Les compétences de base en lecture, écriture et calcul sont essentielles à la réussite scolaire de l'enfant. A côté, la recherche en apprentissage fondamental joue un rôle crucial dans le développement des outils et des stratégies pour améliorer ces compétences de base. C'est dans cette dynamique que ESSA(Education Sub Saharienne Africa), une organisation Internationale basé Royaume-Uni en partenariat avec la Fondation Bill & Melinda Gates et REAL(Research For Equitable Access and leaning), a organisé un atelier de dissémination et de réseautage le mardi 06 Août 2024 dans un hôtel de la place pour partager avec des universitaires et chercheurs sénégalais les résultats de ses recherches menées sur l'apprentissage fondamental au Sénégal.
Au Sénégal, les chercheurs en apprentissage fondamental rencontrent d'énormes difficultés dans le cadre de leurs recherches. L’une des contraintes à pour nom : le financement. C'est ce qui ressort des résultats de ESSA( Education Sub Saharienne Africa), une étude réalisée dans le cadre d’une recherche en apprentissage fondamental au Sénégal et présentée lors d'un atelier tenu mardi dernier.
A cette occasion, le Dr Laté Lawson, Directeur de recherche de ESSA est revenu sur le but de cet atelier.
"L'objet de cet atelier, c'est de communiquer, de partager notre travail de recherche sur l'apprentissage fondamentale au Sénégal avec les experts et décideurs publics", fait-il part.
Selon le spécialiste, tout n'est pas rose dans cette recherche menée au Sénégal ; les résultats ne sont pas satisfaisants. « Il y a peu de recherches au Sénégal comparé aux autres pays. Il se trouve que la recherche au Sénégal particulièrement sur la base de la base linguistique est très peu visible et difficile d'accès parce que les chercheurs sénégalais collaborent plus avec des acteurs du monde extérieur qu'avec leurs collègues basés au Sénégal ou en Afrique subsaharienne. Ce qui fait que les contributions des chercheurs basés en Afrique dans le domaine de l'apprentissage fondamental sont relativement peu connues et négligées bien que de qualité ’’,a ajouté Dr Laté Lawson.
Dans son allocution, le Dr Thierno Malick Diallo, coordonnateur du projet Essa sur l’apprentissage Fondamental au Sénégal, a, quant à lui attiré l'attention sur le fait qu’une grande partie des travaux de recherche menés par les chercheurs basés en Afrique est classée comme ‘’ littérature grise’’, c'est-à -dire qui n'est pas numérisée.
"Nous avons jugé nécessaire d'organiser cet atelier au Sénégal pour partager les résultats que nous avons obtenus du projet ESSA avec l'implication de tous les acteurs concernés notamment les chercheurs, les décideurs, les bailleurs et les praticiens. Et en ce qui concerne le Sénégal, nous avons constaté que la plupart des chercheurs se focalisent plus sur la littérature, c'est-à-dire les compétences en écriture, en lecture en laissant un peu en rade le côté numérique. Ça c'est un problème d'autant plus qu'on sait que la science joue aujourd'hui un rôle important dans le monde et nous pensons que les chercheurs aussi devraient explorer davantage cette thématique’’, signale t-il.
Le chercheur en apprentissage fondamental basé au Sénégal n'a pas aussi manqué de lister les difficultés liées au financement.
"L'autre défis et que nous faisons face à un déficit d'accompagnement c'est-à-dire le financement de la recherche en Apprentissage Fondamental. Nous avons constaté que seule une étude sur 3 est financée par l'Etat. Les partenaires étrangers assurent le financement dans la quasi-totalité des études en apprentissage fondamental au moment où le gouvernement ne contribue qu'à hauteur de 3%. Nous estimons que c'est peu et nous plaidons pour un accompagnement des chercheurs afin qu'ils puissent mener à bien leur travail dans ce domaine’’.
Au Sénégal, 74% des enfants âgés de 10 ans ne peuvent ni lire ni écrire: (rapport de la Banque Mondiale en 2022).
Les chiffres font effarants. En effet, lors de la présentation des résultats sur l'apprentissage fondamental au Sénégal, il est revenu dans le rapport publié par la Banque mondiale en 2022 que 74% des enfants âgés de 10 ans au Sénégal ne peuvent ni lire ni écrire.
En ce sens, le docteur Thierno Diallo qui a procédé à la présentation s'explique : ‘’C’est un taux qui peut être contesté dans la mesure où le ministère de l'Education nationale n'a pas pris connaissance de ce chiffre. Mais la Banque mondiale a sa propre méthodologie parce qu'ils ont un indice qui s'appelle learning poverty. La nuance peut être à ce niveau. La Banque mondiale s'intéresse uniquement aux enfants qui sont âgés de 10 ans alors que dans la plupart des cas, le ministère utilise d'autres groupes d'âge. Ce qui fait que les résultats peuvent différer parce que tout simplement les méthodologies sont différentes’’.
Pour Dr Laté Lawson, ce pourcentage n'est pas une surprise. Selon lui, d'autres organisations ont également confirmé cette étude.
"Quand la Banque mondiale a publié un rapport en 2022 pour dire que 74 % des enfants âgés de 10 ans ne peuvent ni lire ni écrire au Sénégal, ça ne me choque pas parce que non seulement il y a la Banque mondiale mais il y a aussi les autres comme l'Unesco ou l'Unicef qui avaient produit un résultat similaire. Au Kenya, il y a eu une organisation qui a aussi produit le même résultat. Ces données, ces statistiques ne me surprennent pas’’.
Papa Ndiaga Diom, inspecteur de l'enseignement élémentaire en service à la direction de l'enseignement élémentaire au ministère de l'éducation nationale qui a représenté le ministre de l'éducation nationale à cet atelier a vivement salué cette initiative qui selon lui vise à renforcer la Recherche sur l'Apprentissage Fondamental Menée au Sénégal.
"Les résultats présentés aujourd'hui nous interpellent sur comment faire pour que la recherche puisse avoir la place qui lui revient. Au-delà de la place comment impulser une dynamique pour que les chercheurs Sénégalais puissent travailler en synergie autour des questions fondamentales pour améliorer notre système éducatif et le ministère de l'éducation nationale est attentif aux recommandations qui vont sortir de cet atelier pour aller dans le sens de les mettre en pratique dans le but d'améliorer les performances de nos élèves au niveau des écoles".
Venu prendre part à cet atelier, Mamadou Amadou Ly, le directeur Général de ARED, une organisation non gouvernementale, qui depuis des années travaille avec le ministère de l'éducation nationale, dans le cadre du Programme de l'utilisation des langues nationales se dit rassuré par la posture des nouvelles autorités qui dit-il ont une vision claire d'apporter des réformes dans le système éducatif sénégalais.
"Je pense que les nouvelles autorités sont dans la bonne voie avec des innovations qu'elles comptent apporter. Pour ce qui touche l'apprentissage des langues nationales, les autorités sont dans une logique de continuer cela en ajoutant maintenant l'utilisation de la langue anglaise pour mieux ouvrir les perspectives des enfants. Jusque-là, je ne vois pas quelque chose qui change fondamentalement les principes de base qui étaient convenus pour l'amélioration de la qualité de l'éducation et ça nous rassure".
Il faut rappeler que l'objectif de cet atelier s’inscrit dans une logique de travailler sur un projet pour connecter les chercheurs africains à travers un réseau afin d'identifier les potentielles difficultés pour aller dans un sens d'améliorer l'apprentissage Fondamental des enfants africains de l'école primaire, mais aussi d'inciter les acteurs et le gouvernement à financer les recherches sur l'apprentissage fondamental en Afrique.
Notons que l'organisation internationale ESSA, financé par la Fondation Gates, déroule ses programmes au Sénégal depuis deux ans. Elle vise à améliorer et à promouvoir la visibilité de la recherche en Apprentissage Fondamental menée au Sénégal et dans d'autres pays d'Afrique subsaharienne comme le Ghana, le Kenya et la Tanzanie.
1 Commentaires
Hé!
En Août, 2024 (23:35 PM)Adada
En Août, 2024 (07:30 AM)Participer à la Discussion