Le Sénégal a connu des jours tragiques dans son histoire politique. Les « émeutes de mars 2021 » avaient fait 14 morts. Une manifestation non autorisée de l’opposition le vendredi 17 juin 2022, a eu comme conséquence les décès de jeunes sénégalais, désormais des martyrs des contestations politiques, dans le sud du pays (Ziguinchor), sans pour autant que la cause exacte ne soit connue. Des affrontements entre forces de l’ordre et civils ont fait deux morts, qui ont reçu des balles réelles. Idrissa Goudiaby, Alexis Abdoulaye Diatta, y ont laissé leur vie . Une troisième victime de cette journée macabre a été enregistrée à Dakar. Flashback sur ces crimes sans coupable.
Quelques jours avant le démarrage de la campagne électorale pour les élections législatives, la liste Nationale de Yewwi Askan Wi (Coalition de l’opposition) est menacée d’invalidité. Dès lors, les leaders prennent les devants et annoncent une manifestation le 17 juin 2022 avec ou sans autorisation du préfet, notamment à Dakar et Ziguinchor. Le jour-j, plusieurs responsables politiques de l’opposition sont arrêtés, avant même que la « mayonnaise ne prenne forme ». Ahmed Aidara est arrêté à Guédiawaye, Déthié Fall au siège de son parti sur la Vdn, la maison d’Ousmane Sonko barricadée aux premières heures de la journée. Mame Diarra Fam, une responsable politique du Pds (Wallu), venue soutenir le leader du Pastef est également arrêtée devant la maison de celui-ci. Des arrestations qui se sont poursuivies jusque tard dans la soirée à Dakar. 82 personnes au total sont emprisonnées.
Pendant ce temps, dans le Sud, plus précisément à Ziguinchor, l’activiste Guy Marius Sagna (qui deviendra député) donne le ton. Comme annoncé, il va improviser une marche dans les rues de Ziguinchor, jusqu’au Rond Point Aline Sitoe Diatta. Manifestation, qui malheureusement, va dégénérer après son départ.
Alexis Abdoulaye Diatta tué par balle
Chauffeur de taxi, Alexis Abdoulaye Diatta alias Demba, né en 1988, a succombé à ses blessures après avoir reçu une balle lors de la manifestation-non autorisée de la coalition Yewwi Askan Wi à Ziguinchor, le 17 juin 2022. Une date qui restera gravée dans la mémoire de certains leaders politiques dont Guy Marius Sagna qui était la tête de file et un des organisateurs de cette manifestation.
L’imbroglio autour de cet événement tragique fait que le parquet de Ziguinchor décide d’ouvrir une information judiciaire contre X pour meurtre en se basant sur les résultats de l’autopsie qui ont révélé que le jeune homme avait été tué par un projectile de petit calibre. En effet, cette thèse avait été soutenue par des proches d’Alexis Diatta qui lors de cette manifestation du 17 juin, avaient déclaré avoir vu un homme en uniforme ouvrir le feu sur la victime. Coup de théâtre ! Le présumé témoin qui aurait même ramassé le téléphone portable de la victime reste introuvable.
Idrissa Goudiaby et la « guerre des autopsies »
La dépouille de Idrissa Goudiaby, une des victimes de la manifestation non autorisée de Yewwi à Ziguinchor, a été trimballée plus de 40 jours entre Dakar et Ziguinchor, avant de trouver un repos éternel. Entre autopsie, contre autopsie et une troisième expertise demandée par la justice, la famille de la victime exténuée par la procédure a fini par réclamer la dépouille du défunt afin de procéder à son inhumation.
Indigné et attristé, son papa s’emporte face à la presse : « Ça fait 42 jours que le corps valse entre morgues pour des expertises dans les hôpitaux. Pour la contre expertise, nous avons transporté le corps jusqu’à Dakar dimanche dernier. Après la contre-expertise, nous avons aussi pris le chemin du retour à Ziguinchor avec toutes les peines d’un voyage difficile (…) Nous souffrons depuis la mort de notre fils. Rester quarante jours sans enterrer son fils, c’est vraiment difficile. C’est du jamais vu».
Un individu de sexe masculin meurt à Dakar
Autre victime de cette journée dramatique du 17 juin, une personne jusqu’ici non identifiée. Le corps sans vie de cet individu de sexe masculin non encore identifié, a été découvert au quartier Bop, près de la Mosquée Massalikoul Djinane, le vendredi 17 juin 2022, lors de la manifestation de Yewwi Askan Wi.
«D’après les premières constatations effectuées et des renseignements recueillis sur place, il s’agirait d’un manifestant. En effet, c’est quand ce dernier voulait allumer un pneu avec un liquide inflammable, que ses habits ont pris feu, causant malheureusement son décès », avait expliqué la police dans un communiqué rendu public. Elle signale que la dépouille mortelle a été acheminée à l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar, pour « les besoins de l’autopsie ».
Pour toutes ces victimes , la justice n'a toujours pas arrêté de coupables. Après les martyrs de "émeutes de mars 2021", 2022 a également ses martyrs dans les contestations politiques.
.
6 Commentaires
Karim$
En Décembre, 2022 (10:56 AM)Dinno
En Décembre, 2022 (11:25 AM)UN VOYOU MORT LORS DE PILLAGES ET SACCAGES A L'APPEL AU MORTAL KOMBAT ET A L'INSURRECTION D'UN GOUROU POUR LUI SERVIR DE BOUCLIER FACE A LA JUSTICE N'EST PAS UN MARTYR .
Boudjou
En Décembre, 2022 (14:17 PM)point.
Participer à la Discussion