Les femmes «activistes et militantes influentes» du continent, et Greenpeace ont profité de la journée dédiée aux femmes pour s'unir au mouvement des femmes transformatrices de poisson en Afrique de l'Ouest. Dans un communiqué parvenu à Seneweb, ces femmes transformatrices appellent leurs camarades du monde à se joindre à leur «appel urgent» pour la fermeture des usines de farine et d'huile de poisson. Lesquelles, selon elles, «menacent les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire de près de 40 millions de personnes» en Afrique de l'Ouest.
«L’État doit forcer les usines de farine et d'huile de poisson à ne pas acheter du poisson destiné à être transformé pour l’aquaculture industrielle et l’alimentation du bétail. Ce poisson est indispensable pour ceux qui vivent au Sénégal et dans la région de l'Afrique de l'Ouest comme source de protéine et moyens de subsistance», a déclaré Fatou Samba, présidente des femmes transformatrices de poisson du site de Khelcom à Bargny (Rufisque). Avant de demander au gouvernement de mettre un terme à l'expansion de ces industries.
La priorité, c'est la professionnalisation du sous-secteur
Abondant dans le même sens, la présidente du groupement des femmes transformatrices du site de Thiaroye (banlieue dakaroise), Diaba Diop, estime que la priorité des gouvernements et des autorités de la pêche d’Afrique de l'Ouest ne devrait pas être l’industrie de la farine et de l’huile de poisson, mais «la professionnalisation du sous-secteur de la transformation artisanale du poisson». Ce, en introduisant, notamment «un statut professionnel et aider les femmes transformatrices de poisson à améliorer leurs produits afin d'accéder aux marchés les plus porteurs».
Le texte signale que l'industrie de la farine et de l'huile de poisson, «en pleine expansion en Afrique de l'Ouest, absorbe et traite d'énormes volumes de poisson frais, dont le produit fini est expédié en Europe et en Asie pour alimenter l'industrie de l’aquaculture, ainsi que la volaille, les porcs et même les animaux de compagnie».
«Au cours de ces dernières décennies, les stocks de poissons en Afrique de l'Ouest ont été surexploités. Malgré cette situation, les gouvernements de la région ont favorisé l'implantation et le développement de l'industrie de la farine et de l'huile de poisson, qui privent les consommateurs du poisson. Une situation qui entraîne la surpêche et une augmentation des prix du poisson sur les marchés locaux. Par conséquent, le poisson est devenu encore plus rare, et un grand nombre de femmes transformatrices commence à perdre leur emploi à cause de cette concurrence déloyale et intenable», lit-on dans les colonnes du document.
«Arrêter l’octroi des permis et fermer les usines existantes»
Face à cette situation, le chargé de campagne à Greenpeace Afrique, Abdoulaye Ndiaye, appelle le gouvernement sénégalais à «cesser» d’octroyer des permis pour de nouvelles usines de farine de poisson et à prendre des mesures pour fermer celles existantes. Parce que, soutient-il, ces usines absorbent d’«énormes volumes de poissons frais et mettent en danger la durabilité des stocks de poissons, la sécurité alimentaire et les emplois de millions de personnes dans la région».
Enfin, le texte note que ces dernières années, les usines de farine et d'huile de poisson se sont développées dans tout le Sénégal, notamment dans les villes de Gandiole, Cayar, Mbour, Joal, Kafountine, entre autres. Et selon les populations locales, elles sont à l'origine d'un «grand nombre de problèmes environnementaux graves tels que : la pollution maritime, la destruction des terres agricoles et des pâturages, entre autres».
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