Le temps et les urgences

Trois ministres de la République privés d’une rencontre sur le projet de Retour vers l’agriculture (Reva) sur ordre du Premier ministre, cela peut donner de la matière aux sondeurs du pouls gouvernemental ! Dans un contexte de tempêtes provoquées ou imaginées aux portes du Palais de la République, de la Primature ou des ministères, le fait peut paraître déroutant. De prime abord. Dans cette forte poussée soupçonneuse et spéculative, la nouvelle peut même faire sensation auprès des dénicheurs de quelque contradiction politicienne qui sous-tende cette décision.

En vérité, rien de spécial si l’on s’en tient à la rigueur de l’exécution d’une charge de travail dévolue à une équipe gouvernementale. Le seul paramètre à partir duquel devrait être lu l’acte posé hier par le chef du Gouvernement reste le contrat de confiance et le devoir de résultat qui le lient au président de la République. Me Abdoulaye Wade est en lui-même la rigueur et la méthode dans la prise en charge des préoccupations des Sénégalais. De la bonne tenue aux virgules, en passant par l’élocution, le chef de l’État est un inconditionnel du style et de l’organisation. Des principes incontournables dans la marche vers le progrès. Tous les ministres ont intégré ces donnes dans la recherche de résultats. Même ceux qui ont eu la malchance, hier, d’être venus à une si importante rencontre après le Premier ministre Macky Sall !

Sous ce rapport, il n’existe pas de place pour la dramatisation de « l’interdiction d’accès à la salle ». Le Premier ministre et les membres de son gouvernement sont porteurs de la vision du chef de l’État dans le cadre de la mission accordée par les électeurs au sortir de l’épreuve des urnes. Cette mission est sacrée en ce sens qu’elle place, entre les mains périssables d’un guide et d’une équipe, le devenir des Sénégalais. De tous les Sénégalais sans distinction de groupe social ou politique ! L’agriculture fait partie de ces domaines où se joue, de manière cruciale, le sort de plus des deux tiers de nos compatriotes. Surtout ceux qui, piqués par le virus de l’ailleurs à tout prix, se jettent dans les mers à bord de barques qu’un embryon de tempête plongerait dans les profondeurs abyssales de l’étendue salée. Combien de jeunes sont en passe de retrouver l’espoir d’une vie meilleure avec ces milliards investis dans le travail de la terre ? Combien de familles entrevoient le confort psychologique que cette initiative installe dans les chaumières enfin débarrassées du traumatisme de l’oisiveté et de l’aventurisme gros de risques. L’équipe gouvernementale adhère à ces bienfaits. Elle est obligée d’y adhérer ! C’est du concret. Étant adepte de cette culture et non de celle de la parole ou de la mystification, Macky Sall prend la mesure de la mission que le président de la République lui a confiée. Et comme elle est sacrée, le temps qu’il faut lui consacrer l’est aussi. Pour faire de l’action gouvernementale un sacerdoce inscrit dans la durée, avec le temps comme un allié sûr dans la conjuration des souffrances des Sénégalais. Le concret ne s’embarrasse ni de spéculations grossies encore moins d’immobilisme coupable face aux urgences.