On connaissait les "Vamos!" de Rafael Nadal, il va falloir s'habituer à ceux de Carlos Alcaraz, gamin de 18 ans bourré de talent, quart de finaliste à l'US Open où il a créé la sensation contre Stefanos Tsitsipas, au terme d'un match épique.
Le tennis espagnol a de la chance: il possède depuis 18 ans un trésor national en Nadal, entré au Panthéon des meilleurs joueurs de tous les temps avec ses vingt sacres majeurs remportés. Et voilà qu'émerge son successeur désigné, aussi précoce que son glorieux aîné qui fit également ses débuts en Grand Chelem à 17 ans.
Les observateurs n'ont pas attendu son éclosion au yeux du grand public à Flushing Meadows, et donc en mondovision, pour surnommer ce phénomène "le futur Nadal". Honneur eu égard à sa nationalité et à quelques points communs dans l'attitude sur le court - même prestance à enchaîner entre les points, même respect de l'autre, même abnégation dans le combat, même mental de guerrier -, plus que dans le jeu.
Raquette en mains, ce qui impressionne le plus, c'est la violence du coup droit fouetté d'Alcaraz. "Ce qu'il fait avec son bras est extraordinaire. La qualité de son coup droit est irréelle, il a peut-être le meilleur du monde", s'est émerveillé l'ancienne star du tennis suédois, Mats Wilander, consultant pour L'Equipe, au lendemain de son exploit contre Tsitsipas.
"Candidat aux titres" majeurs
Vendredi soir sur le Arthur-Ashe, face au Grec 3e mondial, le jeune Espagnol a aussi joué comme un vieux briscard, tactiquement maître du jeu, sous les yeux complices de son entraîneur, l'ancien joueur Juan Carlos Ferrero, en alternant souvent ses gifles avec des amorties, sans que son adversaire ne parvienne à lire ou anticiper le coup d'après.
Tsitsipas n'a d'ailleurs pas manqué d'éloges à son égard: "Je n'ai jamais vu quelqu'un frapper aussi fort. Il est jeune, il se bat, il n'abandonne jamais. Il peut être un candidat aux titres en Grand Chelem. Il a le jeu pour".
Enfin, sa victoire au bout du suspense 6-3, 4-6, 7-6, 0-6, 7-6, a aussi démontré un sacré caractère pour se relancer malgré le "donut" pris au 4e set, au retour de la longue pause vestiaire du Grec - dont ne s'étaient pas remis l'Ecossais Andy Murray et le Français Adrian Mannarino.
Non content d'être le plus jeune joueur à atteindre la deuxième semaine d'un Grand Chelem, depuis Andreï Medvedev en 1992 à Roland-Garros, et à battre un membre du top 3 mondial, depuis Michael Chang en 1989 contre Ivan Lendl (à Paris également), Alcaraz est devenu le plus jeune à se hisser en quarts à l'US Open depuis le Brésilien Thomaz Koch en 1963.
Records de précocité
Des records de précocité, pour le meilleur jeune de sa génération, qui se produisent à la fin d'un été productif, puisqu'il a remporté son premier tournoi sur le circuit en juillet, sur la terre battue croate d'Umag, avant d'atteindre les demi-finales sur le ciment de Winston-Salem fin août.
Dimanche, il avait la tâche piégeuse de bien négocier le match d'après, face à un joueur moins prestigieux, l'Allemand Peter Gojowczyk (141e) issu des qualifications, sur le GrandStand, enceinte plus confinée que le Arthur-Ashe où il avait su puiser l'énergie d'une soirée folle.
Et si Alcaraz a fini par avoir le dernier mot, encore en cinq sets (5-7, 6-1, 5-7, 6-2, 6-0), bien aidé par la blessure à une cuisse qui a plombé son adversaire au début du 4e set, il n'a pas paru aussi décomplexé. Preuve qu'il ne pouvait être hermétique aux grandes attentes qu'ils suscite désormais, même si ses nerfs ne l'ont pas lâché.
"Quand j'ai rencontré Carlos, il avait 14, 15 ans, et j'ai vu son potentiel. C'est un joueur qui aime être très agressif. Mais pour cela, il faut se contrôler, notamment au niveau émotionnel. Et il s'est beaucoup amélioré sur ce point", a expliqué Ferrero en conférence de presse samedi.
Alcazar lui a donné raison. Il devra passer un cap supplémentaire en quart, contre le Canadien Felix Auger-Aliassime (12e), 21 ans, pour qui ce sera aussi une première à ce stade à Flushing Meadows.
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