Le Premier ministre ivoirien, dont le décès a été annoncé le 10 mars, apparaissait comme l’un des plus sérieux candidats à la succession d’Alassane Ouattara. Une ambition soudainement brisée.
C’était un vendredi midi, à la veille de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. La présidence ivoirienne avait invité des journalistes étrangers et ivoiriens pour un échange informel dans le jardin luxuriant de la résidence d’Alassane Ouattara, à Abidjan. À sa table, Hamed Bakayoko faisait du Hamed Bakayoko. D’une main, le Premier ministre et ministre de la Défense ivoirien consultait de manière compulsive son téléphone portable, réglant affaires privées et professionnelles. De l’autre, il engloutissait un plat copieux. Hamed Bakayoko était un bon vivant, instinctif, alerte, curieux. Il posait des questions en vous regardant droit dans les yeux, comme pour percer le secret de votre âme.
Un homme de pouvoir
Ce fut à notre tour de l’interroger : après le décès d’Amadou Gon Coulibaly, survenu le 8 juillet 2020, n’avait-il pas cru que son heure était venue et qu’il allait pouvoir briguer la magistrature suprême ? « Depuis sa mort, je me suis rendu compte de ce que représentait la charge de gouverner et je ne suis pas sûr de le vouloir à tout prix, avait-il répondu. J’aime mes amis et mon style de vie. Je ne l’échangerais pour rien au monde. »
On avait esquissé un léger sourire. Lui aussi. Comment le croire ? Hamed Bakayoko était un homme de pouvoir. Un animal politique dont l’ambition débordait, prêt à se battre pour l’assouvir. Au fil des années, à force d’audace, de culot et grâce à cette intelligence qui caractérise les autodidactes, cet homme imposant au large cou plissé s’était rendu indispensable à Alassane Ouattara, devenant l’un des hommes les plus puissants de Côte d’Ivoire.
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