C’est sur commande de Marcellin Zahui, directeur de la Caisse d’épargne ivoirienne, que le groupe Chaka a livré le logiciel de compense qui vaut au frère de Meïssa Ngom, Moustapha d’être sur la liste noire du procureur d’Abidjan, comme le révélait « L’As » hier. Moustapha Ngom, ingénieur en Télécom, a testé en Janvier dernier le système en Côte d’Ivoire, après que Zahui a fait appel à son frère Meïssa avec qui il est en relation d’affaires depuis 1998. Zahui lui-même figure à la 127ème place sur la « liste noire » du Parquet. Révélations sur une affaire qui embarrasse au plus haut point Chaka.
Marcelin, l’homme par qui tout est arrivé
Comme nous le révélions, le frère de Meïssa Ngom, Moustapha, figure bel et bien à la 95e place sur la liste noire du procureur d’Abidjan qui vise plusieurs personnes, civiles et militaires. « L’As » a appris de sources autorisées qu’au cœur de cette affaire, se trouve Marcellin Zahui, directeur de la Caisse d’épargne de Côte d’Ivoire, et ami de Meïssa Ngom, avec qui il est en relation d’affaires depuis 1998. Marcelin figure d’ailleurs à la 127ème place sur la « liste noire » dudit procureur. Pour l’histoire, c’est le groupe Chaka Computer, qui a conçu tous les logiciels de fonctionnement de la Caisse d’épargne de Côte d’Ivoire, qui accueille un million de clients, c’est-à-dire plus que l’ensemble de la clientèle de toutes les Banques sénégalaises.
À la suite des mesures restrictives prises par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), c’est Marcellin Zahui (lui-même ancien de la Banque centrale), homme clef du dispositif de Gbagbo, qui a joint Meïssa Ngom pour lui demander de lui envoyer un chef de projet. C’est sur ces entrefaites que Moustapha Ngom, ingénieur en Télécom, est envoyé sur place. Marcelin informe l’envoyé de Chaka qu’il a besoin d’un système de compense. Chaka marque son accord et Moustapha Ngom réclame de suite tous les données et paramètres pour concevoir le système.
Le système testé en Janvier à la Caisse d’épargne
Ainsi, le système est conçu et testé en Janvier à la Caisse d’épargne d’Abidjan. Il se trouve que les autorités ivoiriennes voulaient utiliser ce système comme compense entre les Banques publiques ivoiriennes, c’est-à-dire la Caisse d’épargne, la Bni, la Versus Bank, la Bfa et la Banque de l’Habitat de Côte d’Ivoire. Chaka était-il informé des « projets » de Marcelin ? « Non. D’ailleurs, on n’a pas discuté du prix, parce qu’entre la Caisse d’épargne ivoirienne et nous, il y avait un rapport de confiance. La preuve, jusqu’à ce jour, nous n’avons pas été payés », plaide un cadre du groupe.
Ce dernier reconnaît effectivement que Chaka a fourni le logiciel. Un acte qui vaut au frère de Meïssa Ngom d’être dans le collimateur du Parquet ivoirien. Des sources autorisées renseignent d’ailleurs que les réquisitions du procureur prés le Tribunal d’Abidjan ont été froidement exécutées par les Banques locales. En effet, tous les fonds du groupe logés dans les différentes Banques d’Abidjan ont été gelés, comme le demandait le Ministère public abidjanais.
Chaka tente de rectifier le tir
Au niveau de Chaka, l’on affirme que le groupe a tenté de rectifier le tir, lorsque Moustapha Ngom a été informé de l’usage que les autorités ivoiriennes comptaient faire du logiciel. « La mise en production a été bloquée. Ils ont le système, mais ils n’ont jamais pu l’utiliser », soutient un interlocuteur chez Chaka. Qui plus est, le même interlocuteur soutient que le logiciel peut servir de compense entre les Banques, mais n’est pas capable d’effectuer des transferts d’argent qui ne sont possibles que par Rtgs.
Pour autant, les autorités judiciaires ivoiriennes croient savoir qu’en dehors même de la compense, le système conçu par Chaka devait aussi permettre de déverrouiller le système de la Bceao. « Le système de la Bceao est protégé par Schlumberger, numéro un mondial de la sécurité. C’est impossible », se défend ce cadre de Chaka. N’empêche, l’erreur fondamentale du groupe a été sans doute de concevoir un système, tout en « ignorant les projets » des acquéreurs. Au-delà même du Parquet d’Abidjan, l’Union européenne (Ue) compte prendre des mesures contre toutes les personnes figurant sur la liste noire du Parquet abidjanais. D’ailleurs, tous les comptes répertoriés de l’ancien gouverneur de la Bceao, Henry Dacoury Tabley, ont été bloqués.
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