En vrai maestro, le covid-19 dirige l’orchestre mondial avec symphonie. Le Sénégal fait partie du chœur forcé. Le coronavirus double, sinon triple les dièses (#) dans le rythme à adopter. Presque tous les pays accordent leurs violons sur les mesures à prendre : confinement, report de manifestations, fermeture de frontières etc. Seul petit bémol dans cette gamme de covid-19 : l’usage des masques ou du gel hydro-alcoolique. A Rufisque, dans les agences de transfert d’argent, le produit liquide est prisé pour au moins, limiter les dégâts.
Le diable aime se nicher dans les détails. Le lavage de main était pour certains un détail dont on pouvait se passer. Actuellement, cet acte est passé de détail en gros dans le quotidien de la majorité des Sénégalais. Il y a un risque dans le secteur du transfert d’argent. Les billets de banque circulent vite et la propreté des mains qui les touchent est très relative. ‘‘Moi je ne badine pas avec. Ce gel est une condition sine-qua non dans mon travail en ces temps de corona’’ plaisante Baba, un prestataire de transfert d’argent, dont l’agence est sise à la cité Senelec. Sur un coin du comptoir - le prestataire est séparé du client par une vitre – on voit une bouteille de gel alcoolisé à demi vide. ‘‘Ce flacon, je l’ai mis là pour les clients. Je me prémunis. Mais je ne force personne à son entrée à toucher au liquide’’ dit-il en levant les mains gantées.
Au-delà du gel, Baba porte des gants pour plus de sécurité. ‘‘Depuis l’apparition de la maladie au Sénégal, j’ai pris les devants en achetant un carton de gants et des flacons de gel hydro-alcoolique’’ dit-il tout en écarquillant les yeux, signe d’un niveau de précaution notoire. Ses gants sont devenus jaunes au contact permanent avec les billets de banque. Il les change après sa pause, pour en enfiler une nouvelle paire qu’il va jeter à sa descente. Une cliente entre. ‘‘Touchez au gel madame’’ lance une voix venant du comptoir, à la demoiselle. Toute souriante, elle répond : ‘‘bien sûr ! J’y manquerai pas’’. Un homme attendant son tour et assis sur le banc, se lève brusquement et se dirige vers la bouteille de gel hydro-alcoolique : ‘‘je me le ferai pas dire’’ affirme t-il en souriant, causant l’hilarité dans cette agence de transfert d’argent.
Sur la route des HLM en face du stade, un homme -à peu près dans la trentaine- tient son agence. Sous le couvert de l’anonymat et seul dans son agence, le prestataire dit être conscient de ce fléau qu’est le coronavirus. Avant même de répondre aux questions, il sort de sa poche de chemise, un petit flacon qu’il agite. ‘‘Vous voyez monsieur ? J’en ai par devers moi tous les jours. Avant de commencer le boulot, j’en verse quelques gouttes dans le creux de ma main et puis je me frotte les deux mains pendant 20 secondes. Je répète le même procédé presque toutes les 30 minutes’’ soutient-il tout en continuant d’agiter le petit flacon. Contrairement à Baba, ce gérant n’a pas réservé une bouteille du liquide antiseptique pour ses clients et ne porte pas de gants. Il reconnait qu’il n’y avait pas du tout pensé.
'Le virus peut survivre pendant une période limitée'
La durée de survie du covid-19 dépend de la surface sur lequel il est déposé. Le billet de banque pourrait être rangé dans la catégorie des cartons (s’agissant des catégories de surface). Le virus peut survivre pendant 24 heures (source: Nih, Intramural Research Program of Niaid). ''Et ces prestataires de service de transfert d’argent ne sont pas à l’abri. C’est pourquoi il est fortement recommandé le lavage des mains’’ révèle un médecin et chercheur. La Chine a décidé de désinfecter les billets aux rayons ultraviolets. Les Etats-Unis eux exigent une quarantaine pour des billets provenant de l'Asie. Par contre, selon le journal Le Monde, la Banque de France minimise le risque de transmission par les billets de banque, arguant que "les gouttelettes respiratoires d'une personne infectée déposées sur un billet pourraient survivre pendant une période limitée, mais pas significatives pour être un vecteur majeur de transmission".
Au début du mois de mars, la demande en gel hydro-alcoolique était tellement forte qu’en un moment donné, il y avait pénurie du produit liquide dans les pharmacies. Certaines de celles-ci ne manquant même d’en augmenter le prix, au grand dam des populations.
Le Sénégal en est présentement à 38 cas d’infection dont 5 guéris. Le ministère de la santé signale que les 33 autres sont toujours sous traitement. A Rufisque, les populations continuent de vaquer à leurs occupations sans porter de masque. L’heure n’est pas encore à la panique ou au sauve-qui-peut. Le président Macky Sall en répondant au challenge de son homologue rwandais Paul Kagamé, a sensibilisé sur l'importance du lavage des mains. Cependant, rien ne garantit l’immunité face à la maladie. Le covid-19 est assez sournois pour se glisser dans les plis d’un billet de banque, attendant que cet argent fasse son bonheur………. et le malheur du propriétaire.
0 Commentaires
Participer à la Discussion