"Je suis juste un être humain, comme n'importe quel athlète réfugié et les réfugiés dans le monde". La médaille assurée dimanche par la boxeuse camerounaise Cindy Ngamba dépasse sa personne: c'est la première de l'histoire olympique remportée par l'équipe des réfugiés.
"Cela représente tellement pour moi d'être la première réfugiée à gagner une médaille", a commenté Ngamba après sa victoire à l'unanimité des cinq arbitres en quarts de finale contre la Française Davina Michel (-75 kg), soutenue par un public survolté.
En boxe, il n'y a pas de combat pour le bronze, une qualification en demi-finale est synonyme de médaille assurée. Ngamba y affrontera la Panaméenne Atheyna Bibeichi Bylon.
"Continuez à travailler dur, à croire en vous, vous pouvez atteindre ce que vous décidez", a exhorté Cindy Winner Djankeu Ngamba, 25 ans, à l'adresse des réfugiés, après sa victoire.
"Il y aura des personnes qui ne croiront pas en vous. Par exemple, beaucoup de supporters français n'ont pas cru en moi, j'ai beaucoup été huée."
Selon le commissariat aux réfugiés de l'ONU (UNHCR), il y avait 43,4 millions de réfugiés dans le monde fin 2023, un chiffre en hausse. Depuis les Jeux de Rio, ils sont représentés par une équipe olympique.
Le CIO avait annoncé sa création 2015, année marquée par le déplacement de millions de personnes, notamment en raison de la guerre en Syrie.
- Porte-drapeau -
Absente des Jeux d'hiver, cette délégation avait présenté dix athlètes dans trois disciplines en 2016, et 29 aux JO-2020 de Tokyo, dans douze disciplines.
A Paris, trente-six athlètes - 23 hommes et 13 femmes - venus de onze pays composent l'équipe olympique des réfugiés aux JO de Paris, venus d'Afghanistan, Syrie, Iran, Soudan, Sud-Soudan, République démocratique du Congo, Erythrée, Ethiopie, Cameroun, Cuba et Venezuela.
Lors de la cérémonie d'ouverture des JO le 26 juillet sur la Seine, Cindy Ngamba, qui était le principal espoir de médaille de la délégation, était porte-drapeau aux côtés du taekwondoïste syrien Yahya al-Ghotany.
A la presse, elle a raconté que dans le bâtiment des réfugiés au village olympique, une affiche indiquait les jours de compétition de chaque athlète. Parmi les sportifs, "certains d'entre eux ont pris le temps de venir et de me regarder, j'apprécie du fond du coeur", a salué la boxeuse.
Cindy Winner Djankeu Ngamba a le statut de réfugiée au Royaume-Uni où elle est arrivée à 11 ans, en raison de la répression de l'homosexualité dans son pays de naissance, selon sa fiche sur le site du CIO.
- "Je le ferai" -
"Quand je vivais au Cameroun, j'étais une enfant extravertie, pétillante et tout. Mais quand je suis arrivée en Angleterre, j'ai voulu devenir plus introvertie, je voulais me protéger, sûrement à cause de la barrière de la langue", a-t-elle relaté.
Ngamba était harcelée à l'école et a connu une jeunesse difficile au Royaume-Uni. Deux professeurs de sport l'ont prise sous leur aile et lui ont fait faire de la boxe.
Interrogée par la presse sur les défis qu'elle a dû surmonter, elle a cité sa situation administrative et le fait de ne pas pouvoir représenter l'Angleterre.
Si elle s'entraîne régulièrement avec l'équipe britannique - elle était d'ailleurs accompagnée en zone mixte d'un membre de la délégation Team GB - elle n'a pu concourir sous les couleurs de l'Union Jack faute d'avoir obtenu la nationalité, malgré l'insistance des dirigeants de la boxe britannique.
Triple championne d'Angleterre dans trois catégories de poids différentes, elle s'était qualifiée pour les JO dans celle des -75kg.
"Je suis contente d'avoir fait le boulot. Espérons que dans le prochain (combat) je ferai aussi le boulot. Non, n'espérons pas, je le ferai", a annoncé la boxeuse. Gageons que cette fois le public français la soutiendra.
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