Omar Diakhité, à l’état civil, ne dit peut-être rien aux Sénégalais. Mais sa signature est plus familière. Odia n’est plus à présenter dans le monde de la presse. Chaque matin, avant la traditionnelle tasse de café, ses planches sont scrutées à la loupe par les lecteurs, offrant une bonne dose d’humour. Derrière ses créations, le dessinateur de presse continue de tracer sa route tout en vivant sa passion.
Une feuille et une trousse remplie de crayons sont les seules armes de cet informateur. Devant la feuille, Odia est très concentré. Les idées défilent et l’homme à la casquette et aux binocles en choisit la meilleure pour faire passer l’information. «Il faut savoir dessiner, rien qu’avec le dessin, le lecteur doit pouvoir lire l’information», fait savoir l’homme de 58 ans. La culture générale et les recherches viennent en appui pour développer les idées. «Dès qu’on a la feuille blanche, il faut la remplir avec une bonne idée et tant que je ne suis pas satisfait, je ne peux pas dessiner», confie le dessinateur de presse. Une idée qui demande une bonne dose de créativité. Selon Mamadou Biaye, son ancien directeur de publication au journal Le Quotidien, Odia est très créatif. «Les faits sont mis en exergue dans une situation créative dont il est le seul à avoir non seulement le secret mais aussi et surtout le talent», observe-t-il.
Omar Diakhité n’est pas seulement doté d’un sens de la créativité propre à chaque artiste. L’ancien élève à l’école des Beaux-arts est également très rigoureux dans le travail. «Ce qui me vient en tête est sa rigueur», affirme Moustapha Diakhité. Le fils du dessinateur confie que même pendant les repas de famille, son père est à pied d’œuvre pour donner vie à l’œuvre. «Il préfère se concentrer sur ce qu’il fait au risque de perdre le fil de ses idées», dit-il dans la confidence. Après avoir trouvé LA bonne idée, le dessinateur de presse se met à l’œuvre. La musique à fond lui tient compagnie au moment de la création. Le dessin commence à prendre forme au bout du crayon. Quelques esquisses plus tard, l’œuvre prend vie. Les bulles s'ensuivent pour tenir compagnie. Le dessin en lui-même est caustique car les traits sont exagérés et sont accompagnés d’une bonne dose d’humour.
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Informer mais surtout égayer
Un dessinateur de presse est chargé de rendre l’actualité selon sa perception, sa façon de voir les choses mais avec le ton. «Sa mission première est d’informer mais surtout égayer», explique Odia. Ce dernier est chargé de véhiculer des informations satiriques, rigolotes. «Un dessinateur de presse est toujours satisfait quand le public rit de son dessin», déclare le professeur vacataire à l’école des Beaux-arts. Il reconnaît que cela fait plaisir de voir que les gens rigolent sur un dessin. «Odia est ce coup de crayon très véridique avec un brin d'humour caustique», a relevé Mamadou Biaye.
«Mon crédo est d’informer dans le respect», soutient le quinquagénaire. Bien que le dessin de presse déride, Odia affirme y mettre la forme et les normes. «Nous avons des communautés, des guides religieux et je fais tout pour ne pas heurter certaines sensibilités», renseigne celui qui est dans la presse depuis plus d’une trentaine d’années. Ce dernier dit être attaché à la valeur humaine et à sa liberté. A ce propos, son ancien patron avoue que ce qu’il apprécie le plus chez le dessinateur est que personne n'échappe à son coup de crayon. «Je n'y ai pas échappé et pourtant quand il le faisait j'étais son supérieur hiérarchique direct», se souvient Mamadou Biaye. Il affirme que cela témoigne à suffisance de l’attachement d’Odia à rester fidèle avec lui-même, à ses inspirations. «J’ai mes propres convictions, ma propre ligne éditoriale que j’accorde en fonction de la perception du journal», renchérit l’actuel dessinateur au journal La Tribune.
Au commencement, un amour pour le coup de crayon
«Mon destin, c’était le dessin». C’est par ces simples mots que l’homme de 58 ans résume son coup de foudre pour le coup de crayon. Depuis plus d’une trentaine d’années, il ne cesse de marquer sa signature de journaux en journaux. C’est à l’enfance que la passion se dessine doucement mais sûrement dans la tête de ce petit garçon. «Cela a commencé par le charbon de bois que je ramassais pour dessiner sur les murs. C’était mon outil et je salissais beaucoup de murs», dit-il avec une pointe d’humour. Mais aucune gomme n’a réussi à effacer cet amour du cœur et de l’esprit d’Omar Diakhité. La passion reste intacte. Du primaire en passant par le collège, le natif de Plateau trace son destin à coup de crayons. Après le BFEM, le jeune de 21 ans tente le concours de l’école des Beaux-arts. Après deux ans de formation générale, Odia opte pour la communication comme spécialisation.
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Le sésame en poche, Walfadjri tend les bras au dessinateur de 23 ans en 1989.Une connaissance le met en rapport avec le rédacteur en chef.
C’est le début d’un artiste qui va laisser ses empreintes de rédaction en rédaction.
Un avenir professionnel tracé à coup de crayon
Odia travaille depuis 2014 pour le compte du quotidien La Tribune. L’homme de 58 ans collabore aussi avec Le Politicien. Mais avant ces collaborations, il fait ses débuts à Walfadjiri. La signature Odia, une contraction d’Omar Diakhité prend petit à petit forme. Le dessinateur va combiner ce travail avec Le Cafard Libéré. Il finit par choisir de continuer l’aventure avec ce journal. « J’ai aussi collaboré avec Le Matin pour des dessins au quotidien», révèle le quinquagénaire. Mais cela ne va pas durer car Le Matin va s’éteindre.
L’homme de commerce facile enchaine avec d'autres journaux. Entre 2002, 2003, il travaille pour Info 7 et pour Tract qui appartiennent au même groupe de presse. «Je faisais trois dessins pour Cafard Libéré, Info 7 et Tract», informe-il. En 2004, le Cafard Libéré cesse de paraître et le dessinateur continue avec les deux journaux. En 2007, il travaille avec Madiambal Diagne qui lui propose un bon contrat. «J’opte pour ce journal satirique où je deviens le chef de desk. J’ai fait cinq ans là-bas», dit-il plongé dans ses souvenirs.
Odia laisse des traces à chaque passage et se fait facilement un nom grâce au crayon. Par la suite, il rejoint Direct Info en 2012. «J’ai travaillé deux ans pour ce journal. Mais suite à des difficultés financières, il change de propriétaire», confie-t-il. Le dessin a déjà tracé le destin du dessinateur qui dépose ses baluchons à D-média et y travaille depuis août 2014 pour le compte de La Tribune.
Dessinateur avec une palette de qualités
« Le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre», a-t-on pour coutume de dire. Moustapha Diakhité baigne dans l’univers des médias. Le fils d’Odia confie que son père lui a inculqué l’amour du travail, la rigueur, l'amour du savoir et du journalisme. «Chaque fois qu’il faisait des caricatures, j’essayais de savoir de quoi il s’agit. Cela me pousse alors à lire des journaux, me documenter, m’informer et participer aux débats», dit le journaliste qui affirme être très proche de son père. L’humilité et la gentillesse sont aussi des qualités propres au père de famille.
Mamadou Biaye abonde dans ce sens en soulignant la gentillesse d’Odia. L’ancien collègue soutient également qu’il est difficile de savoir ses états d'âme. «C'est lié aussi à sa nature qui frise la timidité. Tout ce "venin" contenu, il l'injecte dans ses caricatures», avoue-t-il. Des dessins de presses qui continuent de séduire les lecteurs à chaque parution.
9 Commentaires
Nianthio 1*
En Février, 2023 (12:49 PM)Man
En Février, 2023 (13:02 PM)Thiop
En Février, 2023 (13:49 PM)J'attends mon mouton d'Amérique pour Pâques. Laisser pisser Ambroise
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