La contestation a repris, dimanche, en Irak, après une accalmie de plusieurs semaines. Deux policiers ont été tués, lundi, dans des affrontements avec des manifestants, qui ont fait plusieurs dizaines de blessés à Bagdad et dans plusieurs villes du pays.
Cibles de jets de pierres et de cocktails Molotov, les policiers irakiens ont riposté à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes, lundi 20 janvier, à Bagdad. Deux agents ont été tués dans des affrontements avec des manifestants, qui ont fait plusieurs dizaines de blessés dans la capitale et dans plusieurs villes d'Irak, où la contestation a repris après une accalmie de plusieurs semaines.
Des affrontements ont également éclaté dans le sud du pays, notamment à Nassiriya, Kerbala et Amara. Les manifestants reprochent au Premier ministre Adel Abdoul Mahdi de ne pas avoir remanié son gouvernement, comme il l'avait promis.
Éclipsé par la flambée des tensions en Iran
La veille, des centaines de manifestants antigouvernementaux s'étaient opposés aux forces de sécurité et avaient bloqué des rues de Bagdad, bien décidés à accentuer la pression sur les autorités, qui avaient jusqu'à lundi pour apporter des réponses aux revendications du mouvement de contestation.
Ce mouvement, qui réclame depuis début octobre une refonte du système au pouvoir, avait été éclipsé ces dernières semaines par la flambée des tensions entre l'Iran et les États-Unis, les deux principaux parrains de Bagdad.
Pour éviter que les rassemblements ne perdent de leur élan face à la montée des tensions régionales, les manifestants avaient adressé le 13 janvier un ultimatum d'une semaine au gouvernement pour répondre à leurs demandes.
Celles-ci incluent un appel à des élections anticipées, une réforme de la loi électorale, la désignation d'un Premier ministre indépendant et la fin de la corruption, qui a englouti, en 16 ans, deux fois le PIB de l'Irak. Les contestataires veulent aussi la fin du système politique de répartition des postes en fonction des ethnies et des confessions.
Dès dimanche, à la veille de la date-butoir, de jeunes manifestants à Bagdad et dans le sud de l'Irak ont commencé à bloquer des routes et des ponts à l'aide de pneus brûlés.
Affrontements entre police et manifestants
Tôt lundi, ils ont relancé leur action dans la capitale, mais les forces de sécurité ont agi rapidement, l'armée affirmant avoir arrêté neuf manifestants et rouvert l'artère principale de la deuxième ville la plus peuplée du monde arabe (neuf millions d'habitants).
Outre la place Tahrir, cœur de la contestation, des centaines d'autres manifestants ont aussi rallié dimanche la place Tayaran, où ils ont affronté les forces de sécurité, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et tiré à balles réelles pour les disperser, a indiqué un journaliste de l'AFP.
Des jeunes Irakiens portant des casques et des masques à gaz ont érigé des barricades métalliques pour tenter de repousser la police antiémeute. Les escarmouches ont duré toute la nuit, faisant une vingtaine de blessés au total, dont certains touchés par balle, selon une source médicale.
Depuis octobre, environ 460 personnes ont perdu la vie à la suite de violences liées le plus souvent à la répression des manifestations et 25 000 autres ont été blessées, selon un décompte de l'AFP.
Les manifestants, qui rejettent toute influence étrangère, ont remporté une victoire en décembre avec la démission du Premier ministre Adel Abdel Mahdi. Mais ce dernier continue à diriger le pays, les partis politiques n'ayant pas réussi jusqu'à présent à s'entendre sur un successeur.
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