Après le porte-parole du khalife général des mourides, Serigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké, c’est au tour du directeur du Centre de recherches ouest-africain (Warc), Ousmane Sène, de qualifier l’émigration clandestine de suicide.
D’emblée, il a précisé : «C’est la migration qui a fait le monde. Car, sans elle, les Européens ne seraient pas au contact des civilisations arabes pour les acquis scientifiques qu’ils ont eus et qui leur ont permis d’évoluer.»
Ainsi, l’ancien chef du Département anglais à l’Ucad dira, dans l’émission «Jury du dimanche» sur iTv de ce 22 novembre : «Maintenant, ce qui se passe actuellement au Sénégal et dans certains pays africains est extrêmement douloureux. C’est un suicide, parce que si vous allez à un point où vous dites : ma vie n’a plus d’importance, parce que vous ne contribuez rien, parce que vous êtes une bouche à nourrir, c’est extrêmement humiliant.»
Car, pour M. Sène, le travail, finalement, est une donnée importante pour la qualité de la vie humaine. «Aller chercher le succès en se suicidant est une quête vaine. Dans tout cela, il y a la tentation suscitée par l’ignorance et celle suscitée par une influence nocive qui pourrait venir de ceux qui sont déjà installés et qui encouragent ces jeunes à aller vers l’inconnu. Il y a aussi, il faut le dire, l’environnement familial qui n’est pas toujours encourageant».
«Au-delà de ce phénomène, la pauvreté et le manque de travail sont le lit du terrorisme»
Pour autant, le directeur du Warc a soutenu que sa conviction est que l’Etat peut mieux faire. «Mais je ne crois pas que ce soit raisonnable de dire que l’Etat n’a rien fait, parce que les faits sont là. Quel est le pays, dans le monde entier, qui a réglé le problème du chômage sur son territoire ? La puissance américaine a de gens qui dorment sous des ponts», a-t-il fait savoir.
Ousmane Sène d’indiquer, cependant, que le secteur privé et les pouvoirs publics devraient se dire que la priorité, dans leurs activités et dans leurs initiatives, c’est de trouver un travail aux jeunes. «Parce que si vous n’en trouvez pas, non seulement vous avez ce phénomène, mais la pauvreté et le manque de travail sont le lit du terrorisme. L’oisiveté, chez les jeunes, est une plaie, c’est la peste. C’est une épidémie, une pandémie».
Avant de poursuivre : «Ce que cela peut avoir de négatif, on ne peut même pas l’imaginer. Cela peut pousser les jeunes à avoir des habitudes qui font qu’ils n’ont plus aucun respect. Des familles déstructurées, parce que les enfants, pour essayer de sublimer leur angoisse, leur anxiété et la haine de soi-même qu’ils ont, préfèrent aller noyer ce malheur dans des substances qui les transforment en démons.»
Selon lui, il n’y a rien de bon dans le manque de travail.
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