Doyen, que votre Témoin me témoigne!
J’ai lu avec fierté votre « papier » que vous avez férocement adressé aux enseignants.
Je m’en suis délecté tout le long de ma lecture. J’aime lire ce type de texte... clair, concis, simple et précis. A travers votre verbiage, je vous félicite monsieur , vous avez un bon verbe. Que les enseignants en soient remerciés!
Mais Mamadou, vous avez l’air d’un homme intelligent et courtois mais votre sortie a déterré votre nanisme intellectuel.
De votre bureau avec le confort qu’il faut, vous déposez toute sorte d’insanités sur l’enseignant en service à des centaines de kilomètres de chez lui dans des conditions cauchemardesques. Son bureau en paille soutenu par des tubes de fortune à la portée des scorpions et autres serpents ne gêne en rien le journaliste que vous êtes?
Le manque d’outils de travail qu’il subit chaque jour et l’insécurité a laquelle il est exposé ne gênent en rien le journaliste que vous êtes ?
Les agressions physiques qu’il subit ne gêne en rien le journaliste que vous êtes ?
Mamadou, est-il arrivé à un membre de votre famille d’être dans une profession pendant plus de dix ans d’exercice sans aucune forme d’avancement ?
Vous est-il arrivé une seule fois de faire plus de trente kilomètres de route, chargé dans un camion comme une marchandise avant de trouver une banque pour percevoir votre salaire? Eh bien vous ne risquez pas d’y croire mais jetez un coup d’œil à Kedougou et environs. Vous comprendrez mieux.
Mamadou Oumar, El Hadji Ndior est mon ami. Il est en service dans un village non loin de la Gambie. Il achète stylos, cahiers et chaussures à ses élèves. Vous savez pourquoi ? Parce que quand il leur demande d’ en acheter, les parents menacent de les retirer de l’école. C’est bizarre, mais ces parents pensent que les enseignants sont payés selon le nombre d’élèves par classe. Pendant les travaux champêtres, certains parents viennent très souvent à l’école demander à leurs enfants de les accompagner au champs en attendant que leurs jeunes frères les remplacent dans la classe. Pour eux, c’est une question de remplissage de classe. Pourtant El Hadji ne se fatigue pas. Il continue à aider et à sensibiliser.
Mouhamed Diop a dénoncé le père de l’un de ses meilleurs élèves à la gendarmerie du Cap Skiring car ce dernier voulait forcément l’envoyer à la pêche artisanale pour un enfant mineur. Aujourd’hui, ce gosse fait d’excellents résultats. Moi-même oisif errant que je suis, j’ai essayé tant bien que mal de gérer des situations plus ou moins similaires.
Et ces exemples, il y’en a à n’en plus finir.
Bref, cher Mamadou Oumar, la langue que vous avez utilisée pour nous charger d’insanités devrait être votre conseillère. Je parie que c’est un enseignant, que dis-je, un gréviste déserteur qui vous l’a soigneusement apprise. Ces gens-là, vous leur devez du RESPECT. Cher doyen, les enseignants ne refusent pas de retourner dans les salles. Ils demandent juste les moyens de protection qu’il faut. Et rassurez-vous, ils n’en demanderont plus quand ce sera la fin des conseil des ministres par visioconférence. Vous savez mon cher, c’est logique, légitime et légal de demander des moyens d’accompagnement en cette période ou le doute plane partout non seulement pour le droit de se protéger mais pour le devoir de protéger les autres. Ce bataillon de la peur, comme vous nous appelez ira au front comme il a toujours été le cas.
S’il y’a aujourd’hui une désacralisation du statut d’enseignant, c’est des hommes comme vous doyen, qui en sont les instigateurs. Sans rien comprendre du combat de ces hommes et femmes de valeurs, cette corporation qui vous a fait et qui a fait votre progéniture, vous vous permettez de les traiter de déserteurs... de soldat de la peur.
Doyen, mon éducation ne me permet pas de vous dire ce que je pense de votre papier mais je me limiterai juste à dire ceci.: « Quand dans un pays, ceux qui sont chargés de faire passer les messages versent dans l’irrespect et la démagogie soit pour faire plaisir ou pour se faire une santé professionnelle, que ce peuple comprenne qu’il est en droite ligne vers l’abîme ».
Mamadou Oumar Ndiaye, bonsoir !
El Hadji Massiga Sene
Professeur au Lycée Technique d’Industrie Maurice Delafosse.
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