Couvert de la tête aux pieds de fibres rouges d’écorces du sommelier (Fara Jung), appelé aussi Kankourang Fanoo (le pagne du masque) d’où il tire son nom. Le Kankourang impressionne. Être mythique pour la communauté mandingue, il a le pouvoir de chasser les mauvais esprits. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il ne sort que durant la période des cérémonies de circoncision. Il est aussi le gardien des productions agricoles.
Muni de deux machettes qu'il claque, au cours des déplacements, le masque pousse des cris stridents. Les accompagnants répondent en chœur par " Thiory mama". Dans les quartiers de Mbour, la sortie du kankourang est rythmée par des courses-poursuites entre ses accompagnateurs communément appelés "selbés", et les adeptes et férus de ce masque. Ses processions sont pavées par des cris de peur des uns, de joie, d'émerveillement des autres.
La sortie du kankourang obéit à des règles : quand il passe dans la rue, les populations se barricadent dans les maisons. Ses ''selbés'' munis de toutes sortes de matériaux entre les mains du bâton, des cravaches, de lianes d'arbres ne se privent pas de faire apeurer la population. Certains d'entre eux frappent les portes et les fenêtres des demeures.
"A Mbour, nous avons la chance d'avoir le septembre mandingue qui permet de renforcer l'image et la notoriété de notre ville. Actuellement, Mbour est connu de partout", s'est réjoui le premier magistrat de la ville de Mbour, cheikh Issa Sall.
Ce dimanche 1er octobre 2023 marque la fin de la sortie du kankourang pour cette saison. Durant le septembre mandingue, Mbour est le théâtre de spectacles et d'émotions. Chaque année, sa sortie draine des foules dans les rues de Mbour. Même au niveau de la diaspora, les férus du kankourang et les ''selbes'' ne se privent pas d'acheter leurs billets d'avion pour venir assister à l'événement. C’est une tradition. Les expatriés quittent les Etats-Unis, la France, l’Espagne et tant d’autres pays pour venir vivre le septembre mandingue. Désormais, ils calent leurs congés durant cette période.
Classé patrimoine immatériel
Classé patrimoine culturel immatériel mondial par l’Unesco en 2003 : dorénavant la sortie du kankourang n'est plus seulement festive. Elle est aussi rythmée par des conférences de haute facture. Grâce à l'accompagnement de Timbuktu Institute, cette célébration prend une dimension intellectuelle et scientifique. Il ne s'agit plus de sillonner les rues. Le moment est venu d’exploiter les opportunités durant cette période. D’ailleurs, cette année une conférence sur le thème : "Contribution de la culture dans la consolidation de la paix et la cohésion sociale; Modèle du Kankourang de Mbour" sera animée par d'éminents conférenciers, originaires de la ville de Mbour.
Pour le secrétaire général de la Collectivité mandingue, Mamadou Aïdara Diop, le mois de septembre doit être mieux repris. La collectivité améliore l'organisation pour qu'il y ait des retombées "au profit de la santé, l'éducation, la sécurité et le cadre de vie. Beaucoup de pays sont connus à travers leurs activités culturelles.
18 ambassadeurs attendus à Mbour
M. Diop révèle que 18 ambassadeurs sont invités ce 30 septembre pour la clôture des activités. "Mbour sera le centre diplomatique du Sénégal ce 30 septembre. Son image sera vendue à travers le monde et nous pouvons à travers cette manifestation nouer des partenariats dans le développement de la coopération décentralisée mais aussi dans le développement communautaire. Le mois de septembre doit être le levier de l'économie solidaire", a soutenu Mamadou Aïdara Diop. Au cours des années, la popularité de cette cérémonie ne s'érode pas. Au contraire, toutes les années, elle draine du monde venant de partout.
Le septembre Mandingue, un accélérateur de développement
Gardien de la tradition mandingue, le Kankourang est garant de la sécurité des circoncis regroupés dans les "leuls".
Durant le mois de septembre, sur le plan de l'économie et des affaires, la célébration du Kankourang fait bien des heureux. Beaucoup en profitent pour se transformer en commerçants : la vente d'eau, de crème glacée, de beignets rapporte de l'argent.
Le septembre Mandingue selon le maire de Mbour est une opportunité pour le département. Les derniers chiffres, poursuit-il, montrent que plus de 400.000 âmes entrent à Mbour chaque week-end durant ce mois. Cela a des répercussions dans tous les secteurs de la vie active (commerce, transport, hôtellerie...).
Au cours d'une tournée dans les différents "leuls", l'édile a assuré que "le septembre Mandingue est un accélérateur extraordinaire de développement".
"C'est un mois de prière. Mais sur le plan économique, le septembre mandingue contribue de manière inestimable au développement de toutes les activités. C'est un moment où la tradition mandingue est mise en exergue avec ses principes d'éthique, de discipline. C'est aussi un mois où les familles consentent des dépenses exponentielles", dit Cheikh Issa Sall.
Il reconnaît que sur le plan social, les familles souffrent. D'où l'appel lancé à ceux qui ont des moyens d'apporter leur soutien afin d'alléger les familles durant ce mois. Il s' ajoute que les cellules aussi consentent beaucoup de dépenses.
Cette année, en plus des 3 millions de Francs CFA de subvention que la mairie de Mbour a octroyés à la communauté mandingue, Cheikh Issa Sall a consenti un effort personnel en offrant aux huit cellules 500 000 Francs CFA et 10 sacs de riz de 50 kilos chacune. L'objectif, c'est d'alléger la charge de la collectivité mandingue.
Une contribution qui représente 24,5% des charges de fonctionnement intégral des cellules, s'est réjoui Mamadou Aïdara Diop. Ce dernier avance que le fonctionnement interne des cellules coûterait 2 millions de francs CFA. Une étude d'impact socioéconomique réalisée par l'Université de Thiès en relation avec le comité scientifique de la collectivité mandingue démontre que 38,5% des dépenses du mois de septembre sont des dépenses alimentaires.
Un mandingue de type nouveau
Pour les besoins de la célébration de la culture mandingue, il ne s'agit plus de se retrouver dans les "leuls" ou sillonner les rues de Mbour pour semer le désordre.
Cette culture est devenue transversale dans le département de Mbour. La pérennisation de ce legs a besoin des disciples disciplinés. Les jeunes sont de plus en plus fascinés par cet événement. Et être parmi les accompagnateurs du kankourang fait rêver beaucoup de jeunes qui font tout pour intégrer le comité des ''selbés''.
"La collectivité mandingue est ouverte. Je peux même dire qu'aujourd'hui, nous avons un mandingue de type nouveau qui provient de la culture Toucouleur, des Lébous, des Sérères, des Bassaris, des Maures, entre autres. Nous n'avons plus le mandingue père-mère comme au début de l'arrivée de nos ancêtres. Aujourd'hui, le mandingue, il est transversal dans la ville de Mbour", explique Mamadou Aïdara Diop, secrétaire général de la Collectivité mandingue. Les dignitaires mettent toujours en relief la discipline base de toute cohabitation.
6 Commentaires
Fou Du Village
En Septembre, 2023 (21:40 PM)Touriste
En Octobre, 2023 (00:40 AM)Kankourabg
En Octobre, 2023 (04:20 AM)Luminosité
En Octobre, 2023 (14:35 PM)Participer à la Discussion