Le gouvernement de Jean-Michel Sama Lukonde fête ce mercredi ses 100 jours. C’est le premier gouvernement de l’Union sacrée, la nouvelle majorité souhaitée par le président Félix Tshisekedi dans le conflit qui l’opposait à son prédécesseur. Quel bilan de l’action de son premier gouvernement ? Entretien avec Patrick Muyaya, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.
RFI : Qu’est-ce qui vous semble être des réussites sur les 100 premiers jours du gouvernement Sama Lukonde ?
Patrick Muyaya : Je ne sais vraiment pas si nous devons parler en termes de réussite, mais plutôt d’avancées parce que la réussite dans notre définition sera le jour où les Congolais trouveront des réponses à toutes leurs préoccupations. C’est vrai, nous avons fait des bonds, mais les bonds que nous avons fait, ça ne nous permet pas de trouver des solutions durables et définitives que les populations attendent. Mais nous observons que nous avons commencé une thérapie de choc sur la situation sécuritaire qui perdure depuis vingt ans avec l’état de siège. Aujourd’hui, nous avons enregistré plus de 3 500 redditions. Nous avons pris l’ordonnance qui crée le programme de démobilisation, de désarmement, de réinsertion communautaire et sociale. Il y a des avancées de ce côté-là.
Vous avez vu que nous avons repris le programme après plus de neuf ans ou dix ans d’interruption avec le Fonds monétaire international qui nous donne accès à une facilité élargie de crédit de l’ordre d’un milliard et demi de dollars. Pour ce qui concerne la gratuité [de l’enseignement primaire, NDLR], nous allons aller en les consolidant.
Nous considérons que les 100 premiers jours nous ont permis d’avoir un tableau de bord, une boussole, avec des priorités connues. Mais les difficultés qui sont inhérentes dans un contexte où pendant plus d’une décennie, on n’a pas réglé les problèmes de fond, nous les assumons en tant que gouvernement et nous essaierons de faire notre part pour y donner les réponses.
RFI : Il commence à y avoir une levée de boucliers des députés du Nord-Kivu et de l’Ituri. Parce que sur le terrain, même s’il y a des redditions, des arrestations d’officiers soupçonnés d’être impliqués dans des malversations sur les fonds d’opération, on voit encore une violence qui s’étend, qui devient plus dure encore avec des bombes qui éclatent à Béni-ville. Comment comptez-vous réagir pour calmer ces effets néfastes de l’état de siège ?
P. M. : Nous réagissons. Ce qui se passe là-bas, c’est du terrorisme. Au niveau du gouvernement, la détermination est claire. Mais ici il faut noter une chose, que les terroristes quand ils agissent, ils agissent de manière spectaculaire. Ils s’en prennent à la population et ils font une grosse communication. C’est normal que ça suscite l’émoi. C’est normal que les députés des provinces touchées se sentent dans un premier temps concernés, mais nous aussi, nous nous sentons concernés.
Peut-être qu'avec les députés, il y a besoin d’améliorer la communication. Hier à l’Assemblée, il y a eu un huis clos, où les questions ont été discutées de manière transparente. Vous avez vu que pour la cinquième fois, l’Assemblée a autorisé l’état de siège.
L'une des promesses du gouvernement Sama Lukonde, c’était d’améliorer le respect des droits de l’homme. Or là, que ce soit du côté de Human Rights Watch que du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l'homme (Ocha), on continue de constater qu’il y a une répression des voix dissidentes, qu’ils y a des arrestations arbitraires et que l’Agence nationale des renseignements redevient active dans ce secteur. Comment se fait-il que le gouvernement n’ait pas su enrayer tout ça ?
P. M. : Bon, écoutez, pour nous, les droits de l’homme, nous ne le faisons pas par obligation mais par conviction. Mais vous savez que nous sommes dans un processus. Il y a eu certaines habitudes qui se sont enracinées, c’est tout à fait normal qu’à un moment ou un autre, il y ait des cas comme ceux dont vous parlez. Mais il ne faut pas considérer que cela est une stratégie ou une volonté du gouvernement de rester dans cet état. Non, au contraire. Moi, je suis ministre de la Communication, nous sommes en train de travailler pour qu’on puisse arriver à la dépénalisation des délits de presse.
Ce qui est dénoncé notamment, c’est le deux poids, deux mesures. Le fait que d’un côté pour le camp présidentiel, il n’y ait pas forcément de répression ou de sanctions alors que pour les autres…
P. M. : Je parle en règle générale. Parce qu’il n’est pas de bon aloi de commenter ce qui se fait au niveau de la justice. Mais je vous le dis en termes de principes, nous, c’est la promotion de l’État de droit et dans l’État de droit, tout le monde mérite le même traitement. La justice doit être la même et la bonne pour tout le monde.
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