Après plusieurs mois de silence, l’ancien président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali s’exprime par la voix de son avocat. Il déplore l’acharnement dont il se dit victime et qualifie son futur procès de « mascarade ».
En qualifiant son futur procès de « mascarade » – par la voix de l’un de ses avocats, le vice-bâtonnier de Paris Jean-Yves Le Borgne – Zine el-Abidine Ben Ali ose une sortie pour le moins tonitruante après plus de quatre mois de silence et d’exil en Arabie Saoudite. Depuis le 14 janvier, date de sa fuite de Tunisie, l’ancien président n’avait accordé aucune intervention directe ou indirecte aux médias. S’il sort de sa réserve, toujours selon son avocat, c’est parce qu’il est « lassé (du) rôle de bouc émissaire reposant sur le mensonge et l’injustice » qu’on veut lui attribuer.
Ces déclarations font suite aux perquisitions opérées dans les bureaux officiels du président déchu, qui sont qualifiées par Me Le Borgne de « mises en scène destinées à le discréditer ». Surtout, l’intervention de la défense de Ben Ali se veut une réponse musclée à l’annonce de son futur procès « dans les jours ou les semaines à venir », selon une source du ministère tunisien de la Justice cité par l’AFP samedi dernier.
« Rupture symbolique »
Selon l’avocat, le procès n’aurait comme seul objectif que « d’illustrer une rupture symbolique avec le passé ». Un porte-parole du ministère a affirmé que 88 enquêtes sont en cours concernant le couple Ben Ali, sa famille et d’anciens ministres et responsables du régime déchu. Les deux dossiers dans lesquels Ben Ali pourrait être rapidement jugé sont mineurs : il s’agit de la découverte d’armes et de drogues d’une part, et de celle de 27 millions de dollars en liquide dans un palais situé au nord de Tunis d’autre part.
Les autres dossiers sont souvent beaucoup plus graves : homicides volontaires, complot contre la sécurité de l’Etat, abus de pouvoir, malversation, trafic de pièces archéologiques, blanchiment d’argent et violation de la réglementation sur les marchés publics.
Question de légitimité
« L’opinion, souvent guidée par la presse, s’est enfermée dans un manichéisme élémentaire selon lequel le régime politique tunisien d’hier est responsable de tous les maux et coupable de tous les crimes », déplore Me Le Borgne, arguant que le pouvoir « transitoire et confus » se sert de cette frénésie accusatrice pour asseoir une légitimé qu’il ne parvient pas à obtenir.
Mais la justice tunisienne n’est pas la seule à enquêter sur les malversations probables de la famille Ben Ali. À la suite d’une plainte de trois ONG, le parquet de Paris a ouvert en janvier une enquête préliminaire pour recenser et identifier l’origine des biens détenus par l’ex-président et ses proches, qui ne seraient « pas le fruit des seuls salaires et émoluments » d’après ces associations.
M. Ben Ali, réfugié depuis plusieurs mois en Arabie saoudite, où il aurait été victime d’un AVC à la mi-février, sera défendu par l’avocat libanais Me Akram Azouri, qui devrait travaille en étroite collaboration avec le français Me Le Borgne. (avec AFP)
3 Commentaires
Undefined
En Juin, 2011 (16:59 PM)Undefined
En Juin, 2011 (17:25 PM)As
En Juin, 2011 (00:36 AM)Participer à la Discussion