Le président égyptien Hosni Moubarak, qui a délégué ses prérogatives à son vice-président sous la pression de la rue, a quitté vendredi 11 février Le Caire pour Charm el-Cheikh, dans le Sinaï. Pendant ce temps, plus d'un million de personnes manifestaient contre lui à travers le pays. Le Parti national démocrate (PND, au pouvoir) a indiqué que le chef de l'Etat se trouvait dans la station balnéaire égyptienne, où il dispose d'une résidence.
La place Tahrir, symbole de la contestation au Caire, était encore noire de monde pour cette journée -la 18e consécutive- de mobilisation massive contre M. Moubarak. Vers 13H30 TU, au moins 3 000 personnes se dirigeaient vers la principale résidence de M. Moubarak, dans le quartier de Heliopolis, dans la périphérie du Caire, et leur nombre grossissait à vue d'œil.
Près 2 000 manifestants se trouvaient également à l'extérieur du bâtiment abritant la télévision d'Etat, sur les rives du Nil, près de la place Tahrir, où des centaines de milliers de personnes étaient rassemblées.
Un responsable égyptien de la sécurité a estimé à un million le nombre total de manifestants dans la capitale égyptienne, tandis qu'un photographe de l'AFP a estimé à quelque 400 000 à 500 000 le nombre de manifestants à Alexandrie.
L'armée égyptienne « garante » des réformes
Jeudi soir, Hosni Moubarak a annoncé qu'il déléguait ses prérogatives au vice-président, Omar Souleimane, mais qu'il restait de droit président jusqu'à la fin de son mandat en septembre, une annonce qui a provoqué la colère des manifestants qui réclamaient son départ immédiat.
« J'ai décidé de déléguer au vice-président les prérogatives du président de la République conformément à ce que prévoit la Constitution (...) La transition du pouvoir va d'aujourd'hui à septembre », date de la présidentielle à laquelle il ne compte pas se présenter, avait dit le président, ajoutant qu'il ne se plierait « pas aux diktats étrangers ».
L'armée égyptienne, colonne vertébrale du régime, s'est portée « garante » vendredi matin des réformes promises par M. Moubarak, en soulignant « la nécessité d'un retour à la vie normale » dans le pays secoué depuis le 25 janvier par les protestations.
« Il sait que c'est fini »
Hosni Moubarak, qui a gouverné sans partage depuis 30 ans l'Egypte, conserve ainsi de larges pouvoirs constitutionnels, et reste le seul à pouvoir dissoudre le Parlement et limoger le gouvernement, en vertu de l'article 82. Il a aussi annoncé l'amendement de cinq articles controversés de la Constitution concernant la présidentielle.
Le président américain Barack Obama, dont le pays accorde à l'armée égyptienne une aide annuelle de 1,3 milliard de dollars, a jugé insuffisant ce transfert de prérogatives, alors que d'autres capitales appelaient à une transition immédiate du pouvoir.
Selon l'ancien ministre et député israélien Binyamin Ben Eliezer, considéré comme le responsable israélien le plus proche de Moubarak, le président lui a indiqué jeudi soir au téléphone « qu'il cherchait une voie de sortie. » « Il sait que c'est fini, que c'est la fin de la route. Il ne m'a dit qu'une seule chose peu avant son discours, c'est qu'il cherchait une voie de sortie », a affirmé M. Ben Eliezer à la radio militaire.
L'opposant égyptien le plus en vue, Mohammed El-Baradei, s'est de son côté alarmé dans la nuit, en avertissant que l'Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe (80 millions d'habitants) allait « exploser ».
Le conseil suprême des forces armées, dans un communiqué lu à la télévision par un présentateur, a assuré qu'il garantirait « une élection présidentielle libre et transparente à la lumière des amendements constitutionnels décidés » et a mis « en garde contre toute atteinte à la sécurité de la nation et des citoyens ».
7 Commentaires
Smokey
En Février, 2011 (16:23 PM)Fippou
En Février, 2011 (16:24 PM)Bro
En Février, 2011 (16:26 PM)Amy
En Février, 2011 (16:28 PM)Fippou
En Février, 2011 (16:28 PM)Pepe
En Février, 2011 (17:04 PM)Révolution!
En Février, 2011 (22:19 PM)Participer à la Discussion