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Profil- Mourchid Iyane Thiam : Le Patriarche des croissants !

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Mourchid Ahmed Iyane Thiam
Mourchid Ahmed Iyane Thiam est décédé ce vendredi à l’âge de 84 ans. Président de la Commission nationale de concertation sur le croissant lunaire (Conacoc), il a dirigé cette organisation jusqu’à son dernier jour, comme il l’avait promis, malgré les critiques. Un poste qui cache une riche carrière d’un arabisant.

«Tant que je pourrai prier, je dirigerai la commission !». «Je n'ai jamais démissionné. Je souhaite présider la commission le restant de mes jours. Et même si je devais démissionner, je ne le ferais pas devant l'État du Sénégal. À moins que les membres me demandent de dissoudre la commission !».

Ces refrains de Mourchid Ahmed Iyane Thiam en disent long sur la détermination du patriarche. En dépit de la polémique, l’homme a toujours eu le sentiment d’être au service exclusif de la communauté musulmane du Sénégal. Ainsi son nom est à jamais lié au croissant lunaire. Ce qui fait de lui l’homme le plus attendu au début et à la fin du Ramadan. Le Sénégal tout entier attendait sa décision, même si ses positions étaient loin de faire l’unanimité. Finalement, il aura dirigé la commission pendant 25 ans.

L’objectif de cette commission, créée en 1996, était, comme le précise son initiateur, «d’aider les familles religieuses, parce qu’il y avait un manque de coordination». Une initiative qui avait reçu la bénédiction de l’ensemble des confréries du Sénégal.

Cependant, force est de reconnaître qu’elle est loin d’atteindre son objectif. La division qu’elle tentait de circonscrire a pris des proportions démesurées. Puisqu’en août 2012, on assistait à trois célébrations de la fête de Korité. N’empêche Iyane n’a jamais cessé de croire à une célébration des fêtes musulmanes à l’unisson au Sénégal.

A 84 ans, Iyane avait une carapace plus dure que l’acier, il a blêmi sous le poids de la virulence des critiques. Mais il ne lâche jamais ! Aucune critique n’est parvenue à entamer sa détermination. Sa motivation reste intacte ! 

«Chacun peut dire ce qu'il pense de la commission. Mais moi, en tant que patriarche, je n'ai pas le temps de polémiquer. Depuis 1996, tous les chefs religieux sont avec nous et cela nous encourage», lance-t-il à ses détracteurs.

Inutile de lui parler d’astronomie, puisque Mourchid Iyane Thiam a déjà fini de renvoyer Maram  Kaïré et Cie à leur science, lui, adepte de l’orthodoxie islamique, préfère se coller au texte religieux.

Un passé de frondeur et une riche carrière

Cette capacité à encaisser les coups est un trait de caractère chez Iyane, meneur de grève dans son passé d’étudiant à l’institut Al-Azhar de Casablanca (Maroc) de 1959 à 1964. Inscrit à l’université Mouhamed V, après son baccalauréat obtenu en 1964 au lycée Maghreb arabe de Rabat, Iyane, à l’époque président de l’Amicale des étudiants sénégalais de Maroc, initie la réforme accordant aux arabisants la possibilité de poursuivre leurs études dans les universités françaises. Il devint ainsi le premier  arabisant noir à s’inscrire à l’Université libre de Bruxelles, au Luxembourg, avec comme préalable un stage de perfectionnement en langue française.

Il sera rapatrié à Dakar, après l’obtention d’une Maîtrise en sciences politiques, sur instruction du président Senghor en 1970, pour avoir précédemment perturbé le séjour marocain du chef d’Etat de l’époque.  Il a été tour à tour nommé professeur d’arabe au lycée Faidherbe de Saint-Louis par décret présidentiel. Puis conseiller technique en charge de l’enseignement arabe du ministre de l’Enseignement supérieur Ousmane Camara (1973 à 1980).  Il est à l’origine de l’introduction de la Section arabe à l’Ecole normale supérieure de Dakar, Fastef.  Il a obtenu cet acquis lorsqu’il était en service au ministère de l’Enseignement supérieur. Après une formation à l’Enam, il occupe le département Amérique-Asie du ministre des Affaires étrangères.

«Poupa»

Une carrière glorieuse couronnée par deux décorations : Ordre national du Mérite en 1990 et Ordre national du Lion en 1998. Pour ses enfants Zahra, Ibrahima et Ousmane, «Papou» est «open mind». «Avec lui, il n’y a pas de sujet tabou. On discute de tout, même de politique. C’est lui d’ailleurs qui a commencé à appeler la coalition Benno Bokk Yaakaar coalition ‘Soupou Kanjia’ (sauce gombo à la sénégalaise)», raconte Zahra Iyane Thiam, ministre de la Microfinance.


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