Après les violences commises à l'Allianz Riviera, députés, sénateurs et élus à la ville de Marseille ont dénoncé la décision prise de faire reprendre le match de Ligue 1.
FOOTBALL - "Une prime à la violence." Dimanche 22 août au soir, après une heure et demie d'interruption liée aux violences qui ont éclaté entre joueurs, supporters et dirigeants de l'OGC Nice et de l'Olympique de Marseille, la décision a été prise de relancer le match pour que soient disputées les dernières minutes de la rencontre de Ligue 1 entre les deux équipes. Un choix qui ne passe absolument pas pour les élus marseillais.
Sur les réseaux sociaux, dans la soirée de dimanche comme ce lundi matin, de nombreux députés et sénateurs des Bouches-du-Rhône ont ainsi fustigé la décision de la Ligue de Football professionnel (LFP) de faire repartir le match, un nouveau coup d'envoi boycotté par l'OM, qui craignait pour la sécurité de ses joueurs.
"Honte à la LFP", tweete par exemple le sénateur communiste du département Jérémy Bacchi, qui déplore que le choix fait par les autorités donne raison aux supporters violents qui ont d'abord jeté des bouteilles en direction des joueurs marseillais avant de se ruer sur la pelouse pour en découdre. Assurant qu'il va écrire à la ministre déléguée aux Sports Roxana Maracineanu, il réclame aussi la démission du président de la Ligue (et accessoirement ancien président de l'OM) Vincent Labrune.
Le risque de créer un précédent
Dans son courrier, auquel Le HuffPost a eu accès, le sénateur rappelle notamment que le milieu de l'OM Valentin Rongier a récemment reçu une bouteille en plein visage durant un incident préfigurant ceux de Nice. "La sécurité dans les stades, celle du public comme celle des arbitres et des joueurs, doit être garantie et toutes les parties concernées doivent être rappelées à leurs responsabilités avant que cette situation ne prenne une tournure encore plus dramatique", réclame Jérémy Bacchi.
Et de s'en prendre à nouveau à la LFP: "Je devine derrière cette décision (de faire reprendre le match, ndlr) le poids et la pression du diffuseur et des annonceurs qui, une fois de plus, ont privilégié les intérêts financiers au détriment de la sécurité des joueurs; sécurité que l'arbitre de la rencontre n'estimait lui-même pas suffisante."
Il espère par conséquent que l'instance reconnaîtra son erreur, et "comme suite logique", qu'elle accordera la victoire à l'Olympique de Marseille. "Tout autre décision créerait un très dangereux précédent et donnerait un signal encourageant à tous ceux qui exercent la violence dans les stades et qui trouveraient, par la même; un moyen d'influencer les résultats sportifs dans le sens qu'ils espèrent."
Comme lui, la députée LREM Alexandra Louis, dont la circonscription s'étend sur plusieurs quartiers de Marseille, interpelle la LFP dans un tweet. Et vilipende les supporters niçois à l'origine des incidents et de scènes rarement vues sur les pelouses du championnat de France de football, et au sujet desquelles une enquête a été ouverte par le parquet de Nice.
Une victoire sur tapis vert pour Nice?
Sénatrice LR, Valérie Boyer en veut elle aussi aux autorités d'avoir demandé la reprise du match. En effet, la décision des Marseillais de n'avoir pas voulu reprendre -intelligible au vu de la menace pesant sur eux et des failles en matière de sécurité clairement apparues au cours de la rencontre-, pourrait théoriquement leur valoir un forfait et donc une rencontre perdue (3-0).
Une situation que l'élue n'accepte pas. "Après les privations de la crise sanitaire, tous les amateurs de foot se réjouissaient [du match Nice-OM] mais on retiendra que toutes les règles peuvent être bafouées", écrit l'ancienne porte-parole de François Fillon. Et d'ajouter, amère: "Un club dont les supporters se tiennent mal, envahissent le terrain, agressent des joueurs adverses, peut gagner un match."
Un registre sur lequel Valérie Boyer rejoint Benoît Payan, le maire de Marseille, qui a également reproché à la Ligue d'avoir tenu à voir la rencontre être relancée. Et qui se dit surtout "Fier de (son) équipe qui ne s'est pas prêtée à cette mascarade".
En effet, pour de nombreux observateurs de la rencontre, parmi lesquels le député LR des Bouches-du-Rhône Éric Diard, il eût été plus juste que le match soit définitivement interrompu après l'entrée des supporters sur la pelouse et les échanges de coups, et que le match soit donné perdu aux locaux. Un peu plus tôt dans la soirée, alors que les heurts éclataient, l'élu n'avait déjà pas manqué d'ironiser sur un tweet de Christian Estrosi vantant la "très belle ambiance" du début de rencontre.
Torts partagés pour Estrosi
Ce dernier est d'ailleurs bien seul dans les rangs niçois à tenter de nuancer le constat dressé par ses homologues bucco-rhodaniens. S'il assure que "la violence est toujours intolérable" et s'il reconnaît que "le comportement de certains supporters est inqualifiable", le maire de Nice rejette aussi la faute sur les Marseillais. En tête desquels "le président de l'OM" Pablo Longoria et le coach olympien Jorge Sampaoli, à qui il reproche respectivement des agissements en tribune et sur le terrain.
En revanche, l'élu niçois n'hésite pas à féliciter les joueurs et l'entraîneur de l'OGCN, lesquels ont eu l'idée, une fois la partie définitivement terminée, d'aller saluer les tribunes du stade d'où étaient parties les violences du soir…
Pour l'heure, en plus de l'enquête judiciaire ouverte au sujet des heurts, la Ligue de Football professionnel a convoqué les représentants de l'OM et de Nice en commission de discipline, qui aura donc à statuer sur les sanctions à prendre après ces débordements.
La ministre déléguée aux Sports Roxana Maracineanu, elle, a déclaré ce lundi 23 août sur franceinfo qu'une "ligne rouge a été franchie" à l'Allianz Riviera. Assurant qu'il faut que "la Ligue et les responsables de clubs soient responsables et prennent les sanctions qui sont celles du bon sens", elle dénonce aussi en creux les manquements en matière de sécurité dans le stade niçois. "Les clubs qui reçoivent des matchs sont responsables de la sécurité des joueurs, des entraîneurs et des arbitres qui sont sur le terrain avant tout et de ce qui se passe dans les tribunes dans les paroles et dans les actes", termine ainsi l'ancienne championne de natation.
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