Eduquées et élevées comme leurs camarades masculins, les femmes ont pris leur destin en main et travaillent. C’est dans ce contexte contraignant qu’il faudrait élever un enfant. Martine Aubry, ministre de l’Emploi, reconnaît s’être limitée à un seul enfant pour se consacrer à son rôle politique. Nicole Notat, à la tête de la CFDT, a choisi très tôt de ne pas en avoir du tout. Pour les femmes qui investissent dans leur carrière, le désir d’enfant capitule devant le temps, l’attention et les efforts que réclameraient ces chers petits au détriment de leurs propres engagements.
« Mes enfants, ce sont mes œuvres, affirme Pascaline, 32 ans. Mon travail a envahi ma vie et je me vois mal arrêtant de peindre pour donner un biberon. Ce n’est pas un enfant que je veux “sortir” de moi, je n’aurais d’ailleurs rien à lui donner. La création est déjà une forme d’enfantement, suffisamment austère, déstabilisante, et exclusive. Je ne peux pas me perdre ailleurs. »
Muriel, 40 ans, est moins catégorique. Elle doit son poste de direction export dans les cosmétiques à sa mobilité : six mois par an à l’étranger, le plus souvent dans trois pays différents. « Je ne pouvais pas trimballer un enfant. Poser mes valises ? Je n’ai jamais rencontré l’homme qui aurait pu m’y inciter. En ai-je vraiment eu envie ? Je n’en suis pas sûre. Pourtant, j’aime les enfants, mais… » A peine le temps de s’attarder sur cette interrogation qu’un constat inquiétant s’impose : « J’ai vu trop de galères. Les copines désespérément à la recherche de crèches et de nounous. Celles plantées là par leur délicieux conjoint, se remettant à travailler pour élever leur progéniture. Les réflexions machistes et irritées de mes propres patrons quand l’une d’entre nous était enceinte. C’est un enfer d’élever un enfant en travaillant, on le fait payer cher à une femme. » Pour un résultat qui la laisse dubitative : « Ma sœur cadette est morte d’overdose à 17 ans. Elle a toujours reproché à mes parents, enseignants, de s’occuper davantage des enfants des autres. »
Est-ce cet événement tragique qui a pesé lourd dans la balance, ou le fait de percevoir la maternité comme un esclavage ? En tout cas, des arguments rationnels ont laissé chez Muriel un désir d’enfant en pointillé.Physiquement, la maternité me dégoûte
La maternité est une épreuve physique. Elle touche la femme au plus profond de son être et la transforme. Ce sentiment étrange d’accueillir un autre corps, d’être soumise à une forme de passivité animale, les femmes le vivent rarement sans inquiétudes. Parfois, elles ne supportent pas la vue d’une future mère et sont effrayées par cet envahissement. Le vocabulaire de référence est d’ailleurs clair : enceinte signifie « prison », et l’on appelle l’accouchement une « délivrance ».
Béatrice, 48 ans, n’a jamais eu envie d’un enfant : « J’ai été danseuse jusqu’à 25 ans ; un enfant, ça signifiait pour moi avoir un corps déformé, un corps inapte à la danse. L’idée même de porter en moi un autre être m’a toujours été insupportable. Ces ventres qui gonflent, ces démarches alourdies, ces nausées, ces malaises… pour moi, c’est Alien en gestation ! Et je préfère ne pas imaginer ce que doit être un accouchement : la souffrance, cette chose qui sort de soi quand elle l’a décidé et qui force le passage, qui déchire… Et la femme reste là, soumise, abandonnée à cette force. Elle n’est plus qu’un instrument, un mammifère.
Mon mari a déjà deux enfants
L’augmentation du nombre des divorces amène très souvent un nouveau cadeau dans la corbeille des remariés : l’enfant de l’autre. Et un homme déjà pourvu d’une progéniture n’a pas toujours envie de recommencer.
Quand, à 25 ans, Natacha se marie, son époux est déjà père de deux enfants. D’un commun accord, ils décident de s’arrêter là. Natacha et sa famille nombreuse d’émigrés ont bénéficié de l’aide du Secours catholique durant toute son enfance. Elle en a gardé une volonté de revanche sociale. Sa place au soleil, elle a bien l’intention d’en profiter. Elle se retrouvera cependant deux fois enceinte. Deux fois, elle avortera, partagée entre son désir d’enfant et l’envie de ne rien changer à sa vie. « Les enfants de mon mari étaient déjà élevés, je n’allais pas lui imposer une nouvelle responsabilité. » Futilité, démission ? Ce n’est qu’en thérapie qu’elle dira sa peur d’être enfermée dans la maternité, sa peur de son petit frère à peine entrevu, trisomique, dont personne dans sa famille n’a plus jamais parlé.
Il est certainement plus difficile de surmonter l’angoisse d’une hérédité défaillante que de passer outre la volonté d’un mari. Les mariages à répétition et l’instabilité des couples ne semblent pas, en effet, freiner la natalité. L’accroissement du nombre d’enfants nés hors mariage est en nette évolution : ils représentaient 11 % des naissances en 1980, 21,9 % en 1986… et 36 % en 1994. « Il serait même possible que la succession de séquences conjugales entraîne plutôt une augmentation du désir d’enfant. ».
Tout ce qui compte, c’est mon homme
Dès son adolescence, Nadine, 35 ans, a décidé qu’elle n’aurait pas d’enfant. « Peut-être que j’en avais soupé, étant l’aînée de six ! » Pourtant, son mari l’encourage à enfanter. « Il a vingt ans de plus que moi et, devant son insistance, j’ai failli céder. Mais j’ai bien réfléchi, je n’en veux pas. C’est peut-être égoïste, monstrueux, asocial, mais je veux être tout pour lui, sa femme, sa maîtresse, son amie, sa muse, sa mère et son enfant. Je ne veux pas d’interférences, pas d’un autre être qui mobiliserait mon énergie ou le détournerait de moi. C’est mon pari, ma recherche, mon droit le plus absolu. » Une femme a le droit de ne pas vouloir d’enfant, et l’homme, pour en avoir, doit désormais passer par son désir à elle.
Je veux rester libre
« C’est depuis longtemps d’une clarté totale dans ma conscience, comme si c’était mon destin, de ne pas en avoir, remarque Sarah, 50 ans. Pourtant, j’ai été élevée dans une famille orientale, juive pratiquante, où la mission d’une femme consistait à faire des enfants. Mais j’ai toujours refusé le sort de mes sœurs et de ma mère, qui s’est mariée à 14 ans avec un homme qu’elle ne connaissait pas. Son premier enfant est né un an après. Souvent, je l’ai entendue pleurer, elle voulait partir, elle regrettait de ne pas avoir eu d’autre choix. Très jeune, je me suis révoltée contre cette dictature de la maternité ; très jeune, j’ai eu l’obsession d’être autonome, de tenter une autre vie, de me trouver, moi. Pourtant, la pression était énorme. Des familles venaient demander ma main pour leur fils. En même temps, j’avais le projet de rendre un homme heureux et de réussir ainsi ma vie. Concrètement, je ne connais pas ce désir physique d’enfanter, et ne nourris pas le projet d’être mère. J’ai d’ailleurs l’impression d’avoir déjà eu un enfant. Sans doute ce petit frère que ma mère m’avait confié. C’est peut-être une faiblesse de ma part, mais, avec lui, j’ai testé mes limites en matière de responsabilité. »
Il n’y a pas de conduite universelle de la mère
Rester disponible à la vie, reculer le moment d’enfanter, attendre d’en avoir la force, d’avoir les moyens financiers de l’élever, d’avoir trouvé la bonne personne : le désir n’est pas assez fort pour s’imposer à certaines femmes et leur rappeler que le temps passe. Elles atteignent alors la quarantaine et s’aperçoivent qu’il est trop tard, avec plus ou moins de regret. Il n’en reste pas moins que la plupart des femmes qui témoignent ici se sont fait avorter au moins une fois. Un accident ?
« J’ai appris à quel point aucune grossesse ne survient par hasard. Chacune est un signe, l’effet dans le corps d’une nécessité inconsciente, même si elle va être supprimée », assure Marie-Magdeleine Chatel, auteur de Malaise dans la procréation (Albin Michel, 1998), psychanalyste en milieu hospitalier pratiquant les IVG. Le désir d’enfant est-il donc instinctif, pulsionnel, inhérent à la féminité ? « A parcourir l’histoire des attitudes maternelles naît la conviction que l’instinct maternel est un mythe… Nous n’avons rencontré aucune conduite universelle et nécessaire de la mère, affirme la philosophe Elisabeth Badinter, auteur de L’Amour en plus, (Flammarion, 1981). Le désir d’enfant est complexe, difficile à cerner et à dégager de tout un réseau de facteurs psychologiques et sociaux. La survie de l’espèce exige que nous fassions des enfants… Mais qui pourra nous forcer à obéir à la sainte Nature ? La différence entre la femelle et la femme réside justement dans ce plus ou moins de soumission aux déterminismes. Aujourd’hui, il ne va plus de soi qu’une femme fasse des enfants. »
Désir d'enfant
Quand il est bloqué
On peut désirer un enfant, mais pas forcément le vouloir, explique la psychanalyste Catherine Bergeret-Amselek, dans Le Mystère des mères (Ed. Desclée de Brouwer, 1996). Le désir est fondé sur le pulsionnel, il part du corps et passe par l’inconscient ; le « vouloir », lui, est fondé sur le mental, c’est une tentative de maîtrise du désir. Ainsi, dans le cas d’une IVG, on peut rejeter consciemment une grossesse inconsciemment désirée. Mais parfois, le désir d’enfant n’arrive pas à s’incarner dans la venue d’un bébé : stérilité psychogène, fausses couches (parfois à répétition), renoncement à devenir mère… « Dans tous ces cas, notre inconscient exprime en maux un conflit interne, à défaut de pouvoir le dire autrement », explique la thérapeute. Dans le travail de maturation qui conduit la fille à devenir femme, la séparation d’avec la mère est une étape cruciale. En ce sens, ne pas devenir mère peut être une façon de rester à jamais la fille de sa maman.
Pourtant, pense Catherine Bergeret-Amselek, «toute femme, à un moment ou un autre de sa vie, est traversée par un désir d’enfant, parce que celui-ci fait partie de l’essence féminine. Mais si quelque chose de la transmission de la féminité par la mère (et le père) n’a pas eu lieu, la rencontre avec ce désir devient impossible. C’est cela aussi le “mystère des mères” : cette transmission d’inconscient à inconscient, ce pouvoir occulte d’un savoir-faire avec les hommes et les bébés qui autorise ou non le désir d’enfant à s’incarner».
On peut évidemment réaliser pleinement sa féminité sans avoir d’enfant, précise l’auteur. On devient alors une bonne mère pour soi, en transformant, par exemple, son désir d’enfant en créativité.
23 Commentaires
Kk
En Septembre, 2012 (20:06 PM)Ne comptons pas sur cette fédé; prenons les choses en main! C'est la première manche vers la victoire des lions!
petitionduweb.com/Petition_on_recuse_m_slimi_jedidi_de_senegal_cote_d_ivoire-25562.html
Bintajolie
En Septembre, 2012 (20:09 PM)Gayemol
En Septembre, 2012 (20:15 PM)Baol
En Septembre, 2012 (20:18 PM)Mariama01
En Septembre, 2012 (20:27 PM)Djibx
En Septembre, 2012 (20:35 PM)Bintajolie
En Septembre, 2012 (20:42 PM)Bintajolie
En Septembre, 2012 (20:47 PM)Baol
En Septembre, 2012 (20:55 PM)Bintajolie
En Septembre, 2012 (21:02 PM)Kads54
En Septembre, 2012 (21:12 PM)Liberez Yerim Way
En Septembre, 2012 (21:19 PM)Bintajolie
En Septembre, 2012 (21:52 PM)Baol
En Septembre, 2012 (22:10 PM)Crack
En Septembre, 2012 (22:17 PM)Bintajolie
En Septembre, 2012 (22:18 PM)Crack
En Septembre, 2012 (22:25 PM)Baol
En Septembre, 2012 (22:38 PM)A Baol
En Septembre, 2012 (22:43 PM)Reply_author
En Août, 2023 (19:05 PM)Aujourd'hui qu'il est gnouf , la paix règne au Sénégal et les citoyens vivent en paix et vaquent tranquillement à leurs occupations. La réalité c'est que SONKO et sa racaille, dont vous faites sûrement partie, ont cru que L'Etat était faible et qu'ils pouvaient le mettre à genoux par la violence des marginaux fumeurs de yamba , des crève la faim , du rébus du système éducatif , des marabouts hypocrites et véreux, des salafistes et du trop plein des enfants de la rue des banlieues des grandes villes.
SONKO A PARIE JOUE ET PERDU.ALORS QU'IL ASSUME SES ACTES S'IL A UNE CONSCIENCE
Reply_author
En Août, 2023 (10:41 AM)Thiathio
En Septembre, 2012 (22:43 PM)Liverpool’s Luis Suarez was given an eight-match ban for the same offence against Manchester United full-back Patrice Evra last season.
And Old Trafford chief Fergie said: “In the case of Terry, it has been so long in respect of the actual incident.
“The fact he got a four-match ban, he may find that is quite lenient considering Suarez got eight.
“It has taken a long time for the FA to get there and there’s a danger of it resurrecting itself.”
Chelsea captain Terry was found guilty by the FA, despite being found not guilty in a court of the charge following a verbal clash with Ferdinand in the game with QPR last October.
Terry received half of Suarez’s ban but his £220,000 fine was almost six times that of the striker’s £40,000 hit.
Justiceterre
En Septembre, 2012 (02:14 AM)Chaque individu à qui la terre a porté, a une dette envers elle, c'est de la faire vivre. N'oublions pas que nous sommes tous fait de terre, et que le placement terrien, doit donner ses fruits.
Il ne faut pas nous sortir la maxim tant connu : c'est son droit !! Non, levez les yeux un moment et regardez le danger d'une telle connerie. Ce n'est pas son droit. Parce que si nous donnons ce droit à tout le monde et que chacun fait valoir ce droit, nous disparaitrons en moins de 50 ans. Non, en moins de 30 ans. Imaginez la catastrophe si l'humanité restait 2 ans sans faire d'enfants. Vous imaginez un peu ? Ce serait pire encore si le 1/8 adoptait ce raisonnement à deux balles sur 10 ans.
Wa salam
Baye Gor
En Septembre, 2012 (09:26 AM)Sonatélienne
En Septembre, 2012 (17:21 PM)et dire que moi je veux faire beaucoup d'enfants. j 'ai 24 ans en raison d'1 tous les 2ans je peux en faire 6 avant 36 ans
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