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En Afrique, la croissance économique est menacée par la crise du Covid-19

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En Afrique, la croissance économique est menacée par la crise du Covid-19
Les pays exportateurs de pétrole risquent d’être les plus durement affectés alors que les cours sont en chute libre.

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Ils auraient dû être quelque 1 800 décideurs, cadres dirigeants d’entreprises, investisseurs ou responsables politiques à converger lundi 9 et mardi 10 mars vers Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, pour l’Africa CEO Forum. Mais le « Davos africain », comme certains surnomment cette grand-messe des affaires, a été annulé in extremis par ses organisateurs, le groupe de presse Jeune Afrique. Motif : l’épidémie due au nouveau coronavirus Covid-19. Seule une poignée de cas sont pourtant recensés à l’échelle du continent.

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Le symbole est révélateur. Encore relativement épargnée en termes de contaminations, l’Afrique subit néanmoins les répercussions de l’épidémie. Au plan économique notamment. La chute de la demande en Chine, plus gros foyer épidémique mais également premier partenaire commercial du continent africain, devrait laisser des traces.

« Le principal canal de transmission du virus à l’économie africaine sera la baisse des prix du pétrole qui va durement affecter les pays producteurs », résume John Ashbourne, économiste spécialiste de l’Afrique au sein du cabinet d’analyse londonien Capital Economics. La Chine est le premier importateur mondial d’or noir et les cours ont dégringolé depuis le début de l’épidémie.

Un baril autour des 30 dollars ?

Une débandade désormais accentuée par la crise au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), opposant depuis vendredi la Russie à l’Arabie saoudite. Lundi, les prix du brut étaient en chute libre, certains observateurs n’excluant plus que le baril finisse par renouer avec son niveau historiquement bas de 2016, autour de 30 dollars (26 euros).

Cette situation pourrait se révéler catastrophique pour les grands producteurs subsahariens que sont le Nigeria, l’Angola ou le Congo-Brazzaville, ou encore l’Algérie en Afrique du Nord, et dont les finances publiques peinent toujours à se remettre du contre-choc pétrolier de 2014-2016. Seize pays du continent sont déjà catalogués en surendettement ou en voie de l’être par le Fonds monétaire international (FMI), parmi lesquels une bonne moitié sont des pays exportateurs

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Selon les calculs du groupe de réflexion britannique Overseas Development Institute, une baisse de 5 % des prix du pétrole sur un an pourrait engendrer 4 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros) de pertes en recettes d’exportations pour l’Afrique subsaharienne. Or le repli risque d’être bien plus sévère. Mi-février, le FMI avait déjà dégradé ses prévisions de croissance pour le Nigeria. La plus importante économie africaine est ultradépendante de l’or noir, qui représente plus de 90 % de ses exportations et la moitié de ses recettes budgétaires. Son produit intérieur brut (PIB) devrait progresser de 2 % en 2020, au lieu des 2,5 % initialement prévus.

Contrecoups sur le tourisme

Si les cours des hydrocarbures jouent un rôle-clé dans la trajectoire économique du continent, celle-ci risque d’être influencée négativement par d’autres aspects de la crise sanitaire mondiale. Les quarantaines et mesures de confinement ont perturbé les chaînes d’approvisionnement en Chine. Au risque de créer des pénuries et de pousser l’inflation à la hausse dans un certain nombre de pays africains qui importent massivement auprès du géant asiatique des produits de consommation à bas coût (électronique, textile, produits d’équipement ménager, etc.).

Certains pays redoutent aussi les contrecoups de l’épidémie sur le tourisme. L’effondrement du nombre de visiteurs en provenance de Chine, et désormais d’Europe – elle aussi gagnée par l’épidémie – est une très mauvaise nouvelle pour les grosses destinations touristiques que sont l’île Maurice, le Sénégal, la Tanzanie ou le Cap-Vert, mais aussi les pays du Maghreb. Le Maroc a enregistré une chute brutale des arrivées depuis la Chine, alors que la toute nouvelle ligne aérienne entre Casablanca et Pékin a été interrompue dès la fin janvier.

La propagation rapide du virus en Italie, en France et en Allemagne est un autre coup dur pour le continent. « C’est plus grave pour l’Afrique du Nord où certains pays, comme le Maroc et la Tunisie, sont très intégrés aux chaînes de valeurs européennes, dans l’automobile, le textile ou l’aéronautique », détaille Dominique Fruchter, économiste à la Coface.

Il reste à savoir si l’Afrique parviendra à éviter les contaminations massives à cette infection virale. Dans le cas contraire, les conséquences risquent d’être difficiles à gérer, alors que de nombreux pays du continent pâtissent de systèmes de santé fragiles et ne disposent d’aucune marge de manœuvre budgétaire. Le FMI a annoncé début mars qu’il allait mobiliser 50 milliards de dollars (43,5 milliards d’euros) pour lutter contre le nouveau coronavirus. Cette somme est destinée aux pays émergents et à faible revenu pour répondre à leurs éventuels besoins, dont 10 milliards seront disponibles à taux zéro pour les Etats les plus pauvres. « Il est évident que nous donnons la priorité aux pays d’Afrique qui ont déjà été confrontés à des difficultés », a déclaré le 4 mars Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI.  


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