie nous a dit que nos classes sont pléthoriques, il n’y a pas de toilettes, pas de tables-bancs, pas d’écoles clôturées. Ces 10 milliards peuvent être orientés dans la construction de classes, la confection de tables-bancs et le recrutement d’enseignants pour que les classes soient moins pléthoriques », préconise-t-il.
Que ce programme soit stoppé
A l’absence d’une délibération du Cusems sur le sujet, Ndongo Sarr, le secrétaire général-adjoint du syndicat a son point de vue personnel. « C’est une décision inopportune, à la limite insensée. Je crois qu’il y a des chantiers beaucoup plus urgents sur lesquels les autorités sont attendues », se désole-t-il.
Ndongo Sarr estime que l’Etat défonce des portes déjà ouvertes dans la mesure où la tenue est déjà prise en charge soit par les collectivités locales, soit par les établissements. « Je ne vois pas pourquoi cette décision est prise du jour au lendemain pour régler une question qui en fait n’en est pas une », s’interroge-t-il.
Du côté de la Cosydep, non seulement on pense que la question est déjà réglée par les communautés, mais on milite également en faveur de la responsabilisation des IA et des collectivités pour des solutions endogènes. D’ailleurs, dans le planning, l’Etat prend en charge les 10 milliards de la première année et les 10 milliards de la deuxième année.
Mais à partir de la troisième année, il met les 70%, soit 7 milliards contre 30%, soit 3 milliards pour les communautés locales. Et après ces 3 ans, le ministère de l’Education se désengage totalement, l’ensemble des frais étant supporté par les parents, les collectivités locales et les entreprises à travers le Rse.
Cheikh Mbow rappelle qu’il ne s’agit pas ici d’être pour ou contre la tenue scolaire. « Nous reconnaissons que la tenue scolaire milite en faveur de la réduction des inégalités, mais elle n’apporte pas de solution à la crise actuelle », soutient Cheikh Mbow.
Selon lui, les 10 milliards doivent servir à mettre l’école aux normes (eau, toilettes, mur…) pour préparer la rentrée prochaine au vu des défis imposés par le Covid-19. Il se dit d’ailleurs étonné de voir le ministère faire tout un programme dans ce contexte, sans faire allusion à la pandémie.
Ainsi, au-delà des 10 milliards, la Cosydep pense que l’enveloppe de 30 milliards doit être utilisée à tout ce qui peut contribuer à améliorer la performance à l’école, c’est-à-dire l’infrastructure, le personnel, le support et l’environnement scolaire.
« Les 30 milliards peuvent aider à résoudre des problèmes concrets. Nous devons donc nous lever pour demander à ce que ce programme soit stoppé. Le système a besoin de ressources, mais pour autre chose », tranche-t-il. En bref, stopper le programme, mais maintenir les ressources pour l’école, sur d’autres points prioritaires.
« Je présage de tous les scandales… »
Toutefois, des acteurs comme le Sg du Sudes Amadou Diaouné et le président de l’Union nationale des parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal (Unapees) estiment que la décision peut se justifier, si les tenues sont correctes et que la solution ne soit pas conjoncturelle. « A l’école, il y a beaucoup de priorités, mais je pense que l’un n’exclut pas l’autre », relativise Amadou Diaouné.
Par ailleurs, outre la pertinence, les acteurs nourrissent beaucoup d’appréhension quant à la transparence. Ndongo Sarr craint que les artisans qui sont sollicités actuellement dans la confection des tenues, une fois la question est prise en charge par l’Etat, soient dessaisis ‘’au profit de politiciens qui ne sont pas du secteur’’.
« Je présage de tous les scandales qui risquent de naître de cette question », déclare-t-il. Même préoccupation de la part d’Abdou Faty qui redoute que ce soit un moyen pour enrichir des politiciens.
Du coup, l’Union nationale des parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal (Unapees) réclame la transparence. « Nous, parents d’élèves, demandons la mise en place d’une structure chargée de la gestion de ces fonds pour que nous puissions avoir un droit de regard, parce que nous n’accepterons pas que des tenues nous soient importés », prévient Abdoulaye Fané, président de l’Unapees.
18 Commentaires
Fact
En Août, 2021 (13:09 PM)Merci Mr Le Ministre Et L'etat
En Août, 2021 (22:30 PM)Prof
En Août, 2021 (13:09 PM)Reply_author
En Août, 2021 (17:32 PM)Reply_author
En Août, 2021 (19:00 PM)Défenseur
En Août, 2021 (13:30 PM)Sokhna
En Août, 2021 (13:42 PM)Waji
En Août, 2021 (13:58 PM)Khady
En Août, 2021 (13:59 PM)Vieux
En Août, 2021 (14:16 PM)c est quoi ca chercher ou se trouve l erreur les gars....
wa salam.
Volai414
En Août, 2021 (14:22 PM)Tapaleh Rekk
En Août, 2021 (14:42 PM)Phil
En Août, 2021 (14:43 PM)dagéén xamoul rekk projet bi quand on parle vous nous taxez de fous waayé baaxna
Ibagalais
En Août, 2021 (16:52 PM)ils vont prendre le marché et aller commander en Chine. Sénégalais truand, escroc , magouille c'est un champion.
ils vont prendre le marché et aller commander en Chine. Sénégalais truand, escroc , magouille c'est un champion.
Nkhson
En Août, 2021 (23:46 PM)En vérité ils n'ont aucun respect envers le contribuable sénégalais, qui pour la plupart constate avec amertume la dilapidation de ses ressources dans des dépenses de prestige.
Pendant que le vaillant peuple de "goorgoorlus" trime, le "roi" et sa cour trinque le plus "normalement" au monde.
Ces gens méprisent totalement la triste réalité du peuple sénégalais dont la majorité croupit dans la misère et souffre en silence.
Le pays est en déliquescence, pratiquement tous les secteurs d'activité régressent. Le pouvoir d'achat s'effrite de jour en jour, surtout avec l'augmentation des prix des produits de consommation, mais aussi avec le chomage endémique. Il n'y a pas besoin d'être économiste pour constater que le pays est au bout du gouffre, et la pandémie de Covid-19 n'est pas pour arranger les choses.
Le problème fondamental est que ceux qui nous dirigent ne semblent pas mesurer la gravité de la situation. Plutôt ils se murent dans des calculs politiciens visant à conserver le pouvoir par des moyens illégitimes, injustes. Ils semblent ne pas bien décrypter les véritables raisons qui ont menées aux émeutes de mars dernier. Une somme de frustrations qui avaient secoué la république au plus profond de sa chair. Par ailleurs, les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est à craindre une manifestation d'ampleur beaucoup plus violente que la précédente. Plus que jamais le peuple demeure acquis au changement de paradigme, dans la gouvernance des affaires publiques.
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