Sur deux différents billets, j’ai exprimé mon indignation au sujet des voies de faits perpétrées par des forces de l’ordre sur des professionnels de la presse.
A présent que la clameur s’est estompée, place à la réflexion.
Intellectuellement, l’agression humiliante des deux journalistes demeure inacceptable.
Humiliation pour humiliation, j’ai eu culturellement honte. Kambel se remettra sans doute de ses traumatismes physiques mais qu’en serat-il de l’humiliation involontaire -parce qu’irréfléchie- de ses confrères qui ont inondé les stations Fm de ses cris, et ses supplications.
« La vengeance est un plat qui se mange froid » disent les Blancs que nous imitons si mal. Culturellement, une presse censée être le parangon de nos vertus aurait pensé à l’épouse, à la fillette de Kambel entendant leur homme, celui là même chargé de la protection familiale, pleurer, gémir sans retenue.
Au cours de la marche contre les homosexuels, des flics sadiques se seraient acharnés sur l’Imam Diankhé pour le plaisir cynique de le voir dissoudre sa dignité dans des cris de douleur. Le digne homme, assurément non sevré au biberon, sait qu’il existe un seuil au-delà duquel la douleur devient insensible. A ces moments là, l’image divine efface celle du bourreau. Et seule la mort est attendue avec allégresse.
Un sénégalais pétri dans cette tradition presque suicidaire du jom aurait eu de honte.
Chez mes ancêtres sérères d’avant l’Islam le stoïcisme n’était pas étranger à nos valeurs de civilisation.
Fusil en bandoulière, le père ou l’oncle conduisait son futur circoncis de fils au mortier avec la décision irrévocable de lui brûler la cervelle au moindre tressaillement de douleur, puis emboucher l’arme à son tour.
Chez les femmes, le tatouage à vif sur lèvres et gencives était épreuve de courage à laquelle il fallait faire face sans le moindre gémissement au risque de devenir, sur plusieurs générations, le thème à chansons de « lawaankat , mbandkat » et autres troubadours sillonnant villages et hameaux pour vilipender toute défaillance aux vertus de courage et d’endurance.
Un journaliste disposant d’un minimum de culture devrait connaître ces valeurs là et ne jamais répandre des pleurs d’homme sur des chaînes nationales, quel que soit l’effet escompté. Laissez ce genre de sensations aux Toubabs
Humiliation pour humiliation, honte aux ronds de cuir bêtes et méchants, honte aux radios diffuseuses de bébêtes shows.
Je ne le dirai jamais assez : ces vents du Nord nous rendent fous.
Gueye Ngom
Florida
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