Chemise blanche siglée à son nom, Alassane Ouattara salue la foule du toit ouvrant de sa voiture. Son cortège fonce à travers Bouaké, suivi par des centaines de jeunes à moto, zigzaguant dangereusement dans les rues de la deuxième ville de Côte d’Ivoire.
Quelques minutes plus tôt, le chef de l’État ivoirien a dû écourter son meeting de lancement de campagne devant l’impossibilité du service d’ordre de contenir une foule imposante et fatiguée d’attendre depuis plusieurs heures. Pleine à craquer, la place « ADO » était prête à exploser bouleversant le protocole.
À Bouaké lors du lancement de la campagne d'Alassane Ouattara, le 16 octobre 2020.
« Rien qu’à Bouaké, vous êtes plus nombreux ici que tous les gens de l’opposition qui se sont réunis à Abidjan. La majorité est là. C’est le RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, parti au pouvoir). ADO est le seul candidat qui vaut la peine d’être voté. C’est pour ça que les autres ne veulent pas aller aux élections. Ils ont peur de perdre. S’ils sont garçons, qu’ils viennent aux élections et les Ivoiriens vont nous départager. Ils n’ont qu’à venir parler au peuple. Nous allons les battre. ADO gagnera au premier tour. Un coup KO ! »
« Boycott actif »
Le folklore électoral et l’hystérie désordonnée de la jeunesse de l’ancienne capitale de la rébellion étaient pourtant trompeurs. Ce vendredi 16 octobre, la Côte d’Ivoire ressemblait à tout sauf à une Nation en campagne. La veille, l’ancien président Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan, deux des quatre candidats retenus pour la présidentielle du 31 octobre, ont appelé leurs militants à « empêcher la tenue de toute opération liée au scrutin et de mettre en application le mot d’ordre du boycott actif ». « Nous entrons dans la deuxième phase de la désobéissance civile », a précisé Affi N’Guessan
Un mot d’ordre suivi ce vendredi dans quelques localités où la distribution des cartes électorales fut perturbée. Daoukro, la ville natale d’Henri Konan Bédié, fut elle paralysée. À Bongouanou, des affrontements ont éclaté entre partisans, faisant des blessés légers et dégâts matériels.
Kouadio Konan Bertin (KKB) se tient désormais seul face à Ouattara. Le dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) lançait lui aussi sa campagne ce 16 octobre à Divo. Il compte tenir de nombreux meetings. Mais ses moyens sont néanmoins dérisoires face à la machine du candidat du RHDP, dont le visage s’affiche en grand dans les rues d’Abidjan ou de Yamoussoukro.
MAIS ALLONS AUX ÉLECTIONS !
Alors que le boycott de Bédié et Affi, qui contestent le droit à Ouattara de briguer un troisième mandat, se précise, ADO a préféré modifier son programme de campagne. Il ne participera qu’à un seul autre meeting – à Abobo le 29 octobre – laissant le Premier ministre, Hamed Bakayoko, et le secrétaire général de la présidence, Patrick Achi, occuper le terrain.
À Bouaké lors du lancement de la campagne d'Alassane Ouattara, le 16 octobre 2020
La possibilité d’un rapprochement semble s’éloigner
Toutefois, presque au même moment, son gouvernement transmettait à Bédié et Affi une invitation officielle à une séance de travail « relative à l’organisation de l’élection du 31 octobre », présentée comme une réponse à la volonté de dialogue affichée par l’opposition. Une proposition immédiatement refusée.
La possibilité d’un rapprochement semble de plus en plus s’éloigner. Ces derniers jours, l’entourage d’Henri Konan Bédié semblait pourtant croire que ses initiatives diplomatiques porteraient leurs fruits. Les 12 et 13 octobre, le sphinx de Daoukro avait plaidé sa cause auprès du du roi des Ashantis, Otumfuo Nana Osei Tutu II, et du chef de l’État ghanéen, Nana Akufo-Addo. Son intervention n’a cependant pas permis de compromis entre Bédié et ADO. Le premier appelle à un report de l’élection, tandis que le second, inflexible, y reste opposé.
Le 15 octobre, les proches de Bédié étaient toutefois persuadés que le président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) débarquerait dans les prochains jours à Abidjan. « J’ai lu que des chefs d’État doivent venir ici. Je les ai tous les jours au téléphone. Ils ont du travail chez eux. Personne ne vient ici pour négocier quoi que ce soit », leur a répondu Alassane Ouattara.
La possibilité d’un rapprochement semble de plus en plus s’éloigner. Ces derniers jours, l’entourage d’Henri Konan Bédié semblait pourtant croire que ses initiatives diplomatiques porteraient leurs fruits. Les 12 et 13 octobre, le sphinx de Daoukro avait plaidé sa cause auprès du du roi des Ashantis, Otumfuo Nana Osei Tutu II, et du chef de l’État ghanéen, Nana Akufo-Addo. Son intervention n’a cependant pas permis de compromis entre Bédié et ADO. Le premier appelle à un report de l’élection, tandis que le second, inflexible, y reste opposé.
Le 15 octobre, les proches de Bédié étaient toutefois persuadés que le président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) débarquerait dans les prochains jours à Abidjan. « J’ai lu que des chefs d’État doivent venir ici. Je les ai tous les jours au téléphone. Ils ont du travail chez eux. Personne ne vient ici pour négocier quoi que ce soit », leur a répondu Alassane Ouattara.
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