L'Américaine Florence Griffith-Joyner, décédée en 1998, détient depuis 33 ans le record du monde du 100 m en 10 sec 49, un chrono phénoménal entaché de soupçons, et menacé pour la première fois, par la Jamaïcaine Elaine Thompson-Herah.
La désormais sextuple championne olympique, auteure d'un retentissant triplé 100-200-4x100 m aux Jeux de Tokyo début août, a réalisé samedi à Eugene (Oregon) le 2e meilleur chrono de l'histoire en 10 sec 54 et s'aligne jeudi à Lausanne (Suisse), où l'attente est immense.
- "Flo-Jo" l'icône -
Dès le lancement de sa carrière au début des années 1980, la native de Los Angeles se démarque par des tenues voyantes, des ongles colorés interminables et un certain sens de l'élégance qui détonne sur le tartan.
Son style, qu'elle cultivera jusqu'à son triomphe en 1988, restera culte, comme sa foulée. Les hommages au look de "Flo-Jo" n'ont jamais cessé, avec récemment la mégastar Beyoncé (en 2018) et la tenniswoman Serena Williams en début d'année à l'Open d'Australie.
"Quand je vois ses courses, j'aime regarder sa mécanique, sa technique magnifique. J'essaie de faire la même chose qu'elle mais je ne pense pas y arriver parfaitement encore, je vais y travailler. Elle est une bonne inspiration pour notre sport", indique Elaine Thompson-Herah.
- La transformation -
Florence Griffith, mariée au triple sauteur Al Joyner en 1987, son futur entraîneur, termine 4e des Mondiaux 1983 sur 200 m avant de se construire un joli palmarès: elle est vice-championne olympique du demi-tour de piste chez elle à Los Angeles en 1984, comme aux Mondiaux de 1987 à Helsinki où elle décroche aussi l'or du relais 4x100 m.
En 1988, ses performances explosent et son apparence physique change avec une très importante prise de masse musculaire.
Cette saison-là, l'athlète de 28 ans déjà bien établie au plus haut niveau retranche 47 centièmes de seconde à son meilleur chrono sur 100 m et 62 centièmes sur sa référence du 200 m.
Elle établit ainsi deux records du monde, dont celui mythique de la ligne droite le 16 juillet 1988 à Indianapolis, en séries des sélections américaines pour les Jeux olympiques de Séoul. En Corée du Sud, elle écrase la concurrence et décroche les titres sur 100, 200 et 4x100 m, en plus de l'argent sur 4x400 m.
Ces évolutions brutales de performances et d'apparence alimenteront pour toujours les soupçons de dopage.
"Ce changement a été plus rapide que tout ce qui est imaginable", écrit la légende Carl Lewis dans son autobiographie en 1990.
"Son apparence physique, ces muscles qui surgissent de partout, ont fait s'interroger de nombreuses personnes. Et puis sa voix, qui est devenue beaucoup plus grave."
En 1989, l'Américaine, qui n'a jamais été contrôlée positive, annonce à la surprise générale sa retraite.
Elle décède des suites d'une crise d'épilepsie en novembre 1998, étouffée dans son lit. Une mort très jeune (38 ans) qui avait alimenté à l'époque les soupçons sur la prise de produits plus tôt dans sa vie.
- Le vent -
Le jour du record du monde du 100 m, le vent souffle fort dans le stade Michael Carroll d'Indianapolis, où des mesures sont régulièrement prises entre 2,7 et 5 m/s, de quoi empêcher l'homologation d'une performance (au-dessus de 2 m/s).
Deux des séries du 100 m, dont celle record de Griffith-Joyner, sont créditées d'un vent nul qui semble alors peu probable aux témoins.
Le biomécanicien australien Nicholas Linthorne avait rédigé en 1995 un rapport à la demande de la fédération internationale, indiquant que la mesure ne pouvait être bonne, écrit le journal L'Equipe, et que le record devait être modifié. Un conseil non suivi d'effet.
3 Commentaires
Sprinteur
En Août, 2021 (09:17 AM)Siggi
En Août, 2021 (11:53 AM)Participer à la Discussion