« Les institutions passent par trois périodes : celle des services, celle des privilèges, celle des abus »
De François René de Chateaubriand.
Il est inadmissible et inconcevable, au moment où l’on devrait faire des pieds et des mains pour trouver de l’argent afin de soulager les populations démunies, qui se débattent du reste comme de beaux diables, face aux difficultés héritées de l’ancien régime et de financer le développement, que l’on se permette d’augmenter le salaire des députés sur le dos du contribuable, en plus des voitures déjà offertes. Que cela soit une augmentation de salaire ou une indemnité de logement peu importe, c’est du pareil au même, c’est-à-dire un non-sens inqualifiable. Surtout encore, au moment où le gouvernement déclare publiquement son impuissance, face à l’augmentation des prix de certaines denrées de première nécessité. Dès lors, c’est une contradiction flagrante de procéder à cette augmentation de dépense inopportune et injustifiable au regard des populations et de notre situation économique morose.
Voilà justement une aberration de taille ! Parce que, si l’Etat admet qu’il est impuissant d’agir sur les prix de l’extérieur –ce qui est vrai dans une certaine mesure d’ailleurs- il doit être alors capable au moins, d’agir sur les leviers ou commandes intérieurs au plan national, qui sont à sa portée et disposition. Ainsi, au lieu de faire des dépenses de prestige ou de chercher à faire plaisir aux représentants de la Nation, qui n’ont pas de soucis à se faire pour leur dépense quotidienne par rapport au reste des populations, pourquoi l’Etat ne diminuerait-il pas en lui et place de cette augmentation, les taxes relatives aux produits et denrées de première nécessité, qui concernent la grande majorité des Sénégalais ?
Comme le dit si bien l’adage : « charité bien ordonnée commence par soi-même » En effet, les autorités qui dirigent le pays, sont conscientes et tout à fait au fait du niveau de pauvreté de nos populations actuellement. Voilà pourquoi, elles devraient commencer par donner elles-mêmes le bon exemple. En quoi faisant ? En diminuant d’abord de manière notoire et autant que possible le train de vie dispendieux de l’Etat, en procédant également à une gestion rationnelle, sobre, vertueuse et efficiente des deniers publics de l’Etat. Après cela, aller à l’essentiel en commençant par les urgences et les priorités sociales, au sein desquelles, se trouve la diminution du coût de la vie en faveur des larges couches populaires démunies, parce que totalement défavorisées dans la répartition des biens produits par la nation. Sans risque de me tromper, je peux dire que, le coût de la vie est aujourd’hui au centre des principales préoccupations de la majorité des Sénégalais.
Jusqu’ici, malgré la victoire précieuse et éclatante du peuple sénégalais le 25 mars 2013, attestant incontestablement que la souveraineté n’appartient qu’on peuple, le folklore politique et autres futilités mondaines dominent encore dans l’actualité nationale et semblent même, s’incruster comme un kyste au sein des populations. La preuve, ces manifestations surannées et ridicules, parce que, ne traduisant plus aucune signification politique objective, sont encore en vogue dans le pays. En réalité, celles-ci ne constituent que des occasions de dépenses folles et somptueuses, sans en contrepartie, un répondant substantiel en terme d’utilité ou d’adhésion massive et concrète des masses à la politique du gouvernement. Il ne me semble pas du tout, que nos dirigeants actuels aient effectivement pris conscience et entendu le cri de guerre qui a tonné pendant la campagne électorale et qui continue de tonner encore, réclamant haut et fort la rupture effective avec les pratiques de Wade. Tant que, ceux qui nous dirigent ne donneront pas l’exemple d’une attitude qui symbolise la gestion sobre et efficiente des affaires de la cité et aussi d’une dignité sans reproche à la hauteur de leurs responsabilités aux yeux des populations, il serait illusoire de vouloir réclamer des citoyens, une quelconque tolérance ou patience, dont on ne sait à quand la fin? Il est temps pour nos élus de travailler vite et bien et d’être au service de leurs mandants pour qu’ensemble, ils arrivent à résoudre les problèmes et non pour qu’ils se servent eux-mêmes, comme il semble être le cas.
Le président de la République doit écouter attentivement la voix des populations qui expriment leurs complaintes et plaintes sur des questions majeures et essentielles telles que : la sécurité publique et individuelle, la cherté du coût de la vie, l’emploi et notamment des jeunes surtout, la justice sociale par une répartition juste et équitable des ressources nationales, etc. Et comme je ne cesse de le clamer souvent haut et fort, il est temps de mettre fin maintenant à la république des privilèges pour celle des droits et des citoyens sans aucune discrimination de quelque nature que ce soit.
Les députés, il faut le dire tout net sans se voiler la face, s’ils sont raisonnables et justes, ils savent pertinemment qu’ils font bien partie de cette catégorie de privilégiés de la République, -même s’il vrai qu’ils ne sont pas les seuls- par rapport au reste des autres citoyens sénégalais. Et, s’ils adhèrent honnêtement à la nécessité de rompre, comme ils le clament partout avec les pratiques néfastes et discriminatoires à l’endroit des populations, ils ne devraient pas s’arroger indécemment de leur position, de leur rang et de leurs prérogatives de législateurs, pour s’octroyer des privilèges au détriment du reste de la Nation. S’ils se considéraient véritablement comme des patriotes et de dignes représentants de la Nation, ils devraient, en de situations difficiles pareilles où, la plus grande partie de notre peuple souffre, de proposer une diminution de leurs nombreux avantages, en guise de solidarité avec les populations qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Voilà, l’attitude que nous attendions de la part de députés patriotes, qui militent pour une rupture sans équivoque. Et qu’ils donnent la preuve par cette attitude, qu’ils se soucient effectivement du sort de leurs mandants et non, de réclamer chaque jour plus d’avantages et davantage de privilèges chaque jour. C’est en cela que devrait se traduire la rupture avec le régime libéral, qui, pour lui, les pauvres doivent continuer à s’appauvrir davantage et les riches à poursuivre leur enrichissement par tous les moyens, même par ceux illicites. Autrement dit, les libéraux prenaient le pouvoir uniquement pour se servir et se remplir les poches. Et la preuve nous est donnée par les faits qui se déroulent sous yeux.
Faut-il le rappeler ? Oui ! Les populations de notre pays particulièrement les patriotes n’avaient pas du tout appelé au changement uniquement d’hommes, mais aussi et surtout, à celui des méthodes et pratiques nauséabondes de Me Wade et son clan.
J’avais dénoncé en son temps dans une de mes contributions, l’offre « gracieuse » de voitures, de surcroit de luxe aux députés, ce qui est un privilège aussi. Mais les autorités ont fait la sourde oreille et ont fait passer la pilule malgré les nombreuses protestations et désapprobations des populations contre cette mesure. Aujourd’hui encore, vrai ou faux, -parce que l’information venant de quelqu’un qui a participé au pillage de nos ressources nationales, sans jamais en son temps élever la voix pour dénoncer les faits- on nous parle d’augmentation de salaire ou d’indemnité de logement. Ceci est synonyme d’un subterfuge ou camouflage, servant d’enveloppe pour dissimuler la mesure dans un gant de velours, afin de masquer son caractère indécent et la faire passer sans bruit. Mon étonnement et ma surprise sont d’autant plus grands, par le fait, que je n’ai pas entendu une seule voix discordante de la part de certains députés crédités de patriotes, s’opposant à cette mesure, si toutefois elle est avérée.
Par ailleurs, il est bien établi que le nombre des députés n’a point augmenté et les deux hôtels ont toujours existé pour leur servir de logement. Ensuite, comment dans les régimes précédents la question avait été gérée et réglée, sans création de dépense supplémentaire ? En principe et dans une logique élémentaire, les chambres d’hôtel devraient être affectées en priorités aux députés des régions périphériques qui n’habitent pas Dakar. Et dans les règles normales, si le nombre de chambres ne correspond pas au nombre des députés, l’occupation de celles-ci ne devrait pas être en permanence, mais seulement temporaire et pendant les Sessions. Et en fin, est-ce réellement cette indemnité de logement est prévue par les textes, et est obligatoire due aux députés ? Si oui, comment se fait-il que depuis lors, cette question n’a pas été soulevée dans les législatures précédentes, mais seulement aujourd’hui ? Une autre question à laquelle les autorités devraient apporter une réponse nette et claire, est de savoir, pourquoi, dans la mesure où certains députés représentent des départements, n’ont-ils pas comme résidence fixe auprès des populations où ils doivent vivre pour bien connaître leurs problèmes, afin de mieux les défendre ? Par conséquent, leur séjour à Dakar ne devrait alors être que temporaire, à savoir la durée d’une Session. Pour ce qui concerne maintenant, ceux habitant Dakar, je présume qu’ils ne sont pas tout de même, des « sans domicile fixe » ? Ou, vont-ils encore le prétendre comme ils l’avaient fait hier à propos des voitures ? Quand ils ont évoqué le prétexte d’une soi-disant dévaluation ou dégradation de leur rang social de député. Parce que sans voiture, ils étaient obligés d’emprunter les transports en commun appelés Car Rapide, comme un citoyen lambda, ce qu’ils considèrent comme une humiliation de leur statut. Et le coup avait marché, parce qu’ils ont eu gain de cause. Pourtant Louis Armstrong nous dit bien ceci : « Le rang ne confère ni privilège, ni pouvoir. Il impose des responsabilités »
Cette fois-ci, le prétexte fallacieux devrait être sans doute, qu’ils errent dans les rues pendant les Sessions parlementaires, faute de « domicile fixe ». Il est évident qu’un tel argument si boiteux ne peut tenir la route, auprès d’aucun Sénégalais de bonne foi. Alors, Monsieur le président de la République, il faut arrêter le laisser-aller et l’anarchie dans la gestion des deniers publics, en mettant l’argent du contribuable uniquement, là où il faut pour le développement du pays. Aujourd’hui, la priorité des priorités devrait être d’aller vers la fin des souffrances des populations en tout premier lieu.
A y regarder de près, beaucoup de ces députés et d’autres personnes dans ou autour du pouvoir, ne se meuvent que pour des avantages personnels, au détriment du peuple qui trinque à chaque fois. Bien que, tout le monde parle en son nom et pour ses intérêts. Cependant, il est rarement noté, qu’il est bien défendu par ceux qui en sont chargés de le faire, lorsqu’il s’agit de ses véritables intérêts à l’Assemblée nationale, ceux-là il a élus justement pour présider à ses destinées. Quel dommage !
Alors, dans cette ère nouvelle du Sénégal, les beaux discours et les vœux pieux dont on nous a tant gargarisés, ont maintenant fait leur temps et, ils ne sont plus capables de nous endormir, car le peuple sénégalais a gagné davantage en maturité depuis le 25 mars 2013. Dorénavant, il faudra aux citoyens sénégalais, du concret entre les mains ou sur la table, pour les engager dans une quelconque opération ou aventure. C’est vrai, ce seront des paroles, mais alors, des paroles suivies effectivement de faits concrets et dans des délais raisonnablement requis et non à l’infini.
« Pendant longtemps, on n'a pas payé les députés. Depuis qu'on les paye, il ne paraît pas, tant s'en faut, qu'on obtienne une qualité supérieure. »
De Alphonse Karr. Extrait du Les guêpes.
Mandiaye Gaye
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Beye
En Mai, 2013 (03:58 AM)Participer à la Discussion