EDITORIAL: Dynastie, quelle dynastie ?

La plupart de nos compatriotes ont été, avec nous, choqués par la virulence de la sortie dans le numéro de Walfdjri du 27 juin 2006 du Président Mamadou Dia contre le Président Abdoulaye Wade et les membres de sa famille.

Dans un contexte marqué par la volonté de l’ensemble des acteurs politiques du pays, majorité et opposition confondues, de réunir les conditions d’un dialogue fécond sur les grandes questions d’intérêt politique majeur, il est pour le moins curieux que le Président Dia, au regard de son parcours et de sa stature, prenne le parti de s’inviter dans le débat en des termes aussi négatifs ne pouvant produire comme seul effet que faire mal à un homme, à sa famille, ses amis et aux millions de Sénégalais et d’Africains qui se reconnaissent dans les justes causes auxquelles il a consacré sa vie d’intellectuel, de militant et d’homme d’Etat. Il est regrettable que le Président Dia qui peut légitimement revendiquer une posture indiscutable de personnalité de bon conseil capable de mettre son expérience et sa sagesse au service du Sénégal, ait au contraire emprunté l’option de s’installer dans des attaques sans fondement, de surcroît, fortement personnalisées avec une volonté manifeste de nuire.

Les idées justes n’ont jamais prospéré sans support humain. Ce sont des hommes en chair et en os, avec épouse, enfants, familles et amis qui portent et incarnent les idées, déroulent des projets, empruntent des itinéraires souvent difficiles, s’engagent dans des causes, et portent des grands desseins.

Sauf à décider d’exterminer les membres de leurs familles dès lors qu’ils accèdent à des positions de pouvoir, personne ne peut ôter à la famille, aux amis et aux compagnons de lutte, le droit de s’investir auprès de leur leader, homme ou femme, pour l’assister dans l’accomplissement des redoutables missions liées à l’exercice du Pouvoir.

Pourquoi dans une démocratie considérée comme de référence la France, on l’accepte de Bernadette et Claude Chirac auprès de leur époux et père alors que chez nous on devrait l’interdire à Viviane et Sindiély ?

Tout Sénégalais honnête qui fait un tour dans le département de Kédougou considéré jusqu’à l’an 2000 comme le plus pauvre du pays, se rendra compte des résultats spectaculaires enregistrés dans le domaine social et peut témoigner de l’apport concret, visible et salutaire de l’Association de Madame la Première Dame, Education/Santé qui constitue aujourd’hui, dans ce département aux confins du Sénégal, le principal levier de promotion sociale de communautés jusque-là dans un état de quasi abandon.

Pour ce qui concerne Monsieur Karim Wade, que nous considérons pour notre part comme un fils du Sénégal comme vous et moi, on ne voit pas pourquoi il ne peut jouir du droit, en tant que cadre de ce pays, de la possibilité de mériter la confiance du Président de la République du Sénégal, pour accomplir telle ou telle mission à ses côtés au même titre que n’importe lequel d’entre nous ?

En ce qui me concerne en particulier, en tant que membre du Gouvernement, je puis attester sans aucun risque d’être démenti que je suis incapable de donner des indications sur la couleur des murs du Bureau de Monsieur Karim Wade. Et je n’ai jamais eu souvenance d’une seule tentative de sa part, d’interférence dans les affaires de mon département pour quelque motif que ce soit.

Soyons justes et restons sereins. Sachons raison garder. Engageons le débat politique sur le terrain des idées, des réalisations, de nos projets de réforme et sur les meilleures conditions de tracer des perspectives rayonnantes d’avenir pour notre pays et notre continent.

Les acteurs politiques sont des hommes et des femmes qui ont, souvent au prix d’énormes sacrifices sur leur vie, leurs biens, leur liberté et celles de leurs familles, construit une image et bâti une réputation qui leur vaut l’estime et l’affection de nombre de leurs compatriotes qui, à côté de ce qui apparaît comme des privilèges liés à l’exercice du pouvoir n’en sont pas moins conscients des contraintes, des risques et des avatars incommensurables qui s’attachent à l’exercice de la responsabilité de gouverner.

Comment voulez-vous que l’épouse ou l’enfant d’un homme politique pourchassé, agressé, brutalisé voire même parfois humilié dans son parcours d’opposant, que ceux-là même qui ont partagé souvent dans la solitude, l’angoisse et la peine des brimades, une fois au pouvoir, ne se mobilisent pour lui apporter soutien, assistance et sécurité dans l’assumation de la charge combien redoutable de diriger un pays ?

Le Président Dia lui-même n’y a pas échappé. Nous avons tous été témoins du formidable élan de solidarité, de soutien, d’affection voire même de passion qui l’ont entouré tout au long de son parcours politique, au pouvoir comme dans les épreuves.

Ses épouses et enfants, ses amis et compagnons ont toujours répondu présents à ses côtés pour lui garantir en toute circonstance une présence, une solidarité et une assistance qui ne lui ont jamais fait défaut.

Pourquoi le Président Wade ne devrait-il pas mériter des membres de sa famille, de ses amis, de ses compagnons et de ses militants du même attachement et de la même ferveur dans la défense des justes causes qui justifient le combat de toute une vie.

Le Président Wade est en train de donner au Sénégal, à l’Afrique et au monde entier de belles leçons de tolérance et de générosité dans le strict respect des valeurs fondatrices d’une société de liberté et de justice.

Le seul combat qui vaille pour nous aujourd’hui est d’ancrer dans notre culture politique ces valeurs essentielles de manière à rendre irréversible la marche de notre pays vers une société de plus en plus réconciliée avec elle-même dans la tolérance, la paix, la prospérité et la démocratie.

C’est ce bon combat qui est celui du Président Wade. C’est ce même combat qui est le nôtre. Dans ce combat, le Président Dia a un rôle important à jouer. C’est sur ce terrain que nous l’attendons.

Par Abdou Fall porte-parole du Pds