Monsieur le Président Emmanuel Macron,
Votre récent discours à la conférence des ambassadeurs a une fois de plus révélé une vision paternaliste et condescendante des relations franco-africaines. Vous accusez l’Afrique d’ingratitude, affirmant que les gouvernements africains n’ont pas eu le courage de reconnaître le rôle de la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Pourtant, cette déclaration traduit une mémoire sélective qui mérite d’être corrigée.
Commençons par rappeler que les défis sécuritaires du Sahel ne sont pas nés ex nihilo en 2012. En réalité, ils trouvent leurs racines dans des événements auxquels la France a activement participé. Souvenons-nous de l’intervention en Libye, où, sous le prétexte de "protéger les civils", des forces armées, soutenues par la France et ses alliés, ont renversé le régime de Mouammar Kadhafi. Ce chaos a inondé la région sahélienne d’armes, renforçant les groupes terroristes. Comme le chante Tiken Jah Fakoly : "Ils allument le feu, puis viennent jouer au pompier."
Ensuite, l’intervention française au Mali, que vous vantez comme un acte de générosité, avait surtout pour but de protéger vos intérêts stratégiques. Cette intervention a exacerbé les divisions ethniques au lieu de stabiliser le pays. Aujourd’hui, le Mali, sous la direction d’Assimi Goïta et de ses forces armées, progresse là où des milliers de soldats étrangers ont échoué.
Cette réalité remet en question l’efficacité et les motivations des opérations françaises dans la région.
Cette réalité remet en question l’efficacité et les motivations des opérations françaises dans la région.
Une dette historique envers l’Afrique
Votre discours fait abstraction de la lourde dette historique de la France envers l’Afrique. La colonisation, l’esclavage, et l’exploitation économique ont contribué à l’essor de votre pays, souvent au détriment de nos peuples. Aujourd’hui encore, la France continue de bénéficier de la main-d’œuvre africaine, des ressources naturelles pillées à bas coût, et du talent de nos sportifs et artistes qui font briller votre drapeau sur la scène internationale.
Que dire des diamants de Centrafrique sous Bokassa, du pétrole exploité par T otal, ou encore des richesses minières et halieutiques extraites sans réelle compensation pour les populations locales ? T out cela constitue une contribution africaine au développement français. Pourtant, à mesure que l’Afrique cherche à s’émanciper, la France semble traverser des crises économiques et politiques. La coïncidence mérite réflexion.
Un partenariat basé sur la justice et non sur le mépris
Il est temps de construire une relation basée sur la justice et non sur le mépris. Si vous parlez d’ingratitude, il faudrait commencer par rendre à l’Afrique ce qui lui revient de droit : des réparations pour les abus passés et présents, une reconnaissance des torts causés, et surtout la fin des ingérences déguisées en partenariats.
Monsieur le Président, au lieu de reprocher à l’Afrique de ne pas vous dire "merci", demandez-vous ce que la France pourrait faire pour réparer ses torts. L’Afrique aspire à une souveraineté véritable, à des relations équilibrées, et à la capacité de se défendre contre toutes les forces étrangères et leurs proxys terroristes.
La vraie question n’est pas de savoir si l’Afrique est ingrate, mais si la France est prête à faire preuve d’humilité, de justice et de respect envers un continent qui a tant contribué à son histoire et à sa prospérité.
Demba Ndiath
Neo-Panafricain
Demba Ndiath
Neo-Panafricain
4 Commentaires
Mareme Soda
il y a 1 jour (05:08 AM)Macron A Parlé Pour Hollande
il y a 20 heures (11:22 AM)Senegalais Lambda
il y a 23 heures (08:31 AM)L'Afrique sera debout!
En tout cas, il n'est plus à terre.
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